Il y a des groupes qui, quoi qu'ils fassent, ne décollent pas. Les raisons de cet embourbement sont aléatoires. C'est le cas de MORAY FIRTH, groupe lyonnais avec dix ans de carrière à leur actif. Ils ont essuyé maints changements de line-up, des virages musicaux à 180°, des concerts pas toujours excitants...Et le résultat est là : pas grand-chose, en fait...Ils le disent eux-mêmes, ils sont passés à côté d'opportunités car ils étaient "bien occupés à ne pas disparaître", c'est dommage. En novembre 2012 sort Day : 1, deuxième album du quatuor. Voyons un peu...

L'album débute avec "Next Station", titre bien représentatif du groupe : une intro assez intéressante, un chant bien maîtrisé à la GOD DETHRONED, des sonorités dignes de DARK TRANQUILLITY, des riffs de guitare percutants mais...Le tout ne décolle pas, il manque quelque chose! Le morceau s'embourbe dans un semblant de brutalité mal menée et nous laisse un goût de trop peu.
"My reality", second titre, nous laisse espérer une reprise en main, des prémices de ce fameux hardcore tant proclamé par le groupe mais désillusion la plus totale lors de l'introduction de la voix claire! Le groove et la hargne sont mis de côté pour laisser place à des passages chantés on ne peut plus plats, la voix n'est pas maîtrisée dans les aigus et ne fait que couper toutes les montées et progressions intéressantes.
C'est très particulier : le groupe a de bonnes idées, il y a le fond et la forme mais le tout reste plat...On s'attend à s'en prendre plein les oreilles mais un mur se dresse soudainement, et les morceaux deviennent insipides. Est-ce dû à une certaine auto-censure ? Nos lyonnais semblent ne pas aller au bout de leurs idées et laissent derrière eux un album amer, non abouti.
Outre cette sensation de trop peu, la structure est tout de même intéressante. Nous sentons clairement les influences du death mélodique et un désir de pousser la compo vers quelque chose de plus hardcore. Cela donne un mélange assez hybride mais qui, une fois bien maîtrisé, peut être très efficace!
La fin de l'album nous réserve de petites surprises fugaces telles les envolées "guitaresques" de "Resolution", une voix claire qui se fait discrète dans "The Knot" rajoutant ainsi une profondeur au morceau et quelques bonnes idées de compo par-ci par-là.

MORAY FIRTH n'a pas encore trouvé son identité, sa personnalité. Ils semblent d'ailleurs ne pas savoir où se placer dans la grande famille du metal. Ils sont passés du sombre, mélodique au hardcore selon leurs propres dires. Mais à l'écoute de cet album, on se rend vite compte que ce n'est pas le cas. Ils posent des termes sur quelque chose qui n'a pas vraiment d'identité propre. S'il faudrait donner un conseil au quatuor lyonnais : lâchez-vous ! Allez jusqu'au bout de vos idées et surtout, pas de restriction !