Deuxième album de ce très intéressant groupe français, “The warning signal” enfonce le clou avec leur metal prog teinté d’électro et d’indus, en tout cas résolument moderne et affirmé, et nous embarque dans un univers bien à eux, empreints de sentiments exaltés.

Après la découverte de la première écoute, on reste assez mitigé sur le pourquoi du comment, tant la musique de The Long Escape et de son géniteur le chanteur guitariste Kimo semble complexe et difficile à appréhender. Une fois également le chant apprivoisé – attention, Kimo est un très bon chanteur mais son timbre médium fait penser parfois à un Robert Smith (The Cure) sous acides, qui mérite un temps d’adaptation -, on peut à nouveau s’immerger des riffs extrêmement corsés et des rythmiques de l’excellent Tom aux fûts, soutenus par Nicolas (basse) et Marius (deuxième guitare), ornés des mélodies vocales très inspirées de Kimo, qui n’hésite pas à doubler sa voix pour un effet de chœurs saisissants et parfois volontairement dissonants.

Certains refrains sont carrément prenants, ce qui est rare dans ce style d’exploration musicale, on se délecte donc des harmonies de « Awakened ones » et « Million screens ». Un petit côté indus des années 90 nous revient à la figure avec « Digital Misery » et une petite accalmie, « Carnival of deadly sins » vient souffler sa petite brise sur nos ouïes exaltées. La magie continue son effet et les ambiances créées ensuite (« The search », « Homoweirdiculous » et l’excellent « Slave ») surprennent notre attention. Introspectif ou bavard, le but de ce groupe est de partager ses émotions en musique, ses états d’âmes, son caractère tantôt enjoué, tantôt glauque à souhait…

« The last crying man » finit cet album en apothéose avec un semblant de Devin Townsend dans les ambiances planantes et très sonores (la multi-superposition de pistes en moins !), et les passages acoustiques ponctuent cette folie d’une beauté et d’une simplicité incroyable, du grand art ! Et pas une seconde d’ennui tout au long de ces 12 chansons…

Très belle découverte que ce Warning Signal, notre pays a décidément de sacrés talents musicaux, et je me demande tous les jours pourquoi si peu sont reconnus à leur juste valeur, avec la notoriété qu’ils méritent... Le monde est injuste, les médias sont injustes, le public est injuste aussi car il n’est pas (n’est plus ?) désireux de découvrir, chercher à connaître de nouvelles émotions par la musique… A tous ceux qui ont l’esprit ouvert, je vous invite à découvrir The Long Escape, vous serez surpris, émerveillés, tristes, mélancoliques, en colère, d’une douceur implacable… Bref, tous les stades émotionnels tour à tour ressentis pour un très bon moment de grâce !