AMORPHIS est de retour. On ne peut toutefois pas dire que son absence ait été très longue puisque son dernier opus date de 2015, « Under The Red Cloud ». Le groupe sort ses albums avec régularité depuis 1992 et même si sa carrière n'est pas la plus explosive du monde du metal, ce groupe garde sa ligne avec honnêteté et fermeté. Rien ne semble l'arrêter ou le faire dévier et c'est ce qu'on aime chez AMORPHIS. On note aussi le retour à la basse de Oli-Pekka LAINE qui avait déjà fait un passage dans le groupe de sa fondation en 1990 à 2000.

Pour ce treizième album studio, AMORPHIS nous ravit avec une production impeccable comme à son habitude. C'est clair, puissant et costaud comme rarement. Si les groupes progressent, il en va de même pour les ingénieurs du son. Alors on peut le dire, ce nouvel album est de ce point de vue là encore meilleur que les précédents.

On attaque très fort cette écoute avec « The Bee ». C'est un nouveau classique que le groupe signe ici. Rien de bien nouveau me direz vous. En fait, il s'agit bien d'un groupe que l'on aime ou que l'on n'aime pas. Mais c'est puissant quoiqu'il arrive et de qualité. Les chants clairs et les chants gutturaux se mélangent une nouvelle fois à merveille et cela donne de très bonnes choses comme sur « Message In The Amber ». On note aussi toujours de très bonnes mélodies posées sur des rythmiques implacables avec comme exemple le très profond « Daughter Of Hate ». AMORPHIS fait partie de ces groupes qui a su avec le temps allier la force de son passé plus extrême et la recherche de nouveauté. Il y a assez peu de groupe qui intègre un saxophone d'une manière aussi naturelle. Et pour autant le groupe n'oublie en aucun son côté metal mais ça, il ne faut pas longtemps pour s'en rendre compte. AMORPHIS sait se faire épique, heavy, lourd, posé, extrême, symphonique... Il y a peu de groupes en mesure de proposer des albums aux influences aussi multiples tout en gardant une direction claire. Certaines parties de « The Golden Elk » pourraient même figurer sur un album de ORPHANED LAND. Et pourtant la logique est respectée. Il ne s'agit en aucun cas d'un patchwork. Il y a là un propos et une ligne très bien respectés. AMORPHIS signe des morceaux très aboutis tels que « Wrong direction », « Heart of Giant » et en fait la globalité de ce disque. Il y a quelque chose de très fort dans ce disque qui transpire dans chaque riff, chaque arrangement. Et pourtant tout cela semble s'être fait d'une manière très naturelle sans que le groupe ne donne l'impression d'avoir outrepassé ses limites. Il n'y a qu'à se pencher sur « Grain of Sand » ou « Pyres On The Coast » pour se rendre compte de toute l'étendue des qualités de ce groupe. Et puis on ne boude pas notre plaisir à retrouver Anneke VAN GIERSBERGEN en invité sur « Amongst Stars » qui quoiqu'elle fasse nous colle toujours autant de frissons.

AMORPHIS est à mon avis un groupe un peu à part sur la scène metal. Il suit un chemin personnel mais ce chemin les amène vers des horizons radieux. Les albums sont aussi bons les uns que les autres et ce nouveau « Queen Of Time » est une nouvelle fois un album impressionnant de part ses qualités et sa maîtrise.