CHRONIQUES DE CONCERTS

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Hubert Felix THIEFAINE
Avec : BEN MAZUE01, HF THIEFAINE02
Date du concert : 10-06-2015  
Lieu : Palais Des Spectacles - Saint-Etienne [ 42 ]  
Affluence : NC  
Contact organisateur : http://www.paroles-et-musiques.net/  
Interview :  
   
Date de la chronique : 14 juin 2015 - Chroniqueur : Franckenstrat - Photographe : Franckenstrat  


Super !! On peut dire que sur ce coup-ci, Black Roger et moi-mĂŞme nous nous sommes bien foutus dedans.
Nous avons découvert juste quatre jours avant que Thiefaine passait au Palais Des Spectacles à Saint-Etienne dans le cadre du festival Paroles et Musiques. Alors vous imaginez bien que pour demander une accréditation et un pass photo, c’était un tout petit peu short.
Qu’à cela ne tienne, j’ai réussi à attraper une place au vol car il en restait quelques unes. Oui, c’est vrai, je ne vous le cache pas, parfois je vole, non pas dans les supermarchés, mais sans fumée et sans alcool, parfois je vole… J’ai quelques pouvoirs spéciaux encore capables de vous étonner (rires).

Me voici donc de retour au Palais Des Spectacles, une salle absolument magnifique que j’aime beaucoup. La dernière fois que j’y avais mis les pieds, ça devait être pour un concert d’Iron Maiden en 2000, quelque chose comme ça.

Le festival Paroles et Musiques accueille chaque année de très belles affiches et ce soir, ce n’est pas l’une des moindres avec cette icône, ce monument du rock et de la chanson française qu’est monsieur Hubert Félix Thiéfaine. Il sera accompagné sur scène en première partie par un talentueux poète parisien du nom de Ben Mazué.

Sur la scène règne une impression d’immense solitude et de dépouillement avec un seul clavier et le tabouret qui lui fait face, ainsi qu’un autre clavier posté de l’autre côté de la scène et une guitare folk posée sur son pied.
Puis ce sont deux musiciens qui silencieusement entrent en scène et un vent caressant d’une poésie simple et tendre va se mettre à souffler sur la salle.

Ben Mazué au chant et à la guitare est simplement accompagné de son claviériste.
Le ton est donc donné et tout se fera dans la simplicité. Par contre sa poésie est fouillée et pêchue et ses textes peuvent varier d’un langage populaire à une envolée au firmament du verbe comme de l’émotion.
Le texte où sa mère lui écrit du monde des morts mais qui semble être bien plus vivant que le monde où nous respirons est une prose spontanée absolument magnifique. Ce texte généreux est un véritable hymne à la vie, un hymne qui vous laisse sans voix, seul avec vos pensées lorsque le silence retombe.

Ben Mazué mêle souvent dans ses titres les textes parlés et chantés avec un petit côté slam bien groovy.
Il est également très proche de son public avec lequel il dialogue en permanence, le prenant régulièrement à témoin lorsqu’il conte ses petites anecdotes pleines d’humour entre chaque morceau.

Ben Mazué et son pianiste nous ont livré un set particulièrement frais et très agréable. Il est toutefois dommage que des personnes qui ne sont venues que pour voir Thiéfaine se sont montrées particulièrement irrespectueuses en parlant fort et en faisant un vrai bordel, gênant le concert de Ben Mazué qui demandait un minimum d’écoute et de silence. En effet, des artistes comme Ben Mazué évoluent sur scène dans une atmosphère calme où le partage de la poésie doit se faire dans un minimum de sérénité.

Ben Mazué avec cet humour piquant qui le caractérise, ne manquera pas de le souligner et de « remercier » ces personnes. Quant à son vrai public, il ne manquera pas non plus de lui communiquer toute la chaleur de son âme et le laissera rêveur avec dans la mémoire ces quelques vers fragiles, ces tableaux parisiens tantôt joyeux ou parfois tristes, mais ô combien illuminés de couleurs.
Lui et son pianiste quitteront la scène sous un tonnerre d’applaudissements.

Son blues a déjanté sur son corps animal et Thiéfaine entre en scène pour bien plus qu’un quart d’heure.
Et l’on démarre mélancoliquement ce set en remontant avec lui le fleuve de sa mémoire.
Le son est majestueux et les lumières sont totalement fantastiques. Nous passons d’une ambiance à l’autre avec des lasers qui tournoient et des couleurs dévoreuses de rêves.

Une fois de plus, Thièfaine l’immense, le majestueux, va encore nous flinguer sur place en nous faisant un set unique dont il a le secret.
On pourrait s’attendre à se faire livrer du « Stratégie de l'inespoir », son nouveau chef d’œuvre qui vient juste de grossir les rangs de ses 24 autres albums live compris, mais il n’en est rien. Thiefaine va de nouveau nous prendre à contrepied et nous sortir le grand jeu avec un menu maxi best of plus.

Hubert Félix Thiéfaine est bien loin d’être un cloclo mécanique du rock&roll cartoon et à 66 ans il a une patate monumentale et ne tient pas en place sur scène. De plus Thiéfaine n’est pas seul, il a su s’entourer d’un line up en béton qui assure grave de chez grave.
Nous pouvons entre autre souligner l’omniprésence durant tout le set des deux guitaristes qui font également office de frontmen, j’ai nommé le talentueux Alice Botté et l’excellent Lucas Thiéfaine qui a su faire sa place en bossant d’arrache pied.

Le son est bon, le son est là et lorsque Thiéfaine et sa bande passent à la vitesse supérieure du genre pied au plancher, je vous jure que ça envoie du lourd et les bipèdes à station verticale n’ont qu’à bien se tenir s’ils ne veulent pas être emportés par la déferlante sonore.
Pourtant Thiéfaine sait soudain redevenir ce poète déchiré et mélancolique le temps de nous faire traverser la ruelle des morts pour finir par nous en remettre au vent, lorsqu’il prend en solo sa guitare folk pour nous insuffler son spleen.

Je crois que même au bout de la 113ème cigarette sans dormir, je reste toujours circonspect lorsque je parle de Thiéfaine tant ce poète de l’obscur demeure mystérieux et insaisissable.
Une chose reste sure, c’est que Thiéfaine ne peut pas blairer les flashes des couillons qui prennent des photos à tire larigot avec leurs portables. Quelques réflexions vindicatives vont fuser à l’égard de ces personnes complètement irrespectueuses qui ne comprennent pas que les flashes de leurs téléphones portables dans une salle obscure, c’est excessivement pénible de se les ramasser en pleine poire lorsque l’on est sur scène.

Thiéfaine tout au long de son set a su nous transmettre une énergie absolument monumentale. Le Jurassien est vraiment un homme qui a côtoyé la vie de très près, par conséquent, il ne fait pas semblant et chaque fois que je le vois en live j’ai toujours cette impression qu’il est meilleur que la dernière fois.
Nous avons donc partagé ensemble les photos de ses routes prises d’avion par nuit de brouillard et nous avons eu la chance de revisiter chaque période musicale de sa vie.
Les années 70 et 80 seront principalement à l’honneur, ainsi que les années 2000 et 2010. Les années 90 ne seront pas trop d’actualité, elles n’ont d’ailleurs pas été les plus prolifiques, même si l’on y trouve quand même de bons albums.

Le public du Palais Des Spectacles aura tout de même le droit à un rappel avec bien entendu « La fille du coupeur de joints » que Thiéfaine a dû ressortir pour faire plaisir à son public, mais cette fois-ci dans une version plus électrique et plus rock, ce qui lui donnait une bonne couche de peinture neuve et j’ai trouvé l’idée assez excellente.
Dommage que le public n’ait pas poussé plus et se soit montré un tantinet frileux car je reste persuadé que Thiéfaine et ses musiciens en auraient bien remis une petite couche car ils étaient bien chauds.
En tout cas, merci Monsieur Thiéfaine d’avoir recollé un peu de soleil sur nos ailes d’albatros…

Bien que n’étant pas accrédité, je tiens tout de même à remercier le Festival Paroles et Musiques pour nous concocter de telles affiches et les féliciter pour leur logistique impeccable et implacable.

Je dédie cette chronique à mon ami Black Roger, le responsable de Pavillon 666 qui est un fan de Thiéfaine de la première heure et qui n’a pas pu venir à ce concert.







 


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