A l'instar des pays du nord de l'Europe, le Canada fournit un terreau propre au développement de la scène black-metal, avec ses étendues gelées, ses immenses forêts sombres et son hiver omniprésent. Et dans cet underground du Quebec, le duo maléfique composé de Xost (guitare, vocaux) et de Vitrid (batterie basse, vocaux) a mis au monde une nouvelle entité dénommée ISSFENN. Depuis 2009, le groupe a hanté les scènes en compagnie de ABSU, KRALLICE et WHITHERED, notamment. Il a même participé à la 1ère édition du festival de black nord-américain "La Messe des Morts" à Montréal. Le duo brûle les étapes en nous offrant en Juillet 2011 un premier album éponyme de sept titres, carrément. Cet opus venant maintenant, plus d'un an après sa sortie, titiller nos conduits auditifs, alors écoutons.

Une première audition, un premier survol de cet enregistrement nous fait penser immédiatement à DARKTHRONE et SATYRICON, mais ce serait trop simpliste de placer cet album dans un casier copier/coller, car je suis sur qu'il mérite beaucoup mieux même pour une première oeuvre, un premier essai discographique. En effet, si les premières pistes donnent dans un black classique des pères géniteurs à la BATHORY, notamment avec "Plague Bringer", la suite s'avère bien plus intéressante. Avec "Helm Of Hell", on nous offre une lente progression dans le feu souterrain nourri par l'essence même du black sauvage et naturellement sale. "Mindless March", quant à lui, se dirige vers une sorte de punk/thrash à la VENOM se déclinant ensuite vers le but recherché, c'est à dire un pur moment de "black n'roll" presque groovy. Mais retour au black malsain et envoûtant, aux riffs froids avec "Light's Last Sigh On The Equinox", composition complexe qui semble indiquer la voie à suivre pour ISSFENN dans ses futurs enregistrements à venir, il y travaille d'ailleurs.
Les Canadiens de Montréal nous démontrent au travers de ce premier album qu'ils maîtrisent la technique et qu'ils ont tout compris au film black-metal en partant de titres très old-school pour en arriver à des compositions plus personnelles, avec une certaine touche de modernité sous-jacente. Bien sûr, l'aspect rugueux et raw du black est conservé et c'est ce qui fait la différence, avancer sans renier ses racines. Une production volontairement crade rend hommage à la démarche de ce duo de puristes qui a sorti donc un premier "méfait" très intéressant, malgré quelques approximations décelées ça ou là, notamment au niveau de la batterie, mais bon, l'ensemble reste très honnête.

Pour conclure, je vous recommande l'écoute de ISSFENN au travers de leur premier enregistrement présenté sous la forme d'un digipack soigné avec un artwork remarqué, pour ne rien gâcher. Duo à suivre donc dans ses prochaines sorties, ne le perdons pas de vue, il représente avec d'autres compatriotes, le Canada, l'autre pays du black-metal, pourquoi pas!