Nouveau chapitre dans l’existence de notre chère Mallory le personnage, cette fois dans les sombres prisons du Mexique où elle est enfermée, entre musique rock lancinante et textes perturbés, le groupe français sort ce troisième album avec son panache et sa simplicité habituels, le road-trip continue sa course et nous fait à nouveau « transplaner »…

Plus sombre disais-je que les deux précédents et excellents méfaits, ce Sonora RF Part I ne dénote pas tant que ça de la musique de Mallory, qui reste un rock cru et brut (quel bonheur d’entendre une vraie batterie, avec timbre de caisse claire et harmoniques des cymbales…), des rythmiques criardes et bourrées de feeling, et surtout cette voix, torturée, toujours entre le bien et le mal, le zen et le déchaîné, le placide et le maléfique, une belle et intense bipolarité…

On a tout de même l’impression que Phil le chanteur module plus sa voix et la contrôle presque un peu trop, là où l’effet Jim Morrison générait parfaitement une sensation de torpeur chaude, on a du mal à sentir cette vérité (sauf sur « Silex » où elle revient d’un seul coup !), cet instantané qui m’avait tant marqué sur les 2 premiers albums... Même chose lorsque la voix s’énerve et s’écaille, elle est plus précise dans la colère et la rage, on a l’impression qu’elle devient forcée à certains endroits et presque trop dirigée….

Mais cela reste un détail, son timbre naturel continue à me filer des frissons, c’est la preuve que le feeling fonctionne et qu’il est toujours intact… « Overwhelmed » et « Suzanne » sont particulièrement impressionnants dans l’émotion qu’ils transmettent, et le chant français, alterné à l’anglais tout au long de l’album, ne choque aucunement la sensibilité musicale, grâce certainement aux mots bien choisis et adéquats. Une réussite de style…

Coup de cœur à nouveau bien sûr pour ce groupe qui m’ensorcelle depuis le début par cette intensité naturelle sans fioritures ni technologie sonore poussive, juste une authenticité bienfaisante pour un beau voyage à travers des paysages torrides et secs, chargé d’histoires et de vérités… Vivement la Part II !!!