Avec seulement deux albums à son compteur, RED FANG n’a pas mis longtemps à faire parler de lui. Le groupe de Portland délivre un Stoner Métal parfois abrasif et dont les structures peuvent paraître particulières, et pourtant, nos musiciens connaissent une popularité grandissante. Un succès qui les conduit à publier en ce mois d’octobre 2013 leur troisième album studio, « Whales And Leeches » toujours chez Relapse Records. On retrouve à nouveau Chris Funk (DECEMBERISTS) à la production et Vance Powell (KINGS OF LEON, WHITE STRIPES, THE RACONTEURS) au mixage. Ces deux-là s’étaient déjà occupé en 2011 du précédent opus « Murder The Mountains » très bien accueilli alors.


L’univers de RED FANG nous a toujours habitué à des noms peu ordinaires, insolites. Rien que le nom du groupe (Croc Rouge), pourtant évocateur, laissait supposer une bonne dose de fun dans l’esprit des gars de l’Orégon. La pochette représente bien cette mentalité où le sens du détail n’est pas synonyme de prise de tête. Malgré tout, Orion Landau a dû bien se creuser les méninges lorsqu’il s’est vu confié la réalisation de l’artwork. Faire coller un titre comme celui-ci (Des baleines et des sangsues) en représentant un tas organique et cauchemardesque sur fond psychédélique n’a pas dû être une mince affaire !

Pour revenir sur le plan musical, on retrouve ce Stoner/Sludge spontané et sans faille qui a fait la réputation des musiciens. Alors oui, on retrouve ce petit truc inexplicable et inqualifiable qui fait un peu penser à leurs compères de MASTODON ou de KYLESA, mais sans que cela soit trop prononcé pour que le résultat ne soit pas assez personnel. Le titre « DOEN » qui ouvre la partie, offre une belle perspective quant à la succession de « Murder The Mountains ». On peut respirer sans appréhension, le sens du riff propre à RED FANG est toujours aussi puissant et surtout convaincant. On imagine également sans problème l’impact des « Blood Like Cream » ou « No Hope » en live. Cependant, le combo ne s’est pas reposé sur ses lauriers en présentant ce à quoi il nous a habitué jusque-là. En effet, la grande innovation de ce disque vient du travail effectué sur les voix ainsi que sur les rythmes. Ainsi, après les furies qui entament l’opus, certains titres dirigent l’auditeur vers des tempos plus lents sans pour autant donner l’impression de changer d’univers. Le groupe dévoile là une de ses facettes cachées qui s’inscrit dans la continuité de l’atmosphère sombre et malsaine que celui-ci entretient si bien (« Failure » ; « Crowns In Swine »). Les lignes de chant sont parfois doublées et apportent plus de profondeur tout en accroissant les sentiments d’inquiétude qui émanent de « Voice Of The Dead » ou du lancinant « Behind The Lights ». Autre originalité de cet album qui se voit gratifié par la participation d’un invité de taille, en la personne de Mike Sheidt de YOB qui vient enrichir le panel vocal sur « Dawn Rising ». Bien entendu, comme on peut naturellement l’imaginer, on souligne une bonne production générale même si les guitares auraient certainement mérité un tout petit peu plus de puissance.

En fin de compte, « Whales And Leeches » est un bon album qui suit les traces de son prédécesseur tout en apportant de nouveaux éléments. Un résultat qui démontre que RED FANG sait évoluer avec le temps et en respectant ses convictions de départ. A coup sûr, cette nouvelle galette ne manquera pas de faire causer, et notamment tout au long de la prochaine tournée dont plusieurs dates auront lieu dans l’Hexagone.