La chose la plus dure quand on est fan d'un groupe, c'est l'attente. Cinq ans, c'est long. Insurmontable même pour certains. Mais peu importe, Vertikal est parmi nous. Que faut-il donc attendre de ces cinq années de gestation ? Nous ayant habitués à une cadence d'un album tous les deux ans, les Suédois ont pris plus de temps pour développer ce sixième album.
A la différence des autres opus, Vertikal est un concept album qui se base sur le film Metropolis.  Œuvre majeure du cinéma allemand des années 20, le film de FRITZ LANG, propose un univers qui n'est pas si éloigné de la musique du combo.

CULT OF LUNA a d'ailleurs saisi avec brio l’intégralité de l’œuvre et propose un album qui nous plonge dans l'univers de ce film et met une image sur leur son si particulier. Mais à un détail près...

On se retrouve un peu perturbés. J’entends déjà les fans hurler au scandale en jetant des pierres sur le fameux concept qui entoure l'album. Il est vrai que les Suédois n'ont jamais eu besoin de quoi que ce soit pour appuyer leur musique. A travers leur discographie, ils ont réussi à créer une musique envoûtante, mécanique, froide comme personne n'avait fait auparavant. Pourtant, pour tout groupe voulant se risquer à explorer les sentiers non-conventionnels, l'exercice du concept-album est un vrai challenge qui en a laissé plus d'un en rade.
Je ne dis pas que CULT OF LUNA a raté le coche car ce Vertikal est bon, mais on se retrouve un peu en territoire inconnu. Le gros du disque est posé sur une structure purement Cult of lunienne mais elle souffre de se désir de se rapprocher le plus possible de l'univers du film. Les sons futuristes et mécaniques qui s'offrent à nous des "The One" nous laissent dubitatifs. Non pas qu'ils soient mal amenés car le combo soigne toujours ses plans mais ils sonnent comme nouveaux et rappellent par moments FEAR FACTORY (pour les samples d'ambiance pas pour la rapidité !). On se retrouve donc perdus au milieu d'un post core aux teintes indus. Et franchement en matière d'indus, le tour a déjà été fait ! C'est en tout cas le premier ressenti qui s’offrira à vous. Car au bout de quelques écoutes, Cette nouvelle mouture sonore commence à montrer son vrai visage et c'est plutôt pas mal. Au fil des albums, CULT OF LUNA nous a habitués à ce son si spécial dont eux seuls ont le secret et amené sur ceci de nouvelles sonorités qui ont fait les beaux jours du metal indus, le résultat a forcement de quoi laisser perplexe.
Cependant, Le combo cultive avec brio cette évolution (temporelle ?). Habitué aux progressions lentes qui laissent exploser tardivement la hargne collective des musiciens, le combo jongle ici entre le CULT OF LUNA que l'on connaît déjà et celui qui percute les oreilles sans prévenir. De but en blanc comme sur "I : The Weapon".
Le combo ne fait pas de détails sur certains points alors que sur d'autres, il va laisser traîner les sonorités drone ("Vicarious Redemption") sur de bonnes longueurs avant de retourner à l’état sauvage ("In Awe Of").

Même si cet album vous surprendra le temps de quelques écoutes, le CULT OF LUNA reviendra très vite pour vous plaire. Ce Vertikal marque un tournant dans la carrière du groupe, tant par la prise de risques que par le résultat obtenu. Les puristes chipoteront sur certains détails ce qui fera pas de Vertikal le meilleur album du combo et les autres apprécieront a nouveau l'effort magistral des Suédois.
CULT OF LUNA a pris un risque avec ce concept album et le résultat est plutôt convainquant. Après tout, c'est en prenant des risques que l'on avance...