Magica est de ces groupes persévérant qui, contre vents et marées, continue de nous abreuver de son power metal à voix féminine. Il fut une petite révélation en 2004 avec LIGHTSEEKER qui avait marqué son monde grâce à un certain sens de la mélodie et une personnalité musicale affirmée. Huit ans et quatre albums plus tard, le groupe a perdu de sa superbe, il faut bien le dire. D’espoir il est passé à second couteau du genre qui peine réellement à assoir sa réputation, à définir une réelle personnalité perdue depuis, voguant ici et là entre les standards des female fronted metal bands.

« CENTER OF THE GREAT UNKNOWN » est globalement dans la continuité de ce que nous a proposé Magica depuis quatre albums. Alors attention, tout n’est pas noir non plus.

L’artwork de l’album tranche radicalement avec les habitudes du groupe sur ce point. Oubliés les loups, les jeunes filles gothiques et les grimoires. Plus proche d’un aspect ‘progressif’, l’artwork, pas bien transcendant révèle quand même une certaine richesse de détails qui permet de la contempler un petit moment pour en percer le sens. Puis vient le moment de mettre la galette en route. D’emblée, sur le premier morceau, on peut tirer quelques conclusions qui ne seront pas mises à mal par le reste de l’album, preuve de la monotonie qui règnera à l’écoute.

Clairement le son des guitares va chercher celui mis en place par NIGHTWISH lors de ses deux derniers albums (« NO HORIZON » possède clairement ce côté finlandais). Par ce côté recherché des harmonies, le groupe perd de sa personnalité et de son prestige en n’innovant pas assez de son côté. Dommage, d’autant plus qu’un groupe de power mise beaucoup sur ses guitares. Et justement, de ce côté on trouve une certaine cohérence grâce à des lignes de six-cordes assez travaillées. Sans parler de riffs monumentaux, il y a une certaine recherche (« KING OF THE WORLD », la meilleure piste de l’album, ou « UNDER THE AURORAS »). Et qui dit plus de place aux guitares dit moins pour le clavier, totalement disparu. Pour preuve : le morceau bonus, reprise d’un ancien titre de 2002.

Un disque beaucoup plus heavy qu’à l’accoutumée donc, un peu plus brut de décoffrage (« ONE ANGRY GAIA ») qui se situerait pas loin d’un OCEANBORN de NIGHTWISH (et oui la comparaison a la vie dure). Et si dans la composition MAGICA est assez traditionnel (les refrains sont bien ancrés au milieu des couplets), on notera une certaine touche progressive. Faible, puisqu’elle n’entre en compte réellement que sur le morceau « MARK OF CAIN » mais elle a le mérite d’exister. Un fond pas si mal donc, enjolivé par la voix d’Ana qui porte bien les morceaux, malgré un léger manque de pêche parfois (bien qu’elle se révéla surprenante sur MARK OF CAIN) et assisté d’une production correcte mais en deça de ce qui se fait aujourd’hui.

Résumer le disque se révèle assez complexe pour être franc. Il est évident que MAGICA reste pour le moment en retrait sur la scène actuelle et le restera avec cet album. Pas qu’il soit mauvais, loin de là : les morceaux sont corrects, certains refrains restent (KING OF THE WORLD) mais le groupe n’innove pas assez et reste dans l’imitation. Malheureusement car, en plus de sa détermination, le combo roumain possède toutes les cartes en main pour sortir un très bon album. CENTER OF THE UNKNOWN n’est pas celui-là, peut-être le prochain…