CHRONIQUES D'ALBUMS




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DORDEDUH
Dar de duh [ 2012 ]
Pavillon 666 - metal rock webzine CD Album - Digipack - Durée : 77.49 - Style : Atsmopheric folk black metal
Informations :
Interview :
Contact label : http://www.prophecyproductions.de/
Contact groupe : http://www.facebook.com/dordeduh http://www.myspace.com/officialdordeduh
 


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ORIGINALITE
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TECHNIQUE
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PRODUCTION
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EMOTION
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Chronique : 16 novembre 2012 - Chroniqueur : Nebelgesang
 

Certains, par un don des muses, puisent leur inspiration des choses les plus simples, les plus élémentaires, expriment et exhalent la vie par tous les pores, par tous les prismes. Certains, par quelque magie spirituelle, domptent les éléments par un mot, une mélodie, un soupir et soulignent la part divine qui existe en chacun, la part de nature qui s’incarne en tout corps, en toute terre, en tout espace et temps.

NEGURA BUNGET possédait, jadis, cette force créatrice, cette inspiration sublime, mêlant black metal à une musique folklorique et atmosphérique incomparable, à l’identité si affirmée et raffinée, que la séparation entre Negru et le binôme Hupogrammos/Sol constitua, pour un certain nombre d’amateurs, une perte considérable. Et ce n’est pas la recomposition de NEGURA BUNGET version Negru, dont l’album « Virstele Pamintulu » et l’EP « Poarta de dincolo », sans être mauvais, ne tiennent pas la comparaison avec le monumental « Om », qui les consolera. Contrairement à DORDEDUH.

En effet, Hupogrammos et Sol, résolument jusqu’au-boutistes, investis d’une mission divine, eurent la brillante idée de ne pas s’en tenir à cette scission et de donner naissance à DORDEDUH, émanation nouvelle, sublime, dont l’EP « Valea Omului » (2010), gageait d’une inspiration intacte, d’un génie constant et, surtout, d’une volonté d’aller de l’avant, en apportant aux éléments atmosphériques d’ « Om », de nouvelles idées encore plus traditionnelles, ambiantes voire, à certains moments, progressives. Un EP, treize minutes, et la frustration. Jusqu’à cette année, 2012, et la sortie de « Dar de Duh », attendu comme le messie, comme l’album clé, le renouveau d’une entité qui continue de hanter, avec ses atmosphères transylvaniennes, ses tensions cryptiques et spectrales.
« Dar de Duh » tient-il donc toutes ses promesses ?

Entrons, lentement ; posons-nous sur cette terre arrosée par la bruine fine d’automne et écoutons donc ce que nos chers Roumains ont à nous conter :
Cela commence ainsi, par « Jind de Tronuri », par quelques résonances, tensions, échos lointains ; des chœurs spectraux, invocatoires, puis une voix, annonçant les assauts furieux de tambours vibrants et vrombissants et le retour de ce sentiment, celui de n’avoir jamais véritablement quitté cet univers, cette musique atmosphérique caractéristique, ce style inimitable, cette manière de composer des riffs simples mais efficaces, hypnotiques, avec une basse très présente, très en avant, ronde et agressive, un synthé omniprésent, garant de l’ésotérisme de l’ensemble.
Sur cet horizon, et ces rythmiques dynamiques, partagées entre un mid-tempo classique, des breaks atmosphériques lancinants, folkloriques (« E-an-na », ou le titre conclusif, « Dojana », ode païenne usant d’instruments folkloriques locaux, en particulier le Kaval, flute en bois originaire de Bulgarie), issus de temps probablement immémoriaux et quelques accélérations soudaines, brutales, subtiles, viennent s’incorporer les voix, multiples, diverses, elles aussi travaillées méticuleusement, entre les vociférations écorchées vives, les chants clairs et les chœurs (en roumain), c’est à un véritable rituel que nous avons affaire.

Tout est en nuance, en progressivité, et c’est dans un tableau de romantique désabusé, peignant les ruines et la gloire de ses ancêtres défunts, que sillonne DORDEDUH, misant sur l’expressivité et les ambiances, plutôt que sur la brutalité (qui n’est pas pour autant absente, cf. notamment « Flacarii » ou « Calea Totilor de Foc » et ses accélérations furieuses, croissant progressivement). Album à l’architecture solide, pensée jusque dans ses racines les plus intimes, album homogène, compact, et pourtant d’une densité inimaginable qu’il s’agira de débrouiller, de saisir pour ce qu’il est : une œuvre complexe, au sens littéral, parvenant à sublimer chaque instant, y compris les titres issus du premier EP (« Zuh » et « Cumpat »), révisés, réarrangés, et réenregistrés pour l’occasion.

Contrairement à ce que d’aucuns auraient pu imaginer, DORDEDUH n’est pas une pure et simple redite de NEGURA BUNGET et si la filiation est évidente et que Hupogrammos et Sol ne peuvent cliver leur cerveau au point de totalement révolutionner leur style (on y entend de lancinants échos de « ‘n Crugu Bradului » et du merveilleux « Om »), leur nouvelle progéniture apparaît déjà relativement émancipée, vivant de son identité propre un nouveau rêve, une nouvelle existence. Et les huit compositions (pour 1h17 de musique et de voyage !) qui composent « Dar de Duh » sont là pour nous le signifier. Place aux maitres.

L’entité DORDEDUH possède une âme, un souffle, une parole indescriptibles, une aura identitaire et culturelle que nul ne peut lui contester et dont l’hypostase musicale tend, tout au long de son développement, à sans cesse se sublimer.
« Dar de Duh » est une poétique au sens noble, une méthode, un guide, un traité de metal extrême mâtiné de musique folklorique, ambiante, infiniment évanescente et hypnotique. Reliée à ses terres d’origine par une tension charnelle, organique, qui s’épuise dans ses propres éclats.

Hupogrammos et Sol étaient vraisemblablement l’âme de NEGURA BUNGET et donnent une merveilleuse suite à « Om » qui semblait pourtant déjà paroxystique. On ne peut que demeurer admiratifs, muets, devant tant de force et d’inventivité. Le cri de la terre, celui que le poète Mihai Eminescu exprimait par ces quelques vers :

« Et dans l’ombre du feuillage
J’imagine en toi un prince
Dont les yeux noirs, grands et sages
Scrutent l’eau et la transpercent ».








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