Avec vingt-trois ans de carrière au compteur, TURBONEGRO, combo norvégien, originaire d'Oslo et pratiquant un "heavy/rock" teinté de "punk", est devenu le chef de file de toute une communauté, une véritable institution. Après moult péripéties (labels et changements de line-up à répétition), TURBONEGRO sort de l'anonymat grâce à des hits empreints de finesse et de poésie comme "I've got an erection" ou "Rendez-vous with anus", mais aussi grâce à des disques comme "Ass cobra" en 1996 et "Apocalypse dudes" , leur chef d'oeuvre, en 1998. Il s'en suivra des opus à la qualité variable ("Scandinavian leather" en 2003, "Party animals" en 2005 et "Retox" en 2007)L Le groupe laisse peu à peu sa folie des débuts pour s'orienter vers une musique plus élaborée et moins instinctive.

Mais la malchance va encore s'abattre sur TURBONEGRO avec le départ de leur emblématique frontman et véritable icône du groupe, Hank Von Helvete en 2010 et du batteur Tommy Manboy plus récemment. C'est Tony Sylvester, le président de leur fan club anglais qui prend la succession au micro et Rune Rebellion, qui quitta le navire en 2007, réintègre le groupe. Dire que les fans attendent la sortie de "Sexual harassment" avec une certaine anxiété relève du doux euphémisme.

Le concert délivré au Hellfest nous avait rassurés, l'envie était toujours intact. Le premier morceau, "I've got a knife" ne fait que confirmer cette impression. Ce titre est bien énergique, bien rentre dedans, à la fois simple et efficace avec un refrain imparable. "Hello darkness" et "Buried alive" sont du même acabit : directs, sans fioritures, ils vont droits au but. La fraîcheur et la spontanéité sont aussi de retour ; jetez donc une oreille à "Mister sister", "TNA (The nihilist army)" ou le single "You've give me worms et "Rise below". Mais TURBONEGRO ne fait pas que foncer tête baissée, en prenant le rôle d'un distributeur de baffes, il sait se faire plus "rock n'roll" en introduisant du piano comme sur "Shake you shit machine" ou se faire plus festif sur "Tight jeans, loose leach" et son "party time!" introductif.

La qualité des riffs est assurément l'un des points forts de ce disque, Euroboy est au sommet de son art, aidé de façon très efficace par Rune Rebellion qui assure des rythmiques très inspirés, "TNA", "Dude without a face" ou encore "I've got a knife", il signe par là-même, un retour gagnant.

Tony Sylvester qui avait la lourde tâche de remplacer Hank Von Helvete s'en sort plus que bien. En effet, sans apporter une réelle personnalité aux compositions de "Sexual harassment". Sa voix est bien plus éraillée et rocailleuse que celle de son prédécesseur, ce qui renforce le côté "rock n'roll" et "cradingue" des morceaux ("Buried alive", "TNA", "Shake you shit machine").

Sans être mauvais, quelques morceaux ressortent du lot par leur qualité moyenne comme "Mister sister" ou "Rise belox" qui viennent altérer notre enthousiasme. En outre, TURBONEGRO opère une sorte de retour aux sources, certes salvateur, mais en espérant que tout cela ne soit pas le reflet d'un manque de créativité ou d'un manque d'ambition.

TURBONEGRO revient de fort belle manière avec un "Sexual harassment" très réussi. La couleur et la magie du passé revient nous chatouiller les oreilles de temps en temps, mais de temps en temps seulement. Les morceaux sont concis, directs et efficaces, "Sexual harassment" écrase tout sur son passage. La production "sale" colle parfaitement à la musique du groupe, et la voix du nouveau frontman Tony Sylvester ne fait que renforcer le côté dépravant de la chose. L'impression laissée au Hellfest en juin dernier est bien confirmée.

TURBONEGRO IS BACK!!!!