CHRONIQUES DE CONCERTS

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FESTIVAL SUR LES POINTES
Avec : LES RAMONEURS DE MENHIRS, THE EXPLOITED, SIDILARSEN, BLACK BOMB A, ULTRA VOMIT, 8.6 CREW, LA PRIERE DU POULET
Date du concert : 22-05-2015  
Lieu : PARC DÉPARTEMENTAL DES LILAS - VITRY SUR SEINE [ 75 ]  
Affluence :  
Contact organisateur : https://www.facebook.com/lespointes.festi  
Interview :  
   
Date de la chronique : 28 mai 2015 - Chroniqueur : RDpix - Photographe : Rémi DEROCHE/RDpix  


Les organisateurs du festival Sur les Pointes qui se tient à Vitry sur Seine chaque année ont de nouveau frappé un grand coup. Ce petit festival familial réunit, pour cette édition 2015, de nombreux groupes français et internationaux. Et comme tous les ans, le vendredi a réuni de nombreux punks et métalleux venus se changer les idées et entamer le week end sur les chapeaux de roues. Et les têtes d’affiche y jouent comme toujours pour beaucoup. Cette année, le festival affichait entre autres, Black Bomb A, Ultra Vomit, Les Ramoneurs de Menhirs et The Exploited, rien que ça.
Mais reprenons dans l’ordre voulez-vous ? Après une file d’attente fastidieuse et un peu bordélique (c’est une soirée punk après tout) je suis parvenu à entrer sur le site à temps pour voir le premier groupe (La prière du Poulet) donner le « baptême du poulet » à un courageux du public. Cela consistait à lui vider sur la tronche tous les liquides (alcoolisés pour la plupart) que le groupe avait réunis sur la scène. Bière, vodka et vin blanc y sont passés. Chez moi on appelle ça une marinade plutôt qu’un baptême. Bref, le larron bien arrosé, le groupe reprend son concert. Rien de folichon. C’est simple et funky. Un bassiste à l’instrument recouvert d’une moumoute rose attire mon attention. La table de mixage posée sur une peau de bête également. Deux chanteurs dansaient de façon très absurde en scandant des paroles qui ne l’étaient pas moins. Le tout dégageait une ambiance de déconne totale. Le genre de déconne qu’on pouvait voir dans un concert des Ludwig par exemple. C’était frais, drôle, sans complexe et donc agréable à regarder.

Il n’y avait pas encore foule mais les quelques arrivants se déplaçaient déjà vers le chapiteau sous lequel se trouvait la plus petite des deux scènes. C’était au tour de 8.6 Crew de montrer quoi ils étaient capables. Le groupe de ska a tout de même réuni un public nombreux dans lequel se mélangeaient familles, enfants, skins et punks. Leur rythme entraînant n’a pas eu de mal à motiver tout ce monde à bouger. Les fans étaient ravis et les non initiés très intrigués. La section rythmique était très enjouée. Deux guitares accompagnées d’une trompette et d’un saxophone s’occupaient de la partie mélodique. Le chanteur s’occupait quant à lui de mener tout ce beau monde tout en motivant la foule toujours plus. Leur prestation semblait être au gout du public qui n’a pas attendu longtemps avant de lancer gentiment les premiers pogos. J’ai pour ma part trouvé qu’il manquait ce petit grain de folie punk qui se marie si bien avec le style ska. J’en suis un peu resté sur ma faim en attendant à chaque morceau que le rythme décolle un peu … en vain.

Pour me remettre d’une telle frustration, j’ai donc décidé d’aller me chercher une bière et de me placer au devant de la grande scène pour attendre Ultra Vomit. Les Nantais ne se sont pas fait attendre longtemps. Ils sont arrivés selon la mise en scène prévue pour leur tournée actuelle : mimant des personnages malades et très mal en point. Nicolas, le chanteur guitariste se faisait pousser sur une chaise roulante tandis que les autres musiciens titubaient jusqu’au devant de la scène en tenant leurs chariots à perfusion. Puis dans une scène très rituelle, ils ont salué difficilement leur public et se sont regroupés autour de leur batteur. Ce dernier leur a distribué les médicaments qui leur permettront de tenir le coup durant le set. Une fois ingurgité, le groupe est inratable. Les morceaux s’enchainaient, nombreux … et les débilités aussi. Le groupe n’a rien perdu de son absurdité. Tout est prétexte à la déconne. Comme le fait de faire monter une personne au hasard pour réaliser son rêve de chanter avec le groupe. C’est Casper qui s’y colle. Le même qui a subi le rituel du poulet un peu plus tôt sur cette même scène. Le groupe l’a reconduit dans la fosse rapidement sous prétexte qu’il chantait mal et qu’il gâchait leur spectacle pour le plaisir. L’occasion rêvée pour embrayer sur « Pauvre Connard » avec les cœurs qui ne manquaient pas de rappeler le nom du saboteur après chaque refrain. On a aussi pu entendre d’autres grands classiques comme «Chiwawa » ou encore « Jacques Chirac », « Je Collectionne des Canards » et autres débilités toutes plus appréciables les unes que les autres. Le batteur a voulu avoir son quart d’heure de gloire lui aussi. Il a interprété une reprise mémorable de France Gall revisitée en « Ingé lumière, Ingé de son » dont les paroles n’ont pas manqué de déclencher l’hilarité dans la foule.
Mais cette avalanche d’humour n’a pourtant pas éclipsé la qualité première du groupe qui est de jouer un metal bien burné dont la technique et la composition restent maîtrisées de A à Z. La prestation du groupe était à la hauteur des attentes de ceux qui aiment retourner en enfance un instant pour rire du pipi et du caca sans complexe tout en écoutant du gros son qui tache. Ça, c’est fait.

C’est Black Bomb A qui s’est chargé de prolonger les hostilités. Rien de tel qu’un bon pogo sur leur musique enragée aux textes contestataires et engagés. Mené par leurs deux chanteurs, Poun et Arno, le groupe était remonté à bloc. Un nombre important de fans reprenait les refrains avec eux et les amateurs de slams s’abattaient sur la foule à un rythme effréné.
Les morceaux choisis pour le set couvraient toute la discographie du groupe. On a pu ainsi entendre des morceaux comme Lazy Lady ou Police Stopped Da Way en passant par l’incontournable Mary ou le plus récent Comfortable Hate. Très bon set qui offrait le parfait échauffement pour affronter la suite de pied ferme.

Le temps de revenir face à la grande scène, on pouvait voir le backdrop représentant le crâne de punk, mascotte des Ecossais troublions que sont The Exploited. Wattie Buchan en a fait du chemin depuis 1979. Il est le seul restant de la formation original et de nombreux musiciens se sont succédés a ses côtés durant ces 36 années. Quelques kilos en plus et un arrêt cardiaque n’ont pas stoppé le bonhomme. Il est toujours là, sa crête rose fièrement dressée sur son crâne. Son frangin Wullie Buchan derrière les fûts a lui aussi assuré sa partie comme s’il avait 20 ans. Les riffs déchainés joués par le guitariste étaient appuyés par la prestation très réussie du bassiste, Irish Rob, qui faisait virevolter ses longues dreadlocks au rythme de son instrument.
Là aussi nous avons eu une tripotée de morceaux issus de la longue discographie du groupe. Du Punks Not Dead à Fuck the System en passant par la plus calme Troops of Tomorrow ou encore le traditionnel I Believe in Anarchy, le public en a eu pour son compte.
Certains grimpaient la barrière séparant la foule de la scène pour s’approcher du chanteur. Celui-ci ne manquait pas alors de leur tendre le micro pour les laisser chanter à sa place. Mais la palme de la meilleure prestation au micro revient incontestablement à Serge, un jeune garçon que j’ai pu apercevoir dans divers concerts punks dans lesquels ses parents l’avaient amené. Avec un coup de pouce de la part de votre chroniqueur préféré, il s’est hissé sur la scène pour chanter Beat the Bastards au côté de Wattie pour le plus grand plaisir du chanteur et de ses musiciens.
L’autre moment marquant du concert fut l’invasion de la scène par le public durant le morceau Sex and Violence.
Un grand moment de punk old school pour tous les fans du genre. Le groupe a quitté la scène après avoir pris le temps de remercier la foule et surtout les jeunes participants.

De retour sous le chapiteau, la foule attendait Sidilarsen. Les Toulousains étaient venus agiter la foule avec leur rock électro engagé. Peut être était-ce à cause de la claque que le public a prise juste avant, ou peut-être est-ce le côté électro ? Quoi qu’il en soit, la sauce ne prend pas. Peu de monde reste finalement devant la scène. Suffisamment peu de monde pour que le chanteur soit obligé de demander que les gens s’approchent pour qu’il puisse sauter dans le public sans craindre de se retrouver le cul par terre. Malgré tous les efforts du groupe, seuls quelques irréductibles fans restent là. Le reste des festivaliers sont soit à la buvette, soit en train d’attendre impatiemment la suite du programme devant l’autre scène.
Je finis moi-même par m’ennuyer un peu devant Sidilarsen dont le style musical n’est vraiment pas ma tasse de thé. Je fais donc comme tout le monde, mouton assoiffé que je suis, et je vais vers la buvette pour faire le plein.

Une fois rassasié, je me suis dirigé vers la grande scène où le dernier groupe fait les balances et les derniers réglages. Mais qui vois-je là bas ? Non, ce n’est pas Louison Bobet mais bien Loran, l’ancien Bérurier Noir qui s’est reconverti dans le punk fest-noz et qui tourne désormais avec Les Ramoneurs de Menhirs. Un des rares groupes punks anarchistes à sillonner encore les routes de France et de Navarre en crachant aussi amèrement sur le capitalisme, le « nazionalisme » et en prônant le respect des traditions et de la nature.
Pas de technicien de plateau ici. Les artistes eux-mêmes faisaient la mise en place et les réglages. La boîte à rythme et la guitare typique des Bérus s’est mis à retentir. Mais Loran est également accompagné de ses sonneurs, Eric Gorce et Richard Bévillon. Ces derniers manient à la perfection la bombarde et le biniou. Le mariage entre ces instruments celtiques et le duo boîte à rythme/guitare disto donnent un contraste original qui transforme leurs compositions punk en quelque chose d’encore plus festif et dansant. Après avoir invité les enfants les plus téméraires à les rejoindre sur scène pour toute la durée du concert, le groupe a débuté par quelques morceaux de son cru, chantés en breton traditionnels par Gwenaël Kere et soutenus par les sonneurs.
L’ambiance est au rendez-vous. Le public saute et danse au rythme de morceaux tous plus entrainants les uns que les autres. Entre deux titres, Loran fait appel à l’union du peuple contre le fascisme et l’autorité. Le groupe en a profité pour faire un clin d’œil à Sham 69 en reprenant If the Kids Are United, un des nombreux hymnes punks que le groupe a dans sa besace. Puis ont suivi quelques morceaux des Béruriers Noirs parmi lesquels Brahim, Capitaine Kirk, Vivre Libre ou Mourir et Vive le Feu. Les morceaux révolutionnaires comme La Blanche Hermine ou Makhnovtchina en soutien à l’Ukraine ont fait aussi chanter la foule à l’unisson.
Profitant d’être le dernier groupe, les Ramoneurs de Menhirs ont décidé de prendre leur temps et de jouer jusqu'à ce qu’on leur coupe le son, plaisantant même jusqu'à demander au préfet de venir lui-même leur débrancher la sono. C’est finalement après plus de 2h30 de concert que les Ramoneurs de Menhirs ont rangé la guitare après une magnifique invasion de la foule sur la reprise de The Adicts : Viva la Revolution.

Une fois de plus, j’en aurais bien repris encore un peu. Mais toutes les bonnes choses ont une fin. Et cette soirée d’ouverture du festival Sur Les Pointes s’est terminée en beauté. Un grand bravo à l’organisation et aux groupes qui ont participé. Vivement la prochaine.






 


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