CHRONIQUES DE CONCERTS

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ABYSMAL GRIEF
Avec : Saint Barthelemy’s Temple01, SaturninE02, Abysmal Grief03
Date du concert : 24-04-2015  
Lieu : Hôtel de la musique - Villeurbanne [ 69 ]  
Affluence : NC  
Contact organisateur : http://myspace.com/wintermoonproductions  
Interview :  
   
Date de la chronique : 01 mai 2015 - Chroniqueur : Franckenstrat - Photographe : Franckenstrat  


Me voici donc de retour dans les salles obscures, mais un poil trop sombre ce soir à mon goût. Du coup, ce n’est pas vraiment le top pour les photos à moins d’avoir du matos de milliardaire, ce que je n’ai pas. Franchement, j’ai cru que j’allais en pleurer. La prochaine fois c’est décidé, je viens avec ma frontale …

C’est donc le quatuor grenoblois de St Barthelemy’s Temple qui va ouvrir cette soirée.
Voici un excellent groupe très au point que je ne connaissais pas. Bien qu’ils n’aient qu’un EP à leur actif, cela ne les empêche pas de faire figure de groupe très expérimenté qui ne souffrira absolument pas du ridicule devant les deux grosses affiches à venir.

St Barthelemy’s Temple pratique un doom death particulièrement obscur au tempo souvent très lent. Le groupe est doté de trois excellents instrumentistes parfaitement calés qui font rugir leurs amplis avec des distorsions épaisses, écrasantes et grasses, tandis que le batteur cogne sur ses peaux comme si le cœur même du groupe battait au ralenti.

Et là, par-dessus cette atmosphère qui vous enveloppe d’un ténébreux brouillard, le chanteur vient poser sa voix qui oscille entre un timbre totalement sépulcral et le hurlement du black metal.

Les Isérois ne se cantonnent pas de jouer des morceaux plan-plan où il n’y a pas d’espace ni de brin d’air qui circule dans la partition. Non, ils savent intelligemment accélérer les tempos dans des breaks qui interviennent toujours au bon moment. Cela fait que leur musique n’est jamais ennuyeuse ou soporifique, comme c’est parfois le cas dans le doom metal. Leur empreinte sonore est un savant mélange de doom death teinté d’un black metal des plus vindicatifs.
De plus, ils ont cette particularité d’avoir des titres relativement courts la plupart du temps, alors que dans la plupart des cas, les morceaux de doom death sont très souvent interminables.

Pour moi c’est une excellente découverte avec ce groupe qui pour moi a de l’avenir s’il continue dans la même veine. Je vous invite donc à découvrir ce qu’ils font en suivant ce lien où vous pourrez écouter et télécharger gratuitement leur EP.

http://stbarthelemystemple.bandcamp.com/

Mais ce n’est que le début de la soirée et je suis loin d’avoir tout vu et tout entendu car ce qui m’attend derrière va me faire l’effet d’un véritable électrochoc. C’est le ciel et tout ce qui va avec qui va me tomber sur la tête.

Si dieu a créé la femme, alors il a dû créer en même temps les SaturninE. Nous sommes pourtant en pleine obscurité et elles vont me faire l’effet d’un manteau de lumière.
Si Amenra qui est à ce jour à la pointe du sludge metal le plus extrême, s’ils ont leur équivalent au féminin, alors je pense en toute sincérité que ce sont les SaturninE qui sont incontestablement les mieux placées dans ce domaine.

La musique des SaturninE est complètement émotionnelle, c’est un immense cri de souffrance qui vient du fond de leur âme. Elles sont un univers à elles toutes seules et leur empreinte sonore ne ressemble à personne. L’atmosphère qu’elles font régner sur scène est hypnotique et profonde. Si tu te laisses conduire au plus profond de leur monde déchiré et obscur, alors elles te volent ton cœur et ton âme. Leur musique t’aspire et t’expédie non pas pour un monde meilleur, mais pour un monde rude parsemé de larmes et de sentiments.
En quelque sorte, les SaturninE sont l’autre côté du miroir, ce côté sans reflet, celui qui nous est inconnu et qui pourtant nous ressemble tant.

Une obscurité quasi-totale est descendue sur l’Hôtel de la musique. Seules quelques bougies en bord de scène éclairent les filles d’une pâle lueur.
Katrien est accroupie repliée sur elle-même lorsque tombent les premières notes du set.
Lorsque sa voix extrême et totalement déchirante s’élève, une émotion intense se crée dans la salle, tant et si bien que le public se presse et se masse silencieusement dans la salle.
A parler franchement, il y a longtemps que je n’avais pas vu autant de monde être aussi présent pour un set à l’Hôtel de la musique.

La musique des SaturninE est à la fois d’un concept assez simple et pourtant redoutablement efficace. Le son est puissant, à la fois très ample, avec beaucoup d’espace. Même si elles ont un son très rude avec des distorsions puissantes et graves, elles n’en font jamais trop, tout est dans la retenue.
A chaque nouveau morceau, les SaturninE montent d’un cran dans la rage, jusqu’à lâcher complètement les chiens dans les moments ultimes du set.

Le triangle solide du groupe c’est Jex à la basse, Samantha à la guitare et Angelica à la batterie. Elles sont réellement l’axe fort des SaturninE et l’on sent qu’elles ont l’habitude de travailler toutes les trois ensemble. Elles sont en quelque sorte la respiration du groupe, la toile de fond sur laquelle Giulia vient poser sa guitare et ses solos incisifs et Katrien sa voix monumentale qui sait nous faire mal là où ça fait mal et nous envoute jusqu’à la transe.

Oui je l’avoue, les SaturninE m’ont tué, m’ont volé mon cœur et mon âme. De plus, ces filles sont d’une grande gentillesse et d’une humilité sans pareil.
Je vous invite à découvrir leur page facebook et à les aimer vous aussi. Leur nouvel album devrait sortir d’ici une ou deux semaines, achetez le les yeux fermés. Gardez quand même un œil ouvert par prudence pour ne pas vous casser la gueule …

https://www.facebook.com/pages/SaturninE/122895697798357

Ce soir nous ne fêtons pas d’anniversaire et pourtant les bougies s’alignent sur la scène. Cela correspondrait au moins à l’anniversaire d’un centenaire si seulement en plus il y avait un gâteau. Mais il n’y en a pas, par contre il y a des fleurs. Finalement côté déco, Abysmal Grief fait plus dans le funéraire que dans le festif.
On dirait également que l’on assiste à dix messes en simultané tellement il y a d’encens qui brule sur scène. Cela crée un brouillard totalement opaque tant et si bien qu’on se croirait à Manchester un soir d’hiver et en plus ça pue. Il y a même des flammes devant la batterie.

Bref, le décor étant désormais planté, ce sont les Italiens d’Abysmal Grief qui entrent en scène.
Les claviers version pupitre massif, sont installés en bord de scène. Labes C. Necrothytus en bon maître de cérémonie va se déchirer dessus durant tout le set en même temps qu’il sera au chant.

A la basse, Lord Alastair a revêtu un ténébreux habit de moine avec une immense capuche qui lui couvre tout le visage.
Regen Graves à la guitare, fait dans le soft, pas de tenue particulière, il se contente seulement de jouer très bien, ce qui nous convient parfaitement.
Quant à Lord of Fog qui est à la batterie, je n’en ai aucune idée car je ne distingue même pas sa silhouette à travers l’épais brouillard provoqué par l’encens.
Par conséquent, impossible de faire la moindre photo, c’est peine perdue. Même avec un flash le résultat serait le même car il m’en faudrait un qui soit au moins antibrouillard.

Abysmal Grief est un groupe sacrément expérimenté, on le sent tout de suite. Après presque 20 ans d’existence, avec au compteur trois bons albums, une grande quantité de split et de EP, les Italiens commencent à avoir une grosse expérience et n’ont plus grand-chose à prouver.

Je ne trouve pas que leur musique soit aussi Doom que cela. Les incursions dans un registre plus Black Metal ne sont pas rares avec des tempos tout de même assez rapides.
Ils ont une empreinte musicale très personnelle et un style très décalé par rapport à tout ce que l’on peut voir ou entendre dans la même veine.
Le côté Horror Black Metal ressort beaucoup à cause de l’utilisation des claviers et du son très vintage qu’il en ressort. La voix fantomatique et chevrotante de Labes C. Necrothytus y est également pour beaucoup.

Toutefois, on peut dire que la musique d’Abysmal Grief est avant tout diverse et variée et ne s’attache pas uniquement à un seul type de tissus sonores. C’est bien pour cela que le set n’est jamais ennuyeux et que d’un titre à l’autre c’est un peu l’inattendu. Les Italiens ne vont pas non plus hésiter à nous sortir des morceaux très rock avec un excellent groove.

En conclusion je dirais qu’Abysmal grief est un groupe que tout public peut aller voir, du moment que ce public apprécie tout ce qui est un peu dark. Les Italiens possèdent une musique aussi riche que variée qui s’écoute avec facilité. Ils ont également un show très sympa qui bouge bien et une très bonne complicité avec le public. C’est seulement dommage que la densité du brouillard à l’Hôtel de la musique ait gâché mes possibilités de vous faire des photos sympas.

Merci aux trois groupes qui se sont déplacés pour nous offrir cette obscure et magnifique soirée. Un grand merci également à Jacques et à Wintermoon productions pour nous avoir conviés à cette très belle affiche et merci également à l’Hôtel de la musique pour son habituel accueil chaleureux et à son chat qui est venu faire un saut, mais voyant tout ce monde, n’a pas souhaité rester …








 


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