Quoi, vous ne connaissez pas ABSDED ?
Bon, à vrai dire, moi non plus. Je ne connaissais pas ce petit groupe de Chaotic Hardcore originaire des forêts paumées du Lot et né en 2013 des cendres des formations d'ABUSED et d'AFTERMATH, deux groupes aux influences Core. Mais c'était sans compter Pavillon qui mit à chroniquer leur troisième sortie, l'EP « Nukem ». Le press-kit fournit par nos cinq joyeux lurons nous montre un univers rempli de bière et de « beaufferies » en tout genre où plus c'est fort, mieux c'est, surtout quand on se trimballe un 5150. Mais passée cette feuille de présentation, nous entrons dans un monde ô combien plus sombre..

Trois titres, dix minutes, c'est parti.
Ce monde arrive dans nos oreilles par le biais de « Som Telleck », le premier titre sur l'EP mais aussi le premier composé après la sortie de leur album. Comme on pouvait s'y attendre, la production est brute. Loin d'être un défaut, le groupe joue donc dans les basses fréquences et jongle avec le souffle et les divers larsens que produisent les 5150. Les amplis, pardon. Mais passées ces ignominies musicales, ABSDED met en valeur dans ses paroles les côtés pas très beaux à voir du monde d'aujourd'hui. Si « Som Telleck » peut être vu comme un coup de gueule contre la société actuelle, celle là même qui nous fait vivre autant qu'elle nous agace, « Gaza » est, elle, sur un exemple bien précis. Les quelques harmonies que l'on pouvait trouver, par ci par là, lors du précédent titre n'existent plus et ont laissé place à un désordre à l'image des vies prises en terre de Palestine. Le riff apparaissant à environ deux minutes trente, plus structuré que ses prédécesseurs, vient renforcer cette idée de guerre de par sa lourdeur ainsi que grâce aux cris du chanteur que le reste du groupe apparenté à une foule reprend. Enfin, « Miss Understood » reprend l'idée de la dépression post-rupture. Tout avait si bien commencé... mais si mal fini. C'est ce que le quintet essaie de nous faire ressentir à travers des rythmes tantôt chaotiques et puant la haine à plein nez, tantôt sombres nous faisant revivre la traversée du désert qu'est la négativité et le fait d'être ancré en elle sans pouvoir (et/ou vouloir?) en sortir. C'est d'ailleurs ici que le son devient excessivement brouillon : feedback, larsens, souffle, tout est réuni pour faire de ce titre un autel pour les abandonnés.

Une découverte pleine d'émotions que ce « Nukem » ! Ce qui devait être un projet entre potes pour se remettre des split des deux groupes cités auparavant est devenu un groupe sérieux au possible avec des musiques sombres mais cohérentes. A la manière d'un NO OMEGA, les thèmes abordés sont d'actualités et renvoient souvent à notre société mais comme le dit si bien ABSDED, « finalement, on l'aime bien notre société ». Vous me gardez les opus précédents, on est d'accord ?