Miellnir : le groupe aux nombreux visages (point à développer le temps de cette chronique). Le nom du quintette semble être une variante locale de Mjöllnir, marteau de Thor. Tout droit venus de Mikolaiv en Ukraine, Daimonos (batterie), Cherep (guitare), Yarek Ovich (guitare/chœurs), Gjallarhorn (guitare/chœurs), Frozensoul (basse/chant) ont formé le groupe en 2005. Une incompréhension surgit car leur premier album Incineration Astern n'est sorti qu'à la fin de l'année dernière via le label russe Stygian Crypt Productions. Il est vrai que la scène folk/viking metal s'est avérée très florissante ces dernières années, et sortir un album lors de cette période aurait été un risque de se fondre dans la masse. Pourtant, je vais vous prouver en quoi Miellnir sort du lot.

Incineration Astern débute sur « Incineration Overture », court morceau instrumental au synthé agrémenté de chœurs féminins créant une ambiance inquiétante et menaçante. La tension est palpable, comme si une bête endormie ou un volcan éteint semblait se réveiller à tout instant.
Sans transition, cette atmosphère glaciale renforcée par les claviers, à l'instar de Syn Ze Sase Tri, se poursuit, dans une alternance entre chant black et voix caverneuse. On profite également d'un bridge plus folk et épique d'une guitare qui imiterait presque les sonorités d'une cornemuse.

Comme annoncé plus tôt, Incineration Astern est un parfait condensé de divers genres musicaux, transgressant ainsi les codes d'un album de folk/viking metal traditionnel. Ne serait-ce qu'avec les voix, l'on peut assister à une palette très variée, dans une alternance de chants clairs, death et black. Les chœurs donnent une dimension atmosphérique, comme dans « Ugar-buhlo » et « Jörð », et un rendu très aérien, ou créent au contraire une ambiance plus épique, comme dans « Legends of the Fallen » et « The Gallows Tree ». Le chant black est davantage mobilisé afin d'apporter un état mélancolique et empreint de souffrance, tel que dans « Journey Throught the Nine Worlds ». Enfin, la voix death, au paroxysme de son état caverneux dans le morceau typé doom « Stand Against », contribue à la dimension sinistre et terriblement sombre.

Musicalement parlant, on profite également d'une grande variété dans les rythmes et dans les ambiances, parfois au sein d'un même morceau. « Embraced by Ire » en est un bon exemple, combinant le style folk metal grâce un accordéon entrainant, donnant ainsi un petit air d'humppa traditionnel, à des phases plus sombres renforcées par les claviers. On peut aussi parler de « Stand Against », dans lequel le rythme est majoritairement très traînant, mais qui se voit dynamiser par des envolées de guitare. Certains morceaux ont d'ailleurs une dimension progressive, à l'image de « Jörð » et de « Valhalla Awaits », aboutissant à de très bons soli.

Miellnir aura mis le temps, mais quand on voit le résultat, cela en valait la peine. Avec ce premier effort, le groupe est en bonne voie pour se faire une place de choix dans la scène folk/viking metal, grâce à des compositions qui respirent la diversité.