L’un des petits protégés de Nuclear Blast, signé sur le label allemand avant même d’avoir pondu le moindre album, continue son parcours jusqu’ici très prometteur avec une troisième livraison très attendue. Après un premier effort « Conclusion Of An Age », thrash dans l’esprit mais aux forts relents metalcore, et le plus abouti « Edge Of The World », traçant avec des contours plus nets la personnalité du combo de Reading, « Monolith » vient ajouter une pierre de plus à l’édifice. Pour faire dans le cliché, on peut parler ici de l’album de la maturité pour un SYLOSIS plus énorme que jamais.

Car « Monolith » ne présente quasiment aucune faiblesse. Un thrash maîtrisé et surpuissant, combinant moments de furie agressive, notes progressives ressenties ou lourdeur assommante. Tout ici est travaillé avec justesse, le moindre coup de médiator ou de grosse caisse semble scientifiquement étudié et placé. Le travail des guitares est remarquable, que ce soit dans les rythmiques acérées où la précision est de rigueur, dans les arrangements complexes et aériens, ou au sein de ces mini-soli et mélodies désormais caractéristiques du combo. La voix de Josh Middleton se marie à merveille avec cet ensemble par son grain agressif et solennel. Le groupe a décidément très bien fait de palier le départ de leur ancien chanteur par les cordes vocales de leur guitariste fondateur, impressionnant de maîtrise, sachant le boulot qu’il doit abattre avec sa six-cordes en sus ! L’univers sonore du groupe est encore plus abouti que sur son prédécesseur. Le combo use de nombreux effets de sons et de passages au clavier pour agrémenter son metal d’ambiances profondes et intelligentes. SYLOSIS semble très bien savoir où il va, et son thrash metal est désormais identifiable entre mille. Un son plus organique, une ambiance pesante et ténébreuse, une « patte ». Rares sont les groupes pouvant se targuer d’en arriver là. Inutile de faire un descriptif plus précis des titres de cet opus, chacun possède à la fois la signature du combo (approche du riff, du chant, et coupures ambiantes redondantes) et des éléments qui lui sont propres (solennité, personnalité). Les Britanniques font montre d’une véritable approche de la « chanson », avec notamment des refrains toujours efficaces, tout en conservant une liberté plus progressive utilisée avec brio. Un album certes long, mais qui se savoure, s’apprécie et se révèle au fil des écoutes. Un coup de maître.

SYLOSIS livre une galette qui frise la perfection. Brute, organique, puissante, la production, moins « moderne » que celle de ses prédécesseurs, s’apprécie avec délectation, tant dans les moments plus « doux » qui laissent respirer les instruments que dans les épisodes violents. Un travail d’orfèvre qui sert à merveille des compositions toutes plus surprenantes et efficaces les unes que les autres. Certains critiqueront la longueur relative de morceaux, qui desservent peut-être l’efficacité, ou la redondance de passages plus ambiants et expérimentaux. Je vois personnellement « Monolith » comme un aboutissement, qui place le thrash metal sur des rails transfrontaliers dans son approche. Peut-être pas une révolution, mais une évolution certaine… Vers un thrash ambiant ? Une classe affirmée et confirmée.