Un nouvel album de KEEP OF KALESSIN fait toujours un petit effet. Depuis que le groupe a explosé avec l’excellent ARMADA (2006), chaque sortie est scrutée et jamais elles n’auront déçu, que ce soit KOLOSSUS (2008) ou REPTILIAN (2010), acclamées par les critiques et le public. Plus tard, en 2011, le groupe avait fait parlé de lui, lorsqu’on l’avait invité à tenté une participation à l’eurovision. Il avait finalement terminé 3ème des qualifications nationales. C’est peut dire donc, que KEEP OF KALESSIN est attendu au tournant en 2015. Fidèle à son habitude, le groupe a su évoluer afin de nous surprendre grâce a cet EPISTEMOLOGY, suite logique de REPTILIAN dans ce qu’a entamé KEEP OF KALESSIN : un changement d’orientation musicale. Et comme toujours, s’il y aura des adeptes, il y aura aussi des détracteurs …

Premier indice, le disque débute sur un titre dénommé COSMIC REVELATIONS … Petite intro d’une minute dix ouvrant la voix au surprenant THE SPIRITUAL RELIEF. Aucune voix black. Aucun growls. Il s’agit d’un morceau de près de 10 minutes en chant clair, accompagné de chœurs. Ah on les entend déjà les détracteurs … Il faudra tout de même reconnaître au groupe une certaine innovation et un refus d’immobilisme. THE SPIRITUAL RELIEF n’est pas le morceau le plus réussi de l’album, certaines redondances gâchant un peu ce beau pavé, mais il laisse entrevoir l’évolution du groupe au sein de l’album. Eh oui, KEEP OF KALESSIN aime le progressif et tente aujourd’hui de l’incorporer à sa musique, tout en gardant quelques traces du passé, comme certains relents épiques (UNIVERSAL CORE), le son des guitares, les riffs en palm-muted et l’enveloppe black-metal. Mais l’essentiel est ailleurs : l’évolution sonore. Elle résulte d’un gain technique remarquable, aussi bien sur la production que dans l’exécution des musiciens.

EPISTEMOLOGY gagne donc en qualité sonore. La production est plus claire et permet de mieux distinguer chaque instrument. Exit le son ‘roots’, cela permet d’apprécier une musique plus subtile qu’il n’y parait (NECROPOLIS). Des détails qui pouvaient être présents sur les albums précédents mais qu’on ne pouvait distinguer le sont donc ici. Le revers de la médaille, est la perte du son organique qui faisant notamment la force d’ARMADA, (aucun incruste Folk ou acoustique sur EPISTEMOLOGY) pour quelque chose de plus actuel, moderne et … électrique. INTROSPECTION en est un parfait exemple ; quelques synthés, un son dense, la présence de chœurs sur le refrain … Ce titre est assez loin des premières productions estampillées KEEP OF KALESSIN.

Mais ce sur quoi pourront butter certains fans du groupe, sera l’orientation musicale de l’album. On retiendra un aspect progressif qui commencera dès THE SPIRITUAL RELIEF et se prolongera tout au long d’EPISTEMOLOGY. NECROPOLIS en est assez représentatif par la diversité de ses voix, son riff très prog’ et ses arrangements assez subtils et fouillés. Le morceau éponyme se distingue par ses parties différentes : une première partie plutôt black, un pont plus atmosphérique, teinté de nappes de synthé, de guitares aériennes, et une dernière partie qui termine l’album sur une note épique, mélange de chœurs, de lignes mélodiques à la 6-cordes et d’un plan de batterie plus rock. EPISTEMOLOGY est une sorte de ‘titre à tiroirs’ auquel se confrontent des titres plus directs comme INTROSPECTION et UNIVERSAL CORE, 2 des titres les plus traditionnels pour KEEP OF KALESSIN. On retrouvera à chaque fois un refrain en voix claire et des soli de guitares qui prouvent, à nouveau, l’efficacité technique des guitaristes.

Enfin, on ne passera pas sous silence 2 autres morceaux, tout aussi efficaces mais moins directs : THE GRAND DESIGN dans un registre plus black-metal encore une fois. La batterie est le grand architecte du son de ce morceau, au tempo très enlevé, doublé d’un riff qui s’appuie sur la même rythmique binaire. Un morceau rapide et sans concession. DARK DIVINITY est plus alterné, avec des passages en blast et d’autres mid-tempo.

Vous l’aurez donc compris, EPISTEMOLOGY est un album qui fera date dans la discographie de KEEP OF KALESSIN et qui servira probablement d’étalon pour la suite de leur carrière. Marquant un tournant musical, davantage progressif et, surtout, plus technique. Une technique qui se retrouve dans la production et dans l’exécution des guitares d’OBSIDIAN C (INTROSPECTION). Et même si l’évolution est aussi marquante que marquée, il y a toujours ce son propre au groupe, qui lui permet largement de se distinguer au sein de la scène métal actuelle, et un savoir-faire qui lui est propre pour les lignes de guitares. Un album qui partagera, mais qui, de toute façon mérite que l’on s’y attarde. Très longtemps même …