Pouvez-vous imaginer la réaction première que provoque cet album? Une sorte d'hilarité.
Je vous raconte l'histoire. Je reçois donc le disque, et déjà la pochette me fait marrer au possible. D'emblée je me dis que je vais adorer l'album, parce que des types avec un tel second degré, je ne peux qu'aimer. Je mets le disque, et là encore une fois, je me marre de bon cœur, tout en me disant "ces types sont vraiment forts, ils manient l'ironie avec un talent sans limite".
Et puis je fais mon boulot, je vais lire tout ce que je peux sur ce premier album, et là, le rideau tombe...Non, ils ne voulaient pas rigoler du tout, ils sont sérieux au possible!
Le disque passe en deux secondes de bon à mauvais. Non mais franchement, j'ai cru d'abord à une sorte de pastiche délire, comme l'avait magnifiquement fait "The Darkness", reprenant tous les codes aujourd'hui désuets ou ringards du heavy 80 en les poussant à la caricature. Mais non, ils y croient, et nous sortent un disque qui pourrait malheureusement avoir trente ans, pour le pire plus que pour le meilleur.

Entre les mélodies mille fois entendues à qui s'est fait les oreilles sur du new wave of british heavy metal, les solos interminables, la voix la plus kitsch de la décennie, jamais un groupe n'avait autant sonné hors du temps.
La ferveur de ces guerriers orthodoxes d'un metal désuet peut toutefois attendrir, tant ils chérissent le dépassé. Car l'exercice est ouvertement nostalgique, et pour ça c'est réussi. Le groupe atteint en fait son but, donc, tant mieux pour eux. Le niveau technique est au rendez-vous, la production vraiment bonne. Un revival 80 en quelque sorte, dépaysement garanti! On a même le droit avec "A song for you" à une de ces ballades mièvres qui ont tant aidé les beaux gosses de boom de collège.
Des solos avec les inévitables harmonisations en tierce mineure. Bon, le guitariste est assez virtuose, je concède, mais pas à bon escient. Alors si les ritournelles heavy vous conviennent, et les solos à foison, vous trouverez sûrement de quoi être heureux.
Passé le premier titre en guise d'introduction, "Gate to freedom" nous offre une cavalcade bien chevaleresque. Aussi kitsch que bien fichue. Sur ce disque bien trop long, nous avons tout de même une certaine diversité, quelques slows, du rapide, du moins rapide, et un instrumental, "34613", qui reprend ce rythme de joute à me faire plier en deux. Si vous aimez vous imaginer à travers champs en armure, pourquoi pas?
TOMORROW'S OUTLOOK pille où il peut sans jamais égaler. On pioche un peu dans IRON MAIDEN, JUDAS PRIEST, DEMONS & WIZARDS (déjà assez cliché, mais quand même bon), RHAPSODY, SCORPIONS (pour les slows de boom), MALMSTEEN. Parfois, ça sonne aussi comme les vieux jeux vidéo de rôle ou d'aventure.
Le chanteur gagne le concours de cris émasculés, particulièrement sur "Liquid Scream" et ses riffs teintés néo-classiques, battant même Cedric Bixler-Zavala! A part ses cris, il faut dire qu'il sait quand même manier ses cordes, bien que trop théâtralement. D'ailleurs, c'est peut-être ça qui gêne le plus. Ce groupe en fait trop à tous les étages.

Un disque décalé qui pourra plaire aux ultra fans et conservateurs d'un heavy inchangé dans ses aspects les moins engageants dont ces hauteurs vocales insupportables, ces structures attendues, ces slows de discothèque du passé, ces solos inévitables et souvent uniquement démonstratifs, etc.. Les amateurs de heavy en général (dont je fais partie) n'aimeront pas se sentir bernés, et auront l'impression d'écouter une compilation de mauvaises face B des suscités sorties au début des 80's, en me pardonnant l'anachronisme pour RHAPSODY et DEMONS & WIZARDS.
Anachronique, ah oui c'est ça en fait, comme la pochette, la voiture, peut-être que tout ça avait un sens...mal illustré en tout cas.