Nul doute que la géographie et l’histoire définissent en grande partie les cultures des hommes et notamment la musique. Les musiques traditionnelles nous permettent de voyager dans le temps et dans l’espace. En les mariant avec notre musique préférée, le folk-metal nous invite ainsi à la découverte de nouveaux mondes.
C’est en Mongolie, au cœur de la steppe d’Asie centrale, que nous convie TENGGER CAVALRY. Partons à la découverte de l’histoire de ces peuples nomades, parfois redoutables guerriers, qui ont fondé l’histoire de la Mongolie. Les textes de TENGGER CAVALRY sont inspirés par le shamanisme et le bouddhisme ; ils louent la bravoure du cheval, la beauté des paysages ainsi que la vie nomade.
Fondé en 2010, le groupe marrie instruments traditionnels et amplifiés.

L’album débute par ‘Dance With The Wolf’, une musique traditionnelle accompagnée de Khöömii, ce fameux chant de gorge diphonique spécifique à la Mongolie. Puis sur un rythme rapide évoquant une longue chevauchée à travers les prairies, ‘Galloping Towards The Great Land’ introduit le black metal de TENGGER CAVALRY. A la manière d’un IN EXTREMO, les instruments traditionnels sont bien mis en avant et ne sont pas noyés dans la musique amplifiée comme cela est souvent le cas de beaucoup de groupes de folk-metal. Le chant ‘black’ fait penser à FINNTROLL ; il vient ici se coupler aux Khöömii.
Les compositions sont vraiment abouties. Les musiques traditionnelle et metal sont en parfaite harmonie. Les instruments mongols, dont le fameux Morin Khuur est le symbole (caisse de résonance en forme de trapèze et un long manche dont le bout est sculpté en forme de tête de cheval) jouent toutes les lignes mélodiques tandis que basse/batterie et guitares apportent toute la puissance du metal.
Ce disque est une véritable invitation au voyage ; les intermèdes musicaux comme ‘The Battlefront’ nous plongent même dans un véritable film.
Le quatrième morceau ‘Hymn Of The Earth’ est introduit par une très jolie musique traditionnelle avant d’embrayer sur un rythme plus lourd et plus lent ; c’est vraiment très beau et puissant à la fois.
Le Khöömii permet à une seule personne de produire deux sons simultanés d’une même voix. Un premier son ‘bourdonnant’, grave et constant provient du fond de la gorge tandis qu’un second son plus aiguë forme la mélodie. Couplé au metal, ce Khöömii procure des sensations profondes, instinctives qui donnent à la musique de TENGGER CAVALRY un côté ‘tribal’ évoquant ROTTING CHRIST.
Sur des morceaux comme ‘Brave’, et ‘Summon The Warrior’, le groupe montre un visage plus puissant et pêchu. L’univers se fait plus sombre, plus guerrier et l’on a alors l’impression d’être transporté en plein milieu de combats sanglants.
Toute la musique ici reflète bien le paradoxe de beaucoup de sociétés humaines en montrant ce que l’homme peut avoir en lui de beauté et de finesse mais aussi de violence.
Techniquement, il n’y a rien à redire. La maîtrise instrumentale est ahurissante. Le son est très bon : on distingue bien l’ensemble des instruments. Le groupe est doué pour exprimer des émotions en maîtrisant ses ambiances ; écoutez-donc sur ‘Chant Of The Cavalry’ ces passages ‘saccadés’ renforcés par les instruments traditionnels. Quand puissance et mélodie s’harmonisent à ce point, c’est impressionnant.

Tout cela frôle donc la perfection. Alors oui, l’effet ‘nouveauté’ joue indéniablement en faveur du groupe. A trop entendre la même chose, on finit par se lasser ! Nul doute que si tous les groupes de folk-metal se mettent à faire de la musique mongole, la critique serait plus ‘sévère’. Mais la découverte et la nouveauté sont des facteurs essentiels en matière de musique. D’autant plus que pour le reste, il n’y a rien à reprocher à TENGGER CAVALRY : c’est techniquement parfait et le groupe sait à merveille créer des émotions.
Pour ne rien gâcher à notre plaisir, l’artwork est de toute beauté ; le livret est illustré par des reproductions de dessins mongoles.