Après un « Look and Behold » remarqué et même acclamé, les Australiens de LO ! reviennent en force (et toute en noirceur) avec « Monstrorum Historia », à l’artwork perturbant mais on ne plus attirant. A peine revenu d’une tournée avec les célèbres CULT OF LUNA, LO ! compte bien éclipser le soleil de votre été sans pour autant vous priver de sa chaleur. Bien au contraire : il vous fera suffoquer.

Pesant, voilà comment commence « Monstrorum Historia », et cela à cause de son introduction faite de notes de piano menaçantes puis de riffs presque rampants, comme si un monstre déchiqueté qui vous aurait aperçu de loin se serait mis en tête de vous poursuivre où que vous alliez et peu importe que vous soyez plus rapide que lui. C’est que la sirène funeste mise au monde par LO ! dans ce nouvel album ne lâchera pas l’auditeur qu’elle aura réussi à interpeller dans ce « As Above » délicieusement glauque. On est mal à l’aise mais qu’est-ce qu’on aime ça !
« Bloody Vultures » est un peu la conséquence de la mise du feu aux poudres par le titre précédent : nervosité, violence, mais aussi soulagement de pouvoir évacuer la tension créée par « As Above ». Ce « Monstrorum Historia » s’annonce comme un album mêlant hardcore, post metal et sludge, une promesse qu’il tiendra jusqu’au bout.
Les titres s’enchaînent purement et simplement, presque indissociables les uns des autres. « Ghost Promenade » se veut un peu plus lourd, sans perdre d’énergie. La voix de Carl Whitbread est imposante et le chant quasi dictatorial ; on écoute, on se laisse convaincre sans lutter et on a envie de courir vers nulle part sans s’arrêter.
« Caruncula » démarre sans ménagement sur les chapeaux de roues et en profite pour nous enfoncer encore un peu plus dans la mélasse, un titre qui ne manque cependant pas d’un certain groove plus que bienvenu !
« Haven, Beneath Weeping Willows » ralentit amplement la cadence, cet instrumental ayant opté pour une ambiance moins post-apocalyptique que ses camarades, se contentant seulement de quelques riffs western et poussiéreux, ce qui nous permet de reprendre un tant soit peu de souffle avant que n’arrive « Fallen Leaves » qui renoue avec une lourdeur planante avant d’évoluer en un nuage rageur. Seuls les répits de très courte durée sont permis dans « Monstrorum Historia », comme le prouve « Crooked Path : The Strangers Ritual », piste ambiante et confuse de moins de deux minutes. Un peu comme si vous aviez été victime d’une attaque et que vous vous réveillez dans un endroit inconnu, entouré de gens en blouse blanche qui s’affolent autour de votre brancard.
Bon, je crois qu’il est inutile de vous préciser que le titre qui suit, « Lichtenberg Figures », est à nouveau plus épileptique.
Pour ce qui est de « Bleak Vanity », il est un agréable condensé de ce qui fait la réussite de cet album : un stoner lourd qui ne relate rien de bon mais qui laisse pourtant une once d’espoir dans votre pauvre petit cœur meurtri.
« Palisades of Fire », c’est un peu le titre hooligan pendant lequel les membres de LO ! s’en sont donnés à cœur joie. L’union fait la force comme on dit et c’est d’autant plus vrai que cette piste est l’une des plus fortes de l’album.
« So Below (before we disappear) » est, comme son nom l’indique, l’hymne de fermeture de ce second album noir et puissant, irritant et addictif. Une conclusion digne d’une litanie jouissive.

Il est difficile de cacher le fait que LO ! m’ait vampirisée, preuve qu’il peut convaincre et engendrer bon nombre d’adeptes puisqu’il faut réellement faire preuve de personnalité pour que ce style musical me captive. De la personnalité, LO ! en possède à ras bord, ce qu’avait déjà confirmé « Look and Behold ». « Monstrorum Historia » propulse le groupe un cran au-dessus et en fait un des meilleurs du genre. Tantôt planante, tantôt viscérale, leur musique est une énorme vague qui vous envahit pendant quarante minutes et qui ne vous quitte qu’une fois persuadée que serez prêt à retourner dans cette mer noire. « Monstrorum Historia » frôle de très près le coup de cœur, ce qu’il n’a pourtant pas réussi à acquérir de par le cercle infernal qu’il a instauré : le style est redondant et, bien qu’on se laisse facilement hypnotisé, on peut regretter un certain manque d’originalité. Mais ça ne l’empêche pas d’être monstrueux, au sens propre comme au figuré.