Soen est le groupe de l'ancien batteur d'Opeth Martin Lopez, et ça se sent violemment... Virevoltant dans le même climat que ce dernier, en prenant la même évolution progressive et mélodique, délaissant à jamais le death de leur début, la comparaison entre les deux groupes est indéniable, renforcée par les mêmes structures de morceaux et la même voix doucereuse et aérienne...

Passée l'immonde pochette d'un mauvais goût certain, on plonge de suite dans une atmosphère sombre et opaque, à peine palpable où se mêlent des sentiments contraires, une sorte de longue berceuse qui nous enveloppe sainement et nous embarque dans un voyage mélancolique bienfaisant...

Oui, nos sensations auraient pu ressembler à cela, si cela n'avait pas déjà été fait... et en mieux... « Tabula Rasa » nous fait un rappel de ce qu'était l'ancien groupe de Martin, à l'époque d'un Blackwater Park édifiant, et « Kuraman » et « Koniskas » nous emporte dans les grandes heures des mélodies imparables de Damnation, poussant le bouchon jusqu'à utiliser les mêmes sons de claviers, le fameux Mellotron au son sec et lancinant.

« The words » et « Pluton » nous font verser une larme en nous rappelant que « Watershed » et ses cassures de rythmes si typiques fut le dernier « vrai » album d'Opeth jusqu'à aujourd'hui et le bien nommé « Ennui » peine à nous intéresser jusqu'à la fin ; « Void » et surtout « The other's Fale » rabâchent des mélodies sans intérêt puisque déjà essoufflées par les morceaux précédents et encore une fois, je me répète, par la voix en tout point semblable à celle de Mickael Akerfeldt, belle, douce, mais égale et sans relief...

Bonne recrue ce Joel Ekelöf, tout droit venu de Willow Tree, mais tellement clone de notre génie de la mélodie Mickael que c'en est à se demander si les deux compères ne composent toujours pas ensemble en secret pour les deux groupes....

Point de solo de guitare inutile, une basse omniprésente qui fait la moitié du boulot, un batteur un peu hypnotique par moment mais assez inspiré et des riffs caractéristiques souvent ternaires qui se développent sur des rythmes asymétriques chers à tout groupe de prog digne de ce nom...

Alors cet album n'est pas inintéressant, loin de là, mais je suis resté focalisé sur la ressemblance avec Opeth, (et dans une moindre mesure Tool), comme si Soen était un disque hommage à ce que ce groupe fut et n'est plus... Une bonne alternative à tous les déçus de Heritage et Pale Communion, bien que Tellurian ait aussi des similitudes avec ces deux derniers...