Tiens, du stoner! Ca faisait longtemps! Bon, trêve de sarcasmes, DENIZEN nous propose avec "Whispering Wild Stories", son troisième album. Formé en 2003, on ne peut décemment pas leur reprocher d'être des arrivistes qui veulent profiter des miettes du succès récent de certains groupes, ou des reformations d'autres qui ont fait la renommée du style.

Qu'est-ce qu'on a donc ici? Un disque entre "hard rock", "rock'n'roll", et "stoner". Un côté hard rock très seventies, tel que l'a pratiqué SPIRITUAL BEGGARS, un son stoner (mais pas que), des passages bien puissants et un esprit vraiment rock'n'roll, suant et urgent. Mais aussi quelques teintes sludge et petits passages hardcore disséminés tout au long. Et ce dès le premier morceau, "Casino Royale", qui voit tout juste avec ses quelques breaks et cassures de temps, juste ce qu'il faut pour n'être ni trop classique ni perdu dans la technique. Rock'n'roll!
"Your own nightmare" envoie bien le boulet, la batterie est excellente, toute cymbale en avant, j'adore cette hargne et ce sens du lâcher prise. "Payback" montre encore une fois la maîtrise, mine de rien, des rythmiques cassées, de la relance, et appuie la différence du combo naviguant sans encombre entre plusieurs genres réunis par le même esprit.
Rayon originalité...je crois bien que le stoner et l'originalité font un mauvais couple, sauf quand quelques rares groupes ont l'audace de se casser un peu la tête (MARS RED SKY par exemple). Du recyclage de riff comme on en a jamais vu, pillant sans gêne aucune dans les disques fondateurs. Je ne vais pas passer mes nerfs sur le genre, mais bien sûr, j'ai déjà entendu certains riffs de ce disque ailleurs, que ce soit dans ORANGE GOBLIN, une de leurs influences affirmées vu que la pochette est du même dessinateur, ou dans KYUSS etc...des groupes très proches, à part dans leur façon d'appréhender leur énergie et leur son. Le stoner, c'est un peu le blues du metal, des standards, souvent la même gamme, mais jamais jouée de la même façon, jamais le même son. Pourtant, stoner serait réducteur. Si je pense à la dernière tuerie de MARS RED SKY, il n'y a aucun rapport. C'est pour ça que DENIZEN tient à s'affilier aussi au classic rock, version nerveuse.
Ce que je préfère dans ce disque c'est d'ailleurs ce son très brut, enregistré par leurs soins, très proche, presque live, ça sert parfaitement le propos. Aucune gonflette côté mix, c'est de l'énergie directe. Bien joué, le disque propose des morceaux variés en puissance. Pour la voix, imaginez le chanteur des BLACK CROWES fusionné avec celui d'ORANGE GOBLIN.
"Sunhine of your love", une reprise de CREAM est la parfaite illustration du groupe. Un hommage, mais tout en gardant une insolence toute actuelle. Le chant y est génial, bien callé entre hard et blues, comme le furent CREAM à l'époque. Sauf qu'ici, on sent que les années écoulées depuis ont apporté d'autres degrés de violence à la musique.

Un album à l'image du groupe, rapide, droit au but, sans fioritures, qui évite l'ennui. Moins de trente minutes, c'est peu? Et bien c'est assez, on en prend pour son grade, et franchement, plus n'aurait pas servi le sujet.
Ce que le groupe n'a pas en originalité, il l'a en énergie, notamment grâce à cette production jamais tape à l'œil qui rend justice à leur vigueur. Rock'n'roll quoi, dans le fond et dans la forme. Yeah!!!