Il est bien connu que Jorn Lande possède un timbre de voix, certes exceptionnel, mais qui rappelle indéniablement notre regretté Ronnie james Dio (Rainbow, Black Sabbath, Dio...), homme pour lequel Jorn a le plus profond respect et dont il a dédié un album de reprises à sa mort de ses plus beaux morceaux. Pourtant, cette analogie ne m'avait pas frappé lorsque le chanteur s'était fait remarquer dans Masterplan et surtout le « all-star band » Ark au côté de John Malacuso et Randy Coven entre autres... Même sur les plus grands moments du dernier Ayreon « oo1o11oo1 », rien n'était flagrant. Mais lorsqu'il s'attaque au bon Heavy traditionnel comme dans tous ses albums solo, on a peine à distinguer la différence, à part peut-être une rugosité en plus dans la gorge et l'utilisation assez classique de nos jours de la fameuse double voix à l'octave inférieure, ce qui rend le grain encore plus sombre, même épique.

N'empêche, Jorn est un chanteur bourré de talent et de feeling et ce 11ème album solo nous le prouve une fois de plus. Ca commence très fort avec Overload, monstrueuse pièce de puissance et de lourdeur mélodique, les musiciens qui accompagnent le norvégien sont bons, très bons même et la production générale de l'album sert vraiment à conserver cette patte « heavy » qui nous plaît tant. Cancer Demon suit le chemin sillonné pour arriver au pilier de l'album, le morceau titre Traveller où l'on se croirait revenu au 2ème et magnifique album de Ark (Burn the sun), tellement les mélodies de guitares et de chant se marient parfaitement bien, modifiant pour notre plus grand bien le schéma classique du heavy traditionnel, un superbe moment de mélodies affinées et d'émotions bien trouvées, du bonheur à écouter en boucle....

On continue dans la mélodie classieuse avec Window maker rappelant les grandes heures de Maiden et ses twin guitars, donnant immanquablement un côté épique et grandiose à la musique, sans avoir recours à des orchestrations pompeuses et assourdissantes...

Legend man fait tout de suite penser à son idole Dio avec son petit côté Holy Diver et Make your Engine Scream fait son travail en nous faisant taper du pied avec sa rythmique heavy mid-tempo. Comme quoi, à l'instar du Freefall de Magnus Karlsson sorti il y a peu, le heavy metal est resplendissant en ce moment. Carry the Black ralentit la cadence avec cette lourdeur un peu pompeuse et cette petite sonorité aiguë digne des plus mauvais films d'horreur, genre « ouh...il fait noir, cette musique me dit que je dois avoir peur... suspens »...
Rev On revient à du bon rock genre Aerosmith avec son riff dansant et tortueux, et Monsoon donne une petite touche rayonnante et presque gaie à l'ensemble, les soli de guitare, par ailleurs excellents, semblent tout droit sortis d'un groupe de glam, c'est sautillant, ça fait du bien.

Le dernier morceau est un hommage flagrant à l'éternel Ronnie James Dio, the man on the silver mountain comme il est rappelé dans cette chanson The man who was king, les arpèges acoustiques du début sont très sympathique et on sent Jorn assez ému... Morceau heavy à souhait, qu'aurait pu certainement composer notre lutin adoré.... Pas le meilleur de Jorn mais bel hommage ma foi !!

Par ce Traveller, Jorn et sa bande ont encore assuré en sortant cette belle œuvre, à mettre au même niveau que certaines productions légendaires d'autres groupes renommés, et l'un des meilleurs albums que le chanteur ait réalisé depuis quelques années...