Nous voici en novembre, à peu près à un mois de Noël. Ainsi commence la période où les sorties vont s’accumuler afin de booster les ventes des groupes, où les invendus des grandes surfaces vont apparaître en diverses éditions spéciales et où les rééditions spéciales et ultra-limitées vont s’accumuler au pied du sapin. Ces techniques plutôt malveillantes se retrouvent le plus souvent chez les Majors, ou pour faire simple les groupes connus. Dans nos petites scènes, il y a peu de chance qu’un raz de marée économique viennent harceler nos groupes chéris, même si certains (dont moi-même) iront chiner sur les bandcamp, les bigcartels et autres distros après avoir reçu les sous-sous tant convoités.
Même avec cet argent, je ne pourrai pas m’offrir un voyage en Grèce… Je compense donc avec le second album de MOTHER OF MILLIONS et de leur Metal Alternatif Progressif, j’ai nommé « Sigma ». Cette fois-ci, la donne a changé : les cinq Grecs ont signé un deal avec le label VicSolum Records. Quoi de mieux que ceci pour fêter les (bientôt) dix années du groupe ? Ce n’est pas un major, mais tout de même, ça fait plaisir !

Je dois dire que le Metal dit progressif n’a jamais eu sur moi une emprise énorme. Bien-sûr, j’ai beaucoup écouté les pionniers du genre que sont entre autres Dream Theater, Tool ou Queensrÿche par exemple. Mais cette dimension peu accessible pour les « non-initiés » me rebutait énormément. Après avoir étudié un an et demi la musicologie au sens général, je ne suis plus de cet avis, retrouvant même parfois des éléments très classiques dans les groupes de Prog et, en l’occurrence, chez MOTHER OF MILLIONS. Il faut dire que malgré une complexité rythmique et harmonique manifestes, le son du groupe est très accessible. Mais attention, en aucun cas cette accessibilité est un frein au plaisir de l’écoute ! C’est le côté alternatif qui est la cause de cette accessibilité, le groupe n’en reste pas moins un groupe de Metal qui sait manier la dissonance, la complexité sonore.
Mais le classique n’est pas le genre qui me vient en tête lors de l’écoute. En effet, les samples et claviers parsemant l’album sonnent très jazzy, certains rythmes offerts par la batterie ressemblent d’ailleurs étrangement à un ersatz de chabada. Alors oui, c’est lointain, voire carrément tiré par les cheveux, mais c’est ce que la musique de MoM m’évoque.
Pour ce qui est de l’orchestration générale, tout est très planant. On se retrouve avec une majorité de légèreté dans le son. Certains riffs viennent de temps à autres nous rappeler que l’on est bien dans du Metal, mais la majorité du temps on ne peut que se laisser porter par ces ambiances prenantes et admirablement bien construites. Ainsi, à certains moments de paroxysme musical, nous partons dans une sorte de Post-Rock agréable mais pas assez développé à mon goût.
Mais oubliez ceci, tendez l’oreille et écoutez : « Their Passage, The Light » est composée telle une musique instrumentale traditionnelle Grecque. Tous les instruments présents sur ce titre sont authentiques, aucune trace d’une quelconque dose d’électricité. Uniquement la tradition pure entre l’acoustique et l’homme… Une belle expérience qui arrive comme un interlude séparant le disque en deux et qui permet de repartir de plus belle avec « Collision », morceau plus violent que ce que l’on a eu l’occasion d’entendre jusque-là. Un autre interlude retentira, cette fois-ci dans une dimension plus moderne avec par exemple des samples, à la fin de ce morceau.
Tous ces exemples prouvent bel et bien une chose : MoM sait composer, sait interpréter et sait s’approprier la musique, les genres.

Même si je ne suis toujours pas un énorme fan de Prog, j’ai définitivement ouvert mon oreille à ces sonorités. Cela m’a donc permis de pleinement profiter de la musique de MOTHER OF MILLIONS, et d’analyser plus en détail les compositions des Grecs qui sont d’ailleurs pleines d’influences, emplies de complexité. La masse de travail se ressent d’ailleurs énormément dans les nappes, les empilements de notes, les orchestrations des différents acteurs.
« Sigma » est donc un album réussi qui prouvera aux gérants de ViciSolum qu’ils n’ont pas fait d’erreurs en les signant. Et pour nous, les consommateurs, encore un album que l’on retrouvera sûrement au pied du sapin tant il est abouti !