PARIS OBSCUR c'est un peu le thème de notre excursion musicale du jour. Une excursion durant laquelle il vous sera conté des parts de vie sombres, mélancoliques, romantiques. Des histoires personnelles, on les imagine issues du propre vécu de PARIS OBSCUR. Ce nom est d'ailleurs assez étrange pour un one-man band Strasbourgeois, mais finalement cohérent avec l'univers sonore proposé. THE KING est le second album de cet artiste dont nous n'avons franchement pas entendu parler du premier.

On ne pourra donc juger de l'évolution artistique, mais le style atypique déployé durant ces 75 minutes nous fait dire que ce doit être assez semblable. P.O. nous emmène dans son univers sombre et obscur que l'on rapprochera aisément du cabaret des années folles. L'utilisation appuyé du piano, baroque, instaure cette ambiance très théâtrale, jusque dans le chant à la voix grave et modulée. Quelques instruments à cordes (ou samples, on ne saurait dire), un glockenspiel parachèvent l'ambiance cabaret de ce PARIS OBSCUR. Et puis on retrouvera aussi des parties plus rock voir même métal (A PART OF ME DIES TONIGHT) avec les traditionnelles guitares lourdes, basses et batteries qui délivrent une puissance loin de l'intimisme instauré précédemment.

Coté chant, cette ambiance intimiste prime grâce aux mélodies tout en retenue. Si vous aimez Céline Dion et les chanteuse ultra-pulmonaire, alors vous serez probablement déçus. Parler de slam serait peut-être exagéré mais certains morceaux sont davantage slammés que chantés (PARIS, C'EST TROP MIGNON), bien que pour le metaleux, certains points de repères nous évitent de nous perdre grâce à quelques growls (A PART OF ME DIES TONIGHT). D'autres chansons sont également chantées en voix claires (THE ROAD, ALLEIN), trop peu nombreuses selon nous car il s'agit certainement des meilleurs moment de THE KING : lorsque PARIS OBSCUR se lâche davantage sur un chant plus rauque et rock.

Et vous aurez remarquez que les titres des morceaux sont dans les langues de Molière, Goethe ou Shakespeare. Ou comment faire simple là où l'on peut faire compliqué. Clairement, l'allemand apporte ses sonorités très dures pour aider la musique sombre (ALLEIN) mais n'est utilisé que sur ce titre, et sur PARIS OBSCUR, le titre d'ouverture, qui cumule d'ailleurs les 3 langues pour accueillir l'auditeur. EUROPE OBSCUR. L'anglais et le français nous rendent les choses plus compréhensibles, et révèle selon nous le point faible de l'album : les textes. P.O. tient surtout à faire rimer les vers, usant parfois de la facilité au profit de la richesse ou de la profondeur du texte. Un texte comme C'EST TROP MIGNON en est un parfait exemple. Le titre THE KING aurait pu être plus profond et nous toucher davantage si l'écriture était moins précise et plus suggestive, laissant ainsi l'auditeur imaginer. Pour être franc, PARIS, LE 13 NOVEMBRE 2015 nous apparait comme un texte écrit sous le coup de l'émotion et sans recul. LEONARD COHEN ou BOB DYLAN auraient certainement ajouté de la poésie à la barbarie. Dommage.

Dommage puisque l'album, le style même de PARIS OBSCUR jouent sur plusieurs tableau, d'abord celui des textes. S'agissant du point faible de l'album, il le dessert un peu. Mais THE KING rattrape le coup par une ambiance cohérente et musicalement réussie. On rentre vraiment dans le disque et l'écoute au casque vous bercera. Un album imparfait certes, mais qui mérite que l'on s'y attarde.