C’est avec un plaisir non dissimulé que l’on accueillera ici, à Pavillon666, le deuxième album des Sudistes (pour le côté ricain de l’appellation) de MEPHISTO. C’est du nom d’un des princes des Enfers qu’a choisi de s’appeler ce groupe originaire de Béziers, écumant depuis dix ans les scènes hexagonales pour délivrer aux foules un rock très influencé 70’s. FACES IN THE CROWD est donc le nouvel essai du quintet, tout fraichement sorti en auto-production, choix personnel au groupe. S’il en garde son indépendance créative, il en perd peut-être une diffusion à une audience plus large, pourtant très méritée. Voici pourquoi :

Malgré dix ans d’existence, le groupe ne signe ‘que’ son deuxième album, lequel se révèle très travaillé, encore une fois. Malgré le choix de l’auto-distrib’, le groupe a su s’entourer et produire un album d’une très grande qualité musicale. Une réelle maturité fort appréciable qui les distingue de la pléthore de jeunes groupes musicaux qui tentent, parfois en vain, de se faire remarquer. Un style propre qui, loin de la mode revival, est un véritable hommage au son seventies. Un rock très Bluesy, suffisamment puissant et rappelant instantanément certaines pointures du genre. Led Zeppelin pour les parties de guitares brillantes ? Deep Purple pour ses claviers bien sentis ? Oui messieurs Dames, MEPHISTO, c’est un peu un recoupement des plus grandes influences du son rock de ces années là… Le son s’est un peu durci depuis le premier album, la voix est toujours aussi imposante, la technique encore plus enivrante, MEPHISTO encore plus démoniaque.

A la différence d’A CALL FROM NOWHERE les claviers sont légèrement plus en retrait et les riffs un peu plus appuyés, ce qui délivre ce sentiment de puissance et de durcissement dans le son. Il n’y a qu’à entendre le début de NEW A ou HELLDOWN (et son clavier Hammond) pour s’en convaincre. Ce dernier titre se révèle d’ailleurs être l’un des tout meilleurs de l’album. Une progressive montée en puissance et un mélange d’instruments doués d’une très belle alchimie en font un véritable joyau (Hard) Rock. UNTIL YOU BURN et SACRED LIFE-SECRET LIE sont dans cette même veine Hard Rock, appuyés par une voix très à-propos et maitrisée. Mélange des genres : d’autres titres sont plus Jazzy (MAKES NO SENSE et sa basse rutilante), d’autres plus blues (FINE, aux nappes de claviers subtiles et avec son final très Rolling Stones).

Mais ce mélange des genres n’est pas utile, si la technique ne suit pas. Là encore, MEPHISTO dévoile sa maturité. Un travail en amont est obligatoire pour arriver à un tel résultat. En terme de maitrise d’instruments tout d’abord. Il n’y a qu’à écouter ce très beau solo de six cordes sur SACRED LIFE pour s’en convaincre. Et puis le chant, assuré par Laurent SANCHEZ est véritablement à la hauteur de ses illustres ainés, avec une personnalité et un grain de voix fort appréciable. On évoquera aussi la maitrise du groupe sur ses compositions. A chaque fois dans un schéma relativement simple, les morceaux s’en trouvent assez facilement assimilables et faciles d’accès. Un point sûrement facilité par le côté progressif que MEPHISTO a légèrement laissé de côté sur cet opus. Enfin, il est impossible de passer sous silence le travail d’orfèvre sur les arrangements qui fournissent FACES IN THE CROWD et qui se révèlent être de sacrées bonnes idées : l’Outro de HELLDOWN, le clavier d’UNTIL YOU BURN et de WAIT ON THE WAY DOWN ou cette introduction de BURIED AND SMOKED aux sonorités rappelant THY CATAFALQUE dans un registre totalement différent. Quelques chœurs sont également bien placés (BURIED AND SMOKED, SACRED LIFE) et font leur petit effet…

Trois paragraphes, pour tenter de vous convaincre que MEPHISTO est un groupe avec qui il faut compter. Un combo dont le deuxième album se révèle être une franche réussite, aussi bien techniquement que musicalement. Si le statut d’auto-production est préjudiciable dans la diffusion, charge à nous de compenser cette volonté d’indépendance en offrant au groupe une exposition médiatique et le succès public qui leur revient. Juste retour des choses vu le cadeau que vient de nous faire MEPHISTO. Y’a pas à dire, l’Enfer a de beaux atouts !