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AMENRA
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Mise en ligne le : 15 août 2015  | Intervieweur : blacklakenidstang | Traducteur :

INTERVIEW francaise - pavillon 666 - webzine metal rock
Rencontre avec Colin Van Eeckhout (chant) durant le Brutal Assault, propos recueillis par Pauline



1) Bonjour AmenRa. Tout d’abord, votre dernier album, Mass V, remonte à 2012. Vous n’avez pas chômé depuis puisque vous avez sorti plusieurs splits, un album live, etc. Pour quand peut-on espérer le prochain album d’AmenRa ? Avez-vous déjà commencé à écrire des morceaux ?

Colin Van Eeckhout : Un numéro VI arrive. On écrit tout le temps, mais on jette énormément.
On a écrit une espèce d’album, presque soixante minutes de musique, pour des films, des courts-métrages et une performance de danse, mais ce ne sont pas des choses que l’on va utiliser pour Mass VI.
Ca fait seulement un mois ou deux qu’on a le sentiment qu’on a commencé à écrire. On fait beaucoup de concerts, chaque weekend… Pour le moment, je pense qu’il y a seulement un morceau qui est presque prêt et on ne sait même pas s’il sera sur Mass VI.
On n’ose pas dire quand sortira Mass VI… on le fera aussi vite que possible : dès qu’on aura assez de minutes de musique assez bonnes pour nous.


2) Et qu’en est-il de vos futures collaborations, notamment au sein de la Church of Ra ? Peut-on en espérer une avec Wiegedood?

On va jouer un peu avec eux dans le futur.
Un split est prévu pour la fin d’année avec un groupe de potes à nous de Gand et aussi probablement avec SubRosa, un groupe américain.
Pour le moment, avec les autres groupes de la Church of Ra, il n’y a pas beaucoup de choses prévues, sauf un nouveau side-project acoustique avec Tim – le batteur de Kingdom et Black Heart Rebellion –, Lennart (le guitariste) et une chanteuse qui était la copine de notre bassiste.
Et un album solo de moi (Colin Van Eeckhout).

Avec AmenRa on essaye d’écrire deux albums en même temps – Mass VI et un album acoustique.


3) J’ai justement beaucoup aimé la version acoustique de Razoreater. Si vous faites un album de ce type, une tournée acoustique est-elle également prévue ?

On a écrit un EP acoustique en 2008/2009 et dès ce moment là on savait qu’on allait écrire un full-album un jour ou l’autre. On pense à faire une tournée acoustique, probablement, mais le line-up d’AmenRa sera différent parce qu’il y a encore une fille qui joue du violon et qui chante et Maarten,
le bassiste avant Levy.

C’est le but, d’avoir deux groupes en un.


4) Comment s’est concrètement construite la Church of Ra ? Avez-vous fini par donner un nom à un système de collaboration entre artistes et groupes qui s’est bâti au fil du temps ou est-ce qu’un jour vous vous êtes dit « on en a marre de ce sentiment de perpétuelle concurrence entre groupes de la scène hardcore/post-metal belge, on devrait au contraire se fédérer pour grandir tous ensemble » ?

C’était un peu le but au début. La Church of Ra est née de l’idée qu’on a réalisé que ce n’était plus que nous quatre/cinq. On travaille avec beaucoup de gens, graphistes, photographes, peintres, musiciens, side-projects…

C’était un peu les deux. On en avait marre de voir des groupes belges qui devenaient plus grands et qui poussaient les autres pour occuper le trône. On se disait que plutôt que les pousser, on pouvait faire le contraire. C’est important de savoir où on va dans le monde de la musique. On avait déjà un
réseau, qu’on n’a pas quand on commence un groupe. Pour nous, c’était facile, on avait déjà construit une plateforme, qui a grandi avec les side-projects, chorégraphes, cinéastes.


5) AmenRa, au Coeur de la Church of Ra, est un groupe extrêmement prolifique. Prenez-vous un peu de temps pour souffler de temps en temps ou l’inspiration est-elle telle qu’elle nécessite votre dévouement le plus total – chaque jour ?

Presque jamais et c’est vraiment dur. Quand on ne tourne pas avec AmenRa, on se jette sur les autres projets qu’on a, alors ça ne s’arrête jamais vraiment. Tous, individuellement, on y va à 300% jusqu’au point où on sent qu’on va avoir un burn-out. Là, on peut un peu reculer et un autre se jette dedans.

Mais on ne prend jamais vraiment le temps et c’est surtout parce qu’on a une espèce d’idée dans nos têtes qu’on n’est pas sûr d’avoir beaucoup de temps, alors il faut tout faire aussi vite que possible.


6) AmenRa est un groupe complet : vous ne faites pas juste de la musique. Vous avez une réelle identité visuelle, un univers graphique qui vous sied parfaitement, qui épouse chacun de vos morceaux. Faites-vous majoritairement tout vous-mêmes pour parvenir à un tel résultat ?

On ne donne jamais les grands traits à des graphistes. C’est pas cool pour eux de travailler avec nous parce qu’on sait exactement ce qu’on veut. Pour un graphiste, c’est vraiment dur de travailler avec nous parce qu’ils n’ont jamais carte blanche. Tout doit être juste, on sait exactement ce qu’on veut. On travaille avec des gens qu’AmenRa veut mettre dans un cercle, c’est pour ça qu’il y a une identité.

Dans AmenRa, tout passe par nos mains. Ce sont nos idées, nos images dans nos têtes qui doivent être transférées par ces gens. On cherche nous-mêmes partout dans notre vie, ça nous saute à l’œil.
C’est comme là, je suis parti en vacances avec ma famille dans le sud de la France, je suis allé au marché aux puces et c’est toujours avec l’œil AmenRa qu’on visite et qu’on cherche des possibilités pour AmenRa.


7) AmenRa est un groupe fascinant, d’une extrême obscurité mais qui laisse pourtant paraître une lumière presque inatteignable. Vous parvenez à créer une musique qui relève plus d’une expérience, d’une ressenti.
Au-delà des sentiments suscités – que tout le monde a pu ressentir au cours de sa vie –, vous avez une forme de spiritualité qui englobe votre musique. Comment expliquez-vous que vos morceaux semblent quasi-religieux ?

On essaye de se fixer sur les sens. On peut très vite tomber dans une technicité dans la musique. Par exemple, mon bassiste, Levy, est un très bon guitariste techniquement mais ce n’est pas parce qu’un morceau est technique qu’il a un but, qu’il peut rentrer dans un cœur humain. On essaye toujours de se demander quel est le but d’un morceau. Est-ce que ce sont les notes nécessaires pour réussir à atteindre ce but ? Les notes de trop, on les jette.

On a eu une conversation aujourd’hui à l’hôtel, on parlait des guitaristes très doués qui jouent des arpèges où les doigts bougent trop vite pour l’œil. C’est cool de pouvoir faire ça mais dans le genre de musique qu’on joue avec AmenRa, quand tu mets ça dedans, le seul truc que tu réussis est de prouver aux gens qu’on sait bien jouer mais ce n’est plus le but de la musique. Pourquoi est-ce que ça marche ? Je pense que l’honnêteté est de ne pas vouloir prouver.

Notre musique est super simple à jouer mais quand tu mets un musicien très doué avec nous, il pense que c’est facile mais quand il commence à écrire, ça le bouleverse. C’est étrange.
On cherche la frontière, la possibilité qu’on a avec la technicité de ne pas tuer ce qu’on est en train de construire. Quand on joue quelque chose de nouveau et qu’on a des frissons, on sait qu’on a quelque chose, c’est super important. Quand on a les larmes aux yeux, on sait qu’on est bien parti, que c’est une bonne direction. Parfois, on fait de la musique, ce sont des bons riffs, mais ce ne sont que des riffs. Les trucs comme ça, on les jette. Probablement qu’un autre groupe peut en faire un album : c’est de la musique et c’est pas mauvais, mais à quoi bon ?

Mais pourquoi ? Il n’y a pas de réponse. C’est universel, les émotions qu’on prend pour travailler, tout le monde a ça dans son cœur, dans sa vie. Quand tu travailles avec ces sujets là et avec l’honnêteté, les gens pensent que c’est vrai. C’est difficile à décrire.


8) Votre musique est tellement prenante qu’elle fait perdre pied. Elle est douloureuse et libératrice en même temps. Comment gérez-vous vos émotions sur scène ?

On essaye toujours de lâcher prise, mais ce n’est pas toujours possible. On entre toujours sur scène avec le but d’arriver à se perdre dans ce qu’on est en train de faire. Ceux sont les meilleurs concerts, mais je peux les compter sur une main. Ca peut être des petits trucs qui te laissent sur scène en train
de faire un concert. Le son doit être parfait, rien ne peut déranger… un câble qui s’accroche à la batterie, un micro qui ne marche pas… c’est dix minutes que tu perds.
Et plus la salle est grande, plus les gens parlent. Dans les festivals metal, c’est dangereux : les gens viennent pour boire de la bière et passer du bon temps et ça n’est pas vraiment ce que tu dois faire avec nous. Mais on s’en fout quand il y a cent personnes et une seule qui ne connaît pas notre genre
de musique que tu peux toucher… je suis sûr qu’il y en a parmi les gens qui bavardent.


9) Enfin, il n’y a pas vraiment de groupes de sludge/post-metal à l’affiche du Brutal Assault 2015, exceptés AmenRa et Rosetta. Vous ne vous ennuyez pas ? Vous allez voir quels groupes ?

On a déjà vu beaucoup de groupes et joué avec eux. Pour moi, il y en avait vraiment un dans le festival que je voulais voir, mais pas aujourd’hui : Phurpa.
J’ai vu quatre groupes aujourd’hui et je me demande ce qu’ils font sur scène.
Rosetta est un très bon groupe. Etrangement, on a joué seulement une fois avec eux, à Philadelphie, d’où ils viennent et où je les ai vus pour la première fois. Ils ne sont pas occupés à prouver, ils font ce qu’ils veulent faire et ce qu’ils, à mon avis, doivent faire. Ils sont cools.
Mais il n’y a pas beaucoup de musiques qui retiennent mon attention.

original INTERVIEW - pavillon 666 - webzine metal rock


 




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