Malgré une existence récente, car formée en septembre 2016, la formation lorraine jouit d'une certaine expérience. En effet ses musiciens sont grandement expérimentés et n'en sont pas à leur coup d’essai : Julien Skorka (basse : Elvaron / Louka) et Matthieu Morand (guitare : Elvaron / La Horde / Akroma / Louka) se connaissent pour avoir jouer ensemble dans des précédentes formations et pour avoir enregistré ensemble.
Entreprenant de se lancer dans une nouvelle aventure musicale, de proposer des morceaux percutants, calibrés pour la scène, ils s'associent avec Romu Carre (batterie : Redline / Echoes / Ghord) et Benoît Guillot (chant : Redline / Echoes). Se rendant compte que la quatuor est sur la même longueur d'ondes, ils décident de renforcer les guitares en intégrant Claude Colmars (Forsaken World / Deadmen).

Tirant leurs influences des anciennes fêtes foraines, ils bâtissent douze compositions évoluant autour de ce contexte, invitant l'auditeur à entrer dans l'ambiance et de s'imaginer les différents stands, les différents acteurs ou acrobates.

L'audace est d'actualité, les musiciens ne renoncent devant rien, allant utiliser des chorus issus du cirque dans sa musique. Cela fonctionne sans embûches, cela apporte une certaine dose de fougue et d'originalité dans une atmosphère qui est plus en phase avec des influences telles que Slipknot, Machine Head que WASP et son "Electric Circus". Les titres déboulent avec une certaine énergie, une certaine rythmique punchy et appuyées. Le groove est de sortie et s'adapte au concept de la fête, les morceaux détonnent comme les pétards, les tirs à la carabine mais ils sont agités comme peuvent l'être les lampions, les guirlandes électriques. L'ensemble est précis, dans cette humeur fun, les musiciens assurent le job sans failles, sans être pris en défaut, conjuguant les divers changements de tempi avec maîtrise. Les soli ne sont pas en reste et mettent en avant une certaine connaissance de l'instrument, une certaine connaissance du rock en règle général et de ses phrasés.

Tout semble parfait, mais la production ne met pas à l'avance les lignes vocales. Les parties rageuses, hurlées ne sont pas restituées à leur juste valeur et mettent en quelque sorte Benoit Guillot dans une mauvaise posture. Ce dernier est mieux exposé sur les parties posées et claires. Il n'empêche que le quintette maîtrise bien son élément et distille une musique remplie de liesse et de promesses.

"(Fun)fair" n'est pas un mauvais album, il apporte une certaine fraîcheur, une certaine forme du plaisir et d'humour. Dans ce monde un peu malade, il sait trouver sa place. Mais il se positionne, de par ses forces et malgré sa faiblesse de production, parmi les albums prometteurs de cette première entame d'année. Il arrivera à combler les fans du metal traditionnel façon 80's mais aussi les plus fougueux et groovy issus du metal alternatif.