Après une première fournée en 2012 chez Shadow Kingdom avec la réédition de l’EP « The time lord », une réédition de PAGAN ALTAR chez Cruz Del Sur en ce début 2013 constitue une véritable aubaine pour l’amateur de doom trad et de NWOBHM. Une aubaine pour mettre enfin la main sur un classique incontournable tel que « The lords of Hypocrisy », difficilement trouvable dans sa « first press », ou tout simplement pour se le remettre dans les esgourdes pour les chanceux qui le possédaient déjà.

PAGAN ALTAR est un groupe à la trajectoire curieuse, à l’existence quasi posthume, en quelque sorte. Un premier album (« Volume 1 ») qui végéta entre 1982 et 1998, après une démo éponyme, un EP puis « Lords of Hypocrisy » en 2004, « Mythical & Magical » en 2006, puis un silence quasi complet, à l’exception de deux split cd en 2007 et 2011. Et il fallut un retour en force de ce son old school, et de l’intérêt grandissant pour le doom, pour que PAGAN ALTAR reçoive les louanges tant méritées.

Les atmosphères développées par le quatuor anglais possèdent quelque chose de parfaitement surnaturel. Rétros comme jamais, les neuf compositions qui composent cet album travaillent leur doom jusqu’au bout des ongles, vicié, dynamique. «Lords of hypocrisy » est un recueil hymnique dont les qualités intrinsèques se manifestent dès les premières notes d’orgue du morceau-titre, « the lords of hypocrisy », et les premières lignes vocales de Terry Jones, claires, modulables, rappelant dans l’ensemble un Ozzy Osbourne des meilleurs jours, en un peu moins nasillard. La musique de PAGAN ALTAR réunit la patte NWOBHM, doom trad, et un aspect clairement orienté rock 70’s.
Les dynamiques heavy épiques, fluides, les forts accents de doom trad, lourds, lourds de chaque riff, les rythmiques et soli magistraux et mélodiques d’Alan Jones s’articulent parfaitement avec les inflexions vocales profondes, puissantes, affublées d’une tessiture allant tout aussi bien dans les aigus que dans des tons plus « low ».
Doté d’une architecture cohérente, « Lords of hypocrisy » est régulièrement aéré par des breaks et autres transitions acoustiques, à l’ambiance parfois rituelle (« Sentinels of hate » et son introduction quasi narrée, ses chœurs et ses quelques nappes de synthé), parfois nostalgique (« Armageddon », « the Interlude »), voire même folklorique/country (« The devil came down to Brockley »)

On ne saurait trop comment dire davantage que ce qui fut déjà dit, sur ce groupe et cet album. Il s’agit tout simplement d’un classique, d’un indémodable, d’un incontournable, d’un groupe et d’un album légendaire à (re)découvrir à tout âge, à toute époque, pour les amateurs de vrai metal, de NWOBHM comme de doom traditionnel. En dépit d’une productivité très faible, PAGAN ALTAR a durablement inspiré et marqué son époque. Il suffit d’écouter nos contemporains pour comprendre que cette réputation n’est en rien usurpée. Vivement le nouvel album !