Direction l'Australie, le pays anglophone de l'hémisphère sud où les kangourous et les kiwis sont rois ! Mais ici, ce n'est pas réellement de ces symboles et, il faut le dire, clichés dont il est question (ni d'ACDC d'ailleurs)... Voici donc TEMTRIS, groupe de Heavy Traditional Metal à chanteuse évoluant sur les scènes de Adelaide, Melbourne, Sidney et plus généralement de toute l'Australie depuis 2000. Ce « Shallow Grave » est en fait leur troisième opus sorti l'année dernière, c'est donc plus un récapitulatif avant le prochain album (qui est d'ailleurs en préparation) que je vais vous proposer plutôt qu'une chronique exclusive. Trop de temps a déjà été perdu, allons à l'écoute !


Le groupe nous accueille avec le titre « Captured » et son introduction à la basse qui semble très bien claquer sous les doigts de Adam Wotherspoon. La voix haute perchée de Genevieve Roda vient percer la grosse nappe de saturation vite rejointe par une voix caverneuse et grasse, faisant s'opérer une certaine complémentarité. Le point culminant de cette osmose se trouve juste avant l’électrisant solo de guitare orchestré par les gratteux Lew et Anthony (Lew a quitté son poste de guitariste en décembre dernier en même temps que le batteur Ben remplacé par le rythmicien originel du groupe Wayne Campbell) grâce à une montée en puissance déclenchant ce fameux solo.
Le deuxième titre, « Slave To The System », s'ouvre lui sur une intro beaucoup plus mélodique, délaissant la basse pour une guitare au son incisif. La transition entre l'intro et la musique réelle aurait pu être un peu plus marquée, car le titre s'attaquant sur de la double pédale, nous sommes pris de cours et ne savons pas réellement comment réagir. Comme pour les voix, on trouve ici une complémentarité vis à vis des guitares, l'une étant dans les palms mutes rythmiques, l'autre dans les notes plus hautes ce qui donne au riff une puissance considérable. Mais passé ces réjouissances, le titre nous montre une autre visage, celui d'un titre pas assez précisément travaillé. Le solo tout comme l'entrée en matière, arrive comme un cheveux sur la soupe, là où personne ne l'attend. Tout comme dans « Captured », une montée en puissance se manifeste mais au bout pas de solo, ce dernier arrivant quelques riffs plus tard, là où l'effet de cette montée est retombée..
Mais bon, consolons nous avec le titre éponyme qui est un véritable chef d’œuvre ! Du moins une partie.. Une six cordes au son clean nous accueille et nous conduit au plus près de la chanteuse à la voix rappelant le Hard des années 70/80. La distorsion vient enfin rejoindre tout ce beau monde pour créer un ensemble aux sons puissants et ravageurs. Deux minutes plus tard, tout retombe pour laisser place au silence et donc à la prochaine composition.. Mais que nenni ! L'ensemble repart d'un coup encore sans prévenir pour continuer.. mais avec des rythmes et riffs totalement différents et beaucoup plus violents. Très bonne dans son genre, la deuxième partie ne s'accorde pourtant aucunement avec la première et aurait mérité une vraie séparation.. La déstabilisation est totale mais passé cet état, on prend plaisir à écouter ce morceau aux sonorités épiques !
« The Entity » s'ouvre sur un growl que j'ai qualifié d' « énorme » en gueulant, seul, reclus dans ma maison... Mais en le réécoutant et en continuant dans l'écoute du titre, on s'aperçoit vite que la voix saturée est, déjà, beaucoup trop saturée, puis totalement couverte par les instruments et reste donc en retrait comparé au reste du mix. De plus, nous tombons peu à peu dans une sorte de routine de plans avec ce titre, notamment à cause du solo aux sonorités orientales dans un premier temps puis aux allures de masturbation de manche (de guitare hein...) . Et ce au bout de quatre titres..
J'ai bien l'impression que « Silent Tears » va me contredire... C'est le déluge de nouveauté ! Entre piano, contage d'histoire alternativement en anglais et français, un tempo beaucoup plus bas que d'habitude pour le couplet et l'apparition de tremolo picking au refrain... Je suis au paradis ! Plus sérieusement, nous avons ici une sorte de balade portant sur la peur de la solitude où la voix de Genevieve colle parfaitement à la musique. Le solo est extrêmement bien exploité, pas trop lent, pas trop rapide, juste ce qu'il faut pour coller à cette magnifique composition. Ah ce que j'aime être contredit de la sorte !
Après cette superbe musique, on attaque « Forever Haunted » d'un autre œil ! Ce titre s'inscrit dans un cadre Heavy Metal un peu boosté aux hormone tout de même mais nettement moins bourrin que « Shallow Grave » (seconde partie) par exemple. En tout cas, même si le plan est sensiblement le même que les précédents titres, on se prend au jeu grâce au groove que « Forever Haunted » nous envoie droit dans les oreilles, la section rythmique nous donnant des parties de doubles pédales efficaces. Et puis, ce son de cymbale ride est parfaitement dosé et s'impose totalement dans le mix. Un bon petit titre en somme !
« Darkness Lies », comme son titre l'indique d'ailleurs, est une des, si ce n'est la, musiques les plus sombres de l'album. L'intro aux dissonances « guitaristiques » nous plonge dans une inquiétude constante au fil que la musique défile. Le solo est lui aussi étonnamment bas comparé à ce que l'on a eu l'occasion d'entendre sur ce disque. Ce titre n'a pas réellement retenu mon attention, trop banal à mon goût et manquant d'extravagance..
Enfin, l'album se fini sur la bonus track « Your Time Has Come ». Et bien, de toute la galette, c'est la compo que je préfère. Là, on a vraiment l'impression que le groupe se défonce dans sa musique, avec un riff lourd presque Neo Metal à la SALIVA, et une chanteuse qui donne tout ce qu'elle a au plus profond d'elle. Ce serait presque choquant de voir un tel changement d'ailleurs..


Alors, « Shallow Grave » est réellement un ensemble de bien et de moins bien, de bon et de moins bon. TEMTRIS développe une musique de qualité mais qui n'est pas assez développée à mon goût, un peu trop banale en fait. Peut être qu'avec ce changement de line up le groupe trouvera une base solide qui lui permettre de mettre en pratique de nouvelles techniques de composition. En tout cas, le prochain opus ne devrait plus tarder, et je sera là pour l'intercepter !