Jaded Heart mène son petit bout de chemin, en sortant régulièrement des albums de qualité, « Fight the system » est leur onzième à ce jour, sans être transcendant mais se laissant écouter sans problème, pour peu qu'on apprécie le hard-rock classique et le heavy aux mélodies faciles et sans surprise...

Le problème est là : Jaded Heart reste sans surprise, ce disque ravira les fans purs et durs du genre, avec sa production « béton » et très actuelle, une paire de guitaristes monstrueux dont beaucoup de groupes doivent rêver (Peter Ostros et Masahiro Eto), une rythmique stable et mécanique (la basse est par contre bien en avant, fait assez rare pour être souligné et très bon choix), des refrains sur-produits et ultra-basiques, utilisant la recette immuable que cinq cent groupes déjà ont repris avant eux...

Le chant braillard et très maniéré de Johan Fahlberg dans les fins de phrase (ce vibrato exagéré devient insupportable au bout de trois chansons) dessert un peu les morceaux, on pense pourtant parfois à David Readman, (Pink Cream 69) ou encore DC Cooper (Royal Hunt) dans cette manière d'érailler de force son timbre, mais on regrette quand même Michael Bormann, premier chanteur du groupe, qui triomphe à présent dans Silent Force...

Ne boudons pas notre plaisir, cette musique accompagnera légèrement nos virées en bagnole et nous fera fredonner quelques refrains : « I lost my fate », « Terror in me » ou encore l'utra-kitsch « In the shadows » où la facilité de la mélodie frôle le ridicule, tellement on a l'impression de connaître le morceau par cœur, même à la première écoute... Et surtout, par pitié, ne traduisez pas les paroles, c'est d'une banalité et d'une bêtise affilgeantes, indignes d'un groupe d'une telle longévité...

Jaded Heart roule tranquille, serein, d'une bonne course, ni trop lente ni trop rapide... heureusement que les compositions sont inspirées par le talent musical de ces membres instrumentistes, car le groupe serait sinon tombé depuis longtemps dans l'oubli....