CHRONIQUES DE CONCERTS

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CERNUNNOS PAGAN FEST
Avec : Tyr, Fejd, Grimner, Baldrs Draumar, Le Naheulband, Dalriada, Griffon, Perkelt, Dordeduh, Möhrkvlth, Toter Fisch
Date du concert : 11-02-2017  
Lieu : La Ferme du Buisson - Noisiel [ 75 ]  
Affluence : NC  
Contact organisateur :  
Interview :  
   
Date de la chronique : 24 février 2017 - Chroniqueur : Azmep - Photographe : Nicolas Chaigneau https://www.facebook.com/nicolaschaigneauphoto/  


Ce Dimanche 11 février, une population hétéroclite se réunit à Noisiel. Le Cernunnos Pagan Fest y a déménagé cette année, trouvant un espace plus grand en dehors de la capitale. Dans une bruine hivernale donc, on voit arriver à la Ferme du Buisson des hommes et femmes habillés de cuir et de peaux.
A mon arrivée sur place je n’ai pas le temps de faire le tour des lieux : le premier set va commencer dans la « Halle », la plus grande des deux salles où se produiront les groupes aujourd’hui. D’ailleurs, pressés par le froid et l’humidité les festivaliers s’y engouffrent dès l’ouverture.

Ce premier set nous emmène bien loin de ce à quoi on pense d’abord à propos d’un festival pagan puisque les Français de Toter Fish chantent… la piraterie des Caraïbes ! Et c’est un contre-pied extrêmement agréable qui ouvre les festivités sur une note très joyeuse, presque dansante au son d’un accordéon et de riffs très rythmés. La salle est bien remplie pour ce démarrage dédié au rhum plutôt qu’à l’hydromel. Sur scène, cordages de bateaux et tricornes sont de mise pour créer l’ambiance. Le quintette est quant à lui très joyeux et communicatif.

A la fin du set il me faut courir un peu : pas de pause entre les concerts, juste le temps de changer de salle ! Et « l’Abreuvoir », salle bien plus petite que la Halle, ne peut malheureusement pas contenir tous les festivaliers qui souhaitent voir les bretons de Möhrkvlth.
Ce deuxième concert de la journée est sans conteste mon coup de cœur de ce festival. Dès le moment où on entre dans la petite salle au plafond bas on pénètre dans une ambiance feutrée très travaillée. L’atmosphère est emplie d’encens et seule une faible lumière verte venue de la scène éclaire l’endroit. Des rameaux de plantes décorent les micros. Les membres de Möhrkvlth entrent sur des chœurs et nous délivrent une communion de Black Metal en Breton. On n’arrive pas à se décider de savoir si la performance est déchirante ou au contraire extrêmement pure tant les membres du groupent semblent plongés dans leur musique. Chacun à leur manière d’ailleurs : si les musiciens semblent plutôt être plongés loin de nous dans leur jeu, le chanteur a lui l’air complètement habité. C’est LA claque du jour, qui donne un petit frisson que malheureusement on ne retrouvera pas.

Surprise en voulant changer de salle : le public de Dordeduh a complètement rempli la Halle et tout le monde ne peut pas entrer. Ce sera d’ailleurs à partir de ce moment un problème récurrent à chaque passage de groupe : il n’y a pas assez de place pour tous les festivaliers. Dans la petite salle de l’abreuvoir on peut le comprendre mais c’est décevant lorsqu’il s’agit d’aller voir la scène principale. Je réussis néanmoins à me frayer un chemin pour écouter le groupe. La performance ne me convainc pas du tout malheureusement. Je trouve le set globalement mou, voire poussif, et le public écoute sans conviction apparente. Je décide donc de quitter la Halle pour faire le tour du festival.

Dehors il n’y a pas foule : le temps maussade et froid n’appelle pas à prendre l’air. Cependant il y a quand même quelques personnes devant le petit bar extérieur à profiter d’une bière ou d’un hypocras. Un peu plus loin dans la cour un feu fait le bonheur de ceux qui veulent se réchauffer les mains. Pour rejoindre l’espace du merch et de la restauration, il faut sortir de l’espace festivalier. C’est assez rare pour le noter qu’un festival laisse un accès ouvert à tous. Par contre je n’ai tout de même pas eu l’impression que beaucoup de Noisiéliens soient venus en profiter. Ce côté est bien plus peuplé que devant le petit bar extérieur : météo toujours, les festivaliers ont tendance à se mettre à l’abri. Outre le merchandising des groupes, on trouve les classiques stands d’artisanat, de GN et de bijoux pour médiévistes et/ou metalleux. L’intérêt principal de l’endroit reste la restauration : l’équipe de Cuisine Historique nous propose diverse salades, assiettes de charcuterie ou végétariennes, quiches et tartes à un tarif raisonnable par rapport à ce qu’on trouve souvent en festival. Je m’interroge cependant sur la disponibilité de places assises lorsque viendra l’heure du repas pour la plupart des festivaliers.
Accompagnés d’une musique médiévale très douce qui ne prend pas le pas sur les conversations, deux danseuses dont une montée sur échasses offrent une performance de chorégraphie maniant des grands foulards.

Non sans prendre un hypocras en passant, je retourne du côté des scènes pour assister au passage de Perkelt. Le trio nous offre un set très agréable et doux, guidés par les mélodies de la frontgirl flutiste et la petite salle de l’abreuvoir prend une ambiance chaleureuse. On regrette juste les réactions masculines complètement inappropriées qui fusent dans la salle.

Je m’éclipse néanmoins de cet excellent concert pour aller écouter une partie de la conférence de Grégory Moigne sur le Paganisme et la culture Metal. Celui-ci n’est pas seulement le frontman de Möhrkvlth mais aussi professeur d’Histoire, double doctorant en Histoire des religions et celtique et biographe du 5e grand druide de Bretagne. Il résume tout cela avec humour en se présentant comme « la caution intellectuelle du festival. » Si le sujet est tout aussi intéressant que sa manière de l’aborder – un parallèle entre l’évolution des genres de metal tournés vers nos racines et l’avènement d’une culture pagan – on regrette les conditions dans lesquelles se déroule la conférence : Grégory Moigne se tient entre le stand de restauration et les tables dans le Caravansérail et s’il ne se démonte pas on le perd malheureusement dans le bruit ambiant. Au final seules quelques personnes maintiennent leur attention sur cette intervention qui aurait mérité d’être plus mise en valeur.

Je retourne en courant vers la Halle où Dalriada a commencé à se produire. Faisant de nouveau face à une salle comble je dois me faufiler à travers le public pour pouvoir profiter du set. L’ambiance est excellente : le groupe est extrêmement dynamique et le public s’en donne à cœur joie dans des pogos aussi tumultueux que le permet la densité de la foule. Seul bémol et de taille : à certains moments si on ne voyait pas Laura Binder s’époumoner dans son micro, on ne saurait même pas qu’elle est là. Cela n’empêche pas les festivaliers de se défouler dans un joyeux bazar à peu près dansant et ce moment d’être l’un des plus sympathiques de la journée. Je décide même d’aller profiter des pogos malgré mon appareil photo ! Le groupe termine son set sur des remerciements sincères au public.

En face, le petit abreuvoir semble peiner à accueillir ceux qui viennent voir Griffon mais une fois dans la salle on se rend compte que le public n’est pas si dense qu’on l’aurait cru, bien moins que pour Perkelt en tout cas. Les Parisiens se présentent les visages peints de rouge et de noir mais ne pensez pas entendre du Turisas : une touche brutale, voire violente est apportée au festival par ce groupe de Black Metal. Griffon veut nous prendre par les tripes et ne réussit pas mal si on regarde le public qui profite du moment. Les lumières rosent dénotent un peu de ce qu’il se passe réellement sur scène mais on n’y prête pas vraiment attention. Je ne reste pas jusqu’à la fin de ce set parce que les places pour le Naheulband se vendent cher et cette fois je tiens à être aux premières loges.

Et bien m’en a pris puisque j’assiste à une sorte de pré-concert où les balances se font en chantant avec le public des passages de leurs chansons complètement improbables. On assiste à un dialogue entre un kazou et une corne dans le public et à peu près tous les instruments qui tombent sous la main des artistes sur scène, même si leurs balances ont déjà été faites. Une ambiance bon enfant très simple.
Le concert démarre ensuite, guidé par John Lang alias Pen of Chaos en personne, ce qui n’est pas toujours le cas. Résonnent très vite dans la salle les classiques humoristiques que beaucoup de rôlistes/médiévistes/fans d’heroic fantasy connaissent par cœur. D’ailleurs on se demande un peu qui fait le concert quand un vers est sauté mais que le public continue seul ! Comme à l’accoutumée avec le Naheulband, on s’amuse autant sur scène que devant et ça participe grandement à l’ambiance débridée. Après avoir chanté des aventures ratées, les barbares et leur dieu ou même les poulets cette parenthèse abracadabrante s’achève sur la mythique chanson « Mon Ancêtre Gurdil » et les « effets pyrotechniques » du groupe grâce auxquels « Rammstein, ils peuvent aller se rhabiller » : des… confettis !

L’Abreuvoir accueille maintenant les Néerlandais de Baldrs Draumar… et on se retrouve confrontés à un véritable problème de place dans la petite salle pour l’une des têtes d’affiche du festival. Je me retrouve dans l’incapacité de m’avancer plus de quelques mètres et dois me sentir privilégié d’avoir réussi à mettre les pieds à l’intérieur ! Du fond, j’assiste à un show certes dynamique mais au son plutôt brouillon, beaucoup trop sourd pour la musique de Baldrs Draumar. Seul un cœur de festivaliers bouge devant la scène mais globalement le public regarde sans énormément s’impliquer dans le concert. Ce set laisse donc un petit goût d’inachevé, on manque de sensations qu’on aurait attendues.

C’est le tour de Fejd d’occuper la Halle. Les suédois nous proposent un folk dansant… mais à certains moments le rythme et le volume descendent beaucoup trop à mon goût. Il y a quelque chose de frustrant dans ces moments d’attente où on aimerait que la salle soit un peu plus secouée et d’ailleurs le public reste statique. La performance reste malgré tout très bonne et on apprécie le jeu d’instruments traditionnels.

Je quitte la salle pour aller me sustenter avant le passage des deux derniers groupes. Il est temps de goûter la Cuisine Historique ! A mon grand regret la tarte bourbonnaise (au fromage) est épuisée mais je me rattrape sur une excellente arboulastre (une quiche aux herbes) que je dois combiner avec un hypocras rouge, faute de blanc également épuisé ! Mais personne ne semble s’en plaindre, apparemment il n’y a eu aucun problème de stocks lors de l’affluence de festivaliers affamés un peu plus tôt.

Etonnement il est moins difficile de se faire une place dans la salle pour le passage de Grimner que celui de Baldrs Draumar. Cela me permet de mieux profiter du show et j’en suis ravi parce que la performance est de qualité. Menés par un chanteur-flutiste qui parcourt la scène de long en large le groupe nous propose une combinaison très bien équilibrée entre mélodies traditionnelles et riffs très motivants. On perd un peu le chant à certains moments mais le public n’en a cure : il saute sur place et profite d’un set très festif. Les membres du groupe partagent avec le public leur joie de jouer et il y a quelque chose de très chaleureux dans cette assemblée.

Nous arrivons finalement au dernier concert de ce Cernunnos Pagan Fest 2017 : Týr prend possession de la Halle pour clôturer la journée. Les Féroïens semblent décidés à le faire en beauté et tiennent le public en éveil jusqu’au bout. Chose plaisante : les deux guitaristes et le bassiste se déplacent beaucoup pour aller au contact des festivaliers un peu partout le long de la scène. Le son est excellent aussi bien au niveau des instruments que des voix et les morceaux font parfaitement leur effet. Ce dernier set enchante un public ravi de la performance et de la complicité avec les charismatiques membres de Týr.
La Halle commence légèrement à s’éclaircir pendant le set et finalement les instruments finissent par être pour de bon posés : la neuvième édition du Cernunnos Pagan Fest est terminée.


Cette journée de festival a été très riche et très plaisante. Il y a eu quelques petits inconvénients comme les problèmes de son ou le manque de place dans les salles qui a amené les festivaliers à devoir se précipiter d’un concert à l’autre pour être sûrs d’en profiter mais on retiendra surtout la programmation très variée et l’ambiance festive de cette édition du Cernunnos. Le déménagement à Noisiel a été un succès et le public a été au rendez-vous. Je ressors en ayant hâte d’assister à la prochaine édition, en espérant juste que le temps nous permette de profiter de l’extérieur !

Pavillon 666, partenaire du Cernunnos Pagan Fest, remercie chaleureusement l’organisation du festival.






 


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