THE MORNINGSIDE est un quartet russe de Moscou, officiant dans un doom mélodique depuis 2006. Leurs trois premières productions, deux albums et un EP, sont caractérisées par un son très mélodique et sombre. Les fans de KATATONIA, AGALLOCH, OPETH ou encore ALCEST seront conquis par leur musique mélancolique, emprunte de nostalgie et de beauté à l'état brut. Les titres sont surtout axés sur l'instrumental, et la voix screamée vient parsemer le tout de juste ce qu'il faut de violence.

Le nouvel album, "Letters from the Empty Towns" quitte le sentier du doom mélodique pour se rapprocher de celui du death. Les rythmes sont plus soutenus et la voix est quasi omniprésente. Les morceaux sont plus nombreux et plus courts ; le changement de style se traduit aussi dans le format. Le groupe l'annonce clairement, il veut repartir sur de nouvelles bases mais sera-t-il à la hauteur de ce virement de bord ?
A l'écoute, ce qui ressort le plus est le sentiment de "déjà-vu" : le son est très semblable à celui de GOD DETHRONED en moins recherché...Le côté mélo des albums précédents est délaissé pour laisser place à un death sombre aux riffs accrocheurs. Les rythmes sont soutenus, les compo sont assez intéressantes mais le tout laisse une sensation de trop peu, amère.
La voix rauque s'accorde parfaitement aux guitares qui se lamentent et de très bons morceaux comme "Sidewalk Shuffle" ou "Deadlock Drive" nous montre le côté rock'n'roll sous-jacent du groupe, très plaisant.
THE MORNINGSIDE décrit l'album comme un voyage dans un sous-marin nommé le Morningside, peint aux couleurs des feuilles d'automne, et que celui-ci est en train de foncer dans des eaux contrôlées par les monstres du death et du thrash...Oui, soit. Cette tentative de qualification met bien à jour le côté ambivalent de cet opus (et peut-être le fait que le groupe lui-même ne sait pas vraiment ce qu'il fait...).
Des influences telles OPTEH pointent encore le bout de leur nez, rajoutant un intérêt lattant. Le sentiment général, à l'écoute de "Letters from the Empty Towns" est assez particulier : nous avons clairement l'impression que le groupe tâtonne. Il veut évoluer dans un nouveau style mais qu'il ne gère pas encore tout à fait. L'opus se retrouve donc composé de morceaux plats, de longueurs...L'auditeur en est assez déstabilisé. Certes, de bons morceaux sont présents comme ceux cités plus haut ("Sidewalk Shuffle" et "Deadlock Drive") mais cela ne contre-balance pas la sensation générale : c'est fouillis.

"The Letter" clôture l'album : c'est une ballade chant clair à la PLACEBO / guitare acoustique. La mélodie générale est plaisante, l'ambiance est feutrée mais le tout est insipide, sans vraiment d'émotions qui s'en dégage (nous frôlons la niaiserie). C'est très déstabilisant car ce titre dénote complètement et finit sur une note bancale, faisant ainsi perdre la fine crédibilité de l'album.
En somme, "Letters from the Empty Towns" est une ébauche, mais à vous de voir si un ticket pour le sous-marin Morningside vous tente ou non.