HAIL SPIRIT NOIR (HSN) aime à se différencier et à interpeler. Il suffit de voir leurs artworks : très énigmatiques, toujours un peu oniriques, MAYHEM IN BLUE ne déroge pas à cette règle à l'instar de leur musique versant dans l'avant-gardisme black metal. Enfin ça c'est dans une vision élargie car plus précisément leur musique est un condensé de musique progressive très 70's et de metal plus extrême.

Si OI MAGOI voyait la musique des grecs plongée dans une veine résolument plus rock, un nouveau virage a été pris ici, vers un son plus post-rock. HSN s'amuse davantage à plonger l'auditeur dans un univers sonore inquiétant (grâce à des claviers très 70's, très présents) s'occupant plus à délivrer cette ambiance si particulière sur l'album (RIDERS TO UTOPIA, MAYHEM IN BLUE) qu'a être réellement extrême. Néanmoins I MEAN YOU HARM s'occupe d'une transition douce avec le(s) précédent(s) album(s) : son, composition et voix rassurent les fans de la première heure et permet d'apprécier la production géniale de MAYHEM IN BLUE. Subsistent à côté des relents black metal, comme ce THE CANNIBAL TRIBE CAME FROM THE SEA très brut sur lequel la guitare prime sur les claviers (mais toujours présents). Mais quoique fasse HSN, ils sauront toujours élaborer des morceaux très étranges dans lesquels les mélodies sont hypnotiques et, sur cet album, presque dérangeantes ou flippantes, comme nous le rappelle le surprenant HOW TO FLY IN BLACKNESS, un titre d'obédience blues / jazz.

Et puis il y a la pièce maitresse de l'album, LOST IN SATAN'S CHARM, 11 minutes au compteur. Un morceau qui vous charme par une intro glauque, dans un style parc d'attraction lugubre. Petite mélopée enchanteresse, sonorités de boîtes à musique, l'ambiance est sombre et flippante. Le chant black, comme sur d'autres morceaux, compose avec un chant clair magnifique et toujours aussi reconnaissable. Une véritable empreinte. HAIL SPIRIT NOIR n'est pas très éloigné d'un SOLEFALD sur ce brillant morceau particulièrement. Envoûtant !

MAYHEM IN BLUE est complexe. très dense, plusieurs écoutes sont vraiment nécessaire pour apprécier le talent de composition des musiciens. Que ce soit musical ou d'arrangeur. Nous n'avons pas évoqué cet aspect ô combien présent dans ce "chaos en bleu ". Si vous enlevez tous les détails (des voix, des sons) implantés dans les morceaux, une partie de la magie serait littéralement détruite avec. Et on peut dire merci à Dimitri Douvras (ROTTING CHRIST) et Alan Douches (MOTORHEAD) pour la production claire et organique permettant d'apprécier les compositions. Un brillant album, encore une fois, moins brut mais aussi plus travaillé.