La belle et grande salle du Totem (MJC) de Rilleux-La-Pape accueillait ce vendredi 17 avril un concert metal particulier. En effet Sounds Like Hell Productions avait décidé de nous proposer une affiche 100% française de 4 formations de metal dit « moderne », aventureux, sortant des sentiers battus.
Ce sera les Lyonnais de MOBIUS et de NONSENSE qui ouvriront pour les incontournables déjantés frenchies HYPNO5E et TREPALIUM. Tout un programme donc proposé aux quelques 200 métalleux curieux et motivés qui vont investir les lieux dès 19heures pour une soirée qui devrait se révéler alambiquée et originale en diable.

C’est avec les Lyonnais de MOBIUS, groupe formé à la Réunion, que nous avons rendez-vous dès 19heures 15, il ne faut donc pas trainer pour voir et apprécier (ou pas) cette jeune formation de metal/prog.
Ce metal à chant féminin délivré par la charmante Heli, contrebalancé par les « growls » du bassiste Julien est sensé trouver sa place entre metal symphonique et djent avec des compositions bien construites. L’apport de claviers tempère les avancées métalliques un tant soit peu agressive du guitariste. Entre Dream Theater, Symphont-X et plus récemment Periphery, le quintette s’est déjà fait remarquer en assurant la première partie de Leprous à Lyon et récemment en participant à la finale du dernier Headbang Contest.
Alors nous allons dire que leur prestation fut un peu courte mais suffisante pour faire découvrir cette formation qui cherche encore à se frayer un chemin dans le metal dit « à chant féminin » déjà bien fréquenté actuellement. Leur prestation fut agréable mais sans surprise en ce qui me concerne, à suivre bien entendu pour voir l’évolution de la formation/Réunion/Lyon.


NONSENSE qui succède à Mobius a déjà fait ses preuves dans le metal barré, djent si vous voulez avec des ambiances « meshugghiennes » évidemment mais pas que…
Les membres de Nonsense nous interpellent de par leur énergie, leur cohésion remarquable et remarquée. Avec des compositions originales et travaillées, le groupe interpelle et sait nous promener avec facilité dans les méandres de son délire avec notamment le frontman Olivier qui vit ses textes et le batteur Simon maitre des fûts. Guitares et basse quant à elles se complaisent dans des chemins torturés, alambiqués et aussi dissonants. Tout ceci est bien senti et cohérent sans negliger ce côté aventureux/prog qui leur est propre.
Résultat des courses, nous avons eu droit à un show de metal moderne efficace, intelligent, puissant, mené avec une patte bien pro si je puis m’exprimer ainsi. Du djent de qualité recherché et au bout du compte très personnel, voilà ce que nous a offert Nonsense ce soir au Totem de Rilleux, merci !
Set-list en photo.

C’est ensuite au tour d’HYPNO5E de venir nous disséquer la matière grise avec une démonstration hypnotique (sic) dans une certaine absence de lights où seules les ombres du quatuor viendront se présenter devant notre champ visuel.
Les Montpellierains n’ont plus rien à prouver et ont semé des prestations un peu partout dans le monde depuis une douzaine d’années. Avec Hypno5e place au spectacle innovant et avant-gardiste inclassable ce qui fait leur force bien sûr. Le quatuor nous tient dans le creux de sa main et ne nous lâche plus durant tout son set. Des voix samplées déclament, interpellent nous laissant dans la salle d’attente d’une certaine violence qui soudain envahit nos conduits auditifs et nos rétines dans ce « no-light », cette noirceur désespérément sombre.
Le chanteur est en transe dans ces moments complètement déchirés, guitariste et bassiste prenant possession de la scène tels des épileptiques de passage. Le batteur fait le reste avec des avancées monstrueuses nous broyant les tripes méticuleusement dans les passages bulldozer d’une rare intensité et avec une précision mortelle.
Bref, Hypno5e s’est déchaîné encore une fois devant nous dans un délire pseudo-psychédélique sans billet de retour dans la mélancolie sulfureuse de nos rêves, ou plutôt cauchemars quotidiens, géant ! Et la fin de leur prestation sera « destroy » sur scène où l’on malmène les instruments, incroyable !


TREPALIUM a soigné son décorum pour son show bourrin, déglingué, jazzy, death aussi, particulier enfin !
Le frontman et géniteur du groupe arrive sur scène au milieu de ses musiciens, ses « dreads » de toujours volant dans tous les sens sur un titre musclé le fameux « Moonshine Limbo » extrait du nouvel EP des années trente « Voodoo Moonshine ». Et c’est parti pour une heure de death-swing, car oui Trepalium persiste et signe dans sa démarche non commerciale depuis une quinzaine d’années mélangeant thrash, death et jazz. Et le public adhère de plus en plus à cette démarche qui paraissait « hors propos » au départ de l’aventure en 2000.
Mélange réussi donc débordant de groove pour les nouvelles compositions des Poitevins. Personne au bar, tout le monde dans la salle, public en mouvement non-stop, la sauce Trepalium prend c’est certain avec un showman charismatique, parfois inattendu, mais oh combien dérangeant dans nos certitudes. Le groupe continue donc d’innover, de travailler inlassablement, n’étant jamais à court d’idées. Et malgré l’absence de l’un des deux guitaristes ce soir, Trepalium a rempli haut la main sa mission créative et « catchy », tout simplement impressionant quoi !
Set-list en photo.

Soirée innovante dans le paysage des concerts metal lyonnais donc, mais soirée somme toute réussie, l’idée était donc bonne. Sounds Like hell Productions pourra je l’espère continuer dans cette voie pour certaines affiches représentant le metal français de qualité afin de le faire découvrir au plus grand nombre, merci à eux.