C’est assez surprenant de constater que depuis maintenant plus de 20 ans, le Brésil s’est révélé être un terrain fertile en matière de metal extrême. Des formations comme Sepultura, Sarcofago ou encore Krisiun se sont hissés au rang de groupes cultes que le thrash et le death ont pu porter. Depuis la scène extrême brésilienne a continué son bonhomme de chemin et d’autres combos très talentueux ont vu le jour.

Un nom comme Infested Blood ne dit peut-être rien au premier abord, et pourtant le trio existe depuis 1999. Avec une discographie composée de quatre albums, les deathsters brésiliens évoluent dans la frange la plus brutal (et technique) du death metal. Après quatre ans d’absence, nos brutes épaisses originaires de Pernambuco nous envoient leur quatrième méfait « Demonweb Pits ».

Tout d’abord, l’artwork nous met vraiment en condition : la ressemblance avec la pochette du « Effigy of the Forgotten » (1991), album culte des new yorkais de Suffocation est frappante. Et pour cause, le réalisateur de l’artwork n’est autre que Jon Zig ayant officié pour des pointures du death comme Deeds of Flesh, Sinister et bien sûr Suffocation. Concentrons-nous maintenant sur la « douce mélopée » que nous a concocté le trio. Au menu, du gros death brutal qui tâche avec une technique tout bonnement ahurissante. Suffocation n’est jamais très loin quand on entend tous ses riffs gras et alambiqués servis avec une batterie rouleau-compresseur, des blasts sauvages et une double incisive. La basse galopante est en parfaite osmose avec les guitares mitraillette. Que dire de cette voix : des vocalistes de renom tels que Frank Mullen (Suffocation) ou John Gallagher (Dying Fetus) peuvent être fiers de leur descendance. En effet, le chanteur du trio brésilien fait preuve d’une technique remarquable avec son growl caverneux, profond et ultra-guttural. A l’image d’un groupe comme Vader, Infested Blood ose également l’utilisation de samples de classique dans des interludes, voire parfois au début de quelques morceaux.

Cependant beaucoup d’amateurs de death plus efficace seront sûrement rebutés par la débauche de technicité et le côté presque « apocalyptique » des morceaux du trio. On aurait également aimé peut-être plus d’originalité et des riffs plus marquants. A l’heure où la scène death est de plus en plus sursaturée de groupes excessivement brutaux et n’apportant aucune plus-value, il est évident de constater que Infested Blood fait malheureusement partie de cette catégorie. Le trio est extrêmement virtuose, mais sa musique ne se démarque aucunement des autres groupes du même genre. Une technique (trop) copieuse mais pas grand-chose à se mettre sous la dent musicalement ! Un album de plus condamné à sombrer dans l’oubli… Dommage !