Ce dernier album est une sorte de rétrospective des dix années nous séparant du précédent, « Corporate America », sorti en 2002. Boston est toujours le bébé du multi-instrumentiste Tom Scholz et cela se ressent encore plus qu'avant, hélas... Le musicien s'est même occupé des batteries, et diverses programmations, ce qu'il aurait dû laisser à un vrai batteur digne de ce nom...

Cet album est une très grande déception car je suis un fan invétéré des deux premiers albums du groupe, « Boston » et « Don't look back », deux joyaux de mélodies et de musique harmonieusement composées et interprétées. Hélas les albums suivants « Third Stage » et « Walk on » sont tombés dans l'oubli, la qualité étant vraiment moindre... Alors, avec un soupçon d'espoir, je me disais que le cru 2013 serait à la hauteur de la légende.... Point du tout, nous avons ici des morceaux épars, certains apparaissant déjà sur le précédent disque et arrangés autrement, enregistrés étrangement avec la patte de Scholz qu'on reconnaît bien à ses 50 pistes de guitares superposées et interprétées par plusieurs musiciens à différents lieux et années, dont « Didn't mean to fall in love », « Someone » et « Sail away » chantées avec brio par le chanteur originel Brad Delp, avant son suicide de 2007.

Mis à part le talent incontestable du compositeur et des apparitions de ce chanteur, le constat est alarmant. Les morceaux n'accrochent pas, la production est ratée (étonnant pour ce maître de la perfection sonore – les 2 premiers albums de 1976 et 1978 sonnaient d'enfer pour l'époque), les batteries, ou plutôt les programmations sont anecdotiques, et de très mauvais goût, noyées dans une sorte de réverbération trop longue et – il faut le dire – très mal jouées (les ralentis et breaks ratés auraient pu être refaits quand même...).

Pourquoi un groupe de ce niveau et cette longévité ne fait-il pas appel à un vrai batteur ? Tom Scholz a voulu s'occuper de presque tous les instruments, y compris certains chants, mais la moitié de son travail est gâché par cet excès de zèle, à trop vouloir en faire uniquement par soi-même, on perd l'essence même de la production artistique, il faut savoir déléguer à d'autres personnes compétent dans leur domaine. Surtout lorsqu'on n'est pas capable de jouer correctement de ces instruments...

« Heaven on Earth » et « Sail Away » rappellent vaguement le Boston des débuts grâce aux mélodies vocales mais ne marquent pas autant le cœur et l'esprit, et plus on va en avant dans l'album, plus on a peur de ce qu'on va découvrir...

.. et la suite ne s'arrange pas avec des morceaux calibrés radio mais tellement inintéressants qu'on peut se poser la question ; est-ce vraiment le même homme qui avait pondu des chef-d'oeuvres comme « More than a feeling », « Don't look back », le plus commercial « A man I'll never be » ou encore le majestueux « Foreplay./Long time » , du prog-rock avant l'heure ? Car même lorsque le bonhomme se met au piano, « You gave up on love », les notes ne sont pas mélodieuses et limite tremblotantes...

On passera sous silence les prestations vocales de Kimberley Dahme (la femme de Tom?) dignes d'une ado de 12 ans qui tenterait une émission de télé-crochet et on se délectera tout de même de « Someone » et « The way you look tonight, qui raviveront nos souvenirs de l'âge d'or du groupe, malgré le fait que Tom n'est définitivement pas un chanteur non plus... Reste à tes guitares, Tom, et fait produire tes disques par des gens qualifiés !!

Une véritable déception pour cette œuvre très décousue et mal produite, indigne d'un groupe de la stature de Boston, on en attendait mieux d'un musicien de la trempe de Tom Scholtz, qui a tout voulu faire par lui-même... et qui s'est planté en beauté...