Nuklear Frost nous vient du Minnesota aux Etats-Unis, et cette formation, jusqu’ici inconnue au bataillon, risque bien de faire grand bruit dans le milieu black metal. Sortant peut-être de nulle part, le combo n’est pas un novice en la matière. Après une décennie d’existence et une démo sortie en 2009, le premier opus autoproduit des américains « Subjugation » voit le jour en mars 2014, en format digital (les exemplaires physiques seront bientôt disponibles via le label Tridroid Records).

Ce disque est typiquement le genre d’album qui rassure sur la bonne santé du black metal. Si elle reste traditionnelle dans l’approche, la musique de Nuklear Frost est une bouffée d’air frais et démontre qu’il n’y a pas besoin de renouveler les codes pour sortir un disque de caractère. Ainsi ce « Subjugation » est un condensé de black metal véloce et incisif flirtant avec la lourdeur du death metal. Bénéficiant d’un son moderne, la production signée Max Karon (guitar-tech live de Devil Driver) fait nettement ressortir tous les instruments, accentuant l’agressivité « Mardukienne » des morceaux. Le gros point fort de Nuklear Frost vient aussi et surtout du vocaliste. Entre growls sépulcraux («In the Name of Nothing » entre autres), vocaux blacks stridents à la Legion (ex-Marduk), éructations abyssales proches d'un Mortuus (Funeral Mist ; Marduk), ou encore les chœurs cérémoniels (sur « Charnel Ditch » et « Become Death »), l’alternance des différents chants apporte une plus-value considérable et de nombreux reliefs à l’ensemble.

Bien que la nouveauté n’en soit pas l’apanage, cette première offrande des américains a le mérite d’être variée, et surtout efficace et digeste, trois atouts qui font souvent défaut aux productions extrêmes. Durant l’écoute, l’attention demeure intacte grâce, notamment, à la durée relativement courte du disque et surtout parce que le groupe ne se répète à aucun moment. Nuklear Frost pratique certes un black brutal rappelant son homologue suédois cité plus haut, mais n’oublie pas d’aérer son propos avec l’ajout de lignes mélodiques. Ainsi les différents morceaux naviguent entre des riffs rapides et tranchants à la Dark Funeral sur un tapis de double et de blasts (« Vortex of Horror ») ou des arpèges rampants et passages mid-tempi à l’atmosphère malsaine et sulfureuse (« Charnel Ditch » ; « The Failure of Altruism »).

Sortant de l’ombre sans crier gare, ce « Subjugation » est un rafraîchissement appréciable dans un style quelque peu saturé. Grâce à une composition intelligemment pensée, Nuklear Frost jongle habilement entre mélodie et brutalité sans susciter l’ennui au fil des écoutes. Les américains signent donc un premier album abouti et de qualité ! Respect !