« On raconte que la mère de Socrate était sage-femme et qu’il comparait sa pratique philosophique à la maïeutique (l’art de faire accoucher). En effet, ce n’est pas la sage-femme qui « met au monde » l’enfant. Elle est seulement là pour apporter son aide lors de la naissance. De même, la tâche de Socrate consistait à « faire accoucher » les esprits de pensées justes. » écrivait Jostein Gaarder, expliquant que Socrate posait des questions naïves aux gens pour les pousser à réfléchir. Ces personnes se rendaient alors compte, au cours de leur réflexion, qu’ils possédaient des connaissances.

Maïeutiste, groupe stéphanois créé en 2006, est un sextet aussi ambitieux que l’origine du nom du groupe le laisse penser…
Le premier album de Maïeutiste, qui a vu le jour après de longues années de composition, est en effet particulièrement riche et complexe.

Il faut dire que Maïeutiste ne s’enferme pas dans les carcans traditionnels du metal. Maïeutiste n’est pas seulement un groupe de black metal : il est, au contraire, un mélange unique de genres et d’influences, osant allier black metal à ambient (Purgatoire, rituel acoustique mené par des chœurs), jazz ou encore doom (Lifeless Visions). Le groupe signé par Les Acteurs de l’Ombre est en effet d’une créativité incontestable et sait créer une musique personnelle et surprenante.

Ecouter une partie seulement de l’album de la formation stéphanoise ne peut ainsi être représentatif de l’album dans son entièreté car chacun des morceaux est foncièrement différent des autres, d’où l’impossibilité de coller une étiquette juste au groupe... Je recommande toutefois certains morceaux, qui sauront donner un aperçu de l’esthétique musicale du groupe, notamment l’excellent et captivant The Eye of Maieutic Art, Reflect – Disappear pouf son riff accrocheur, ...in the Mirror... pour ses entêtantes mélodies et ses chœurs mais surtout Annonciation, très influencé par Pink Floyd.

Cet album intelligent relève ainsi d’une véritable expérience musicale pour l’auditeur. Pourtant, s’il est excellent sur bien des aspects, il aurait mérité – à mon sens – d’être plus court. Dépassant l’heure et quart, il aurait pu se passer de certains passages, comme, par exemple, le milieu d’Absolution, trop technique et rapide et donc moins adapté à l’univers dépeint par le reste de l’album de Maïeutiste (alors que la suite est bien plus intéressante, quelque part entre Twin Peaks et Taake).

Une durée raccourcie de cet album aurait ainsi permis plus d’efficacité et une attention renforcée dans son écoute.
La complexité de cet album nécessite toutefois, de toute façon, bon nombre d’écoutes afin d’en mesurer sa richesse. C’est donc au fil des écoutes que j’ai pu apprécier toujours davantage cet album, que je recommande chaudement à ceux qui aiment se faire surprendre...