SIRENIA est de retour pour un neuvième album, «Arcane Astral Aeons ». Le groupe norvégien évolue dans un style de metal symphonique depuis 2001. La vague a été à l'époque assez foudroyante. Cela ressemblait à un compromis entre le metal extrême et le gothique. Le plus souvent, ce sont des chanteuses qui occupaient le devant de la scène. Et cela avait quelque chose de plutôt rafraîchissant dans un milieu relativement chargé en testostérone. Plus d'une quinzaine d'années sont passées et l'on retrouve toujours de grands noms sur cette scène cassant ainsi ce qu'on aurait pu qualifier de phénomène de mode.

Nous voici donc en présence de ce nouvel album une nouvelle fois très bien produit. Nous sommes face à un style qui aime les arrangements très travaillés comme en témoigne par exemple le morceau « Into The Night ». Il faut à la fois mixer un fond metal avec des claviers et des chœurs. L'équilibre du mixage de cet album est impeccable. La puissance est au rendez-vous, tout autant que la finesse.

On ouvre avec « In Styx Embrace » lancé sur un tempo assez rapide. Les riffs guitares ne manquent pas de puissance. Les orchestrations viennent donner une ampleur magistrale à l'ensemble. Et on n'oublie pas quelques parties blastées, de quoi vous mettre dans une ambiance très travaillée. « Into The Night » lui fait suite avec énergie et toujours cette façon très aboutie d'arranger les choses afin de les rendre magistrales. A quatre, ces musiciens font le travail d'un orchestre complet mais tout en gardant un aspect dépouillé lorsqu'il le faut. C'est notamment ce qui ressort sur certaines parties de « Love Like Cyanide ». C'est ponctuel mais bien présent. Il faut bien apporter de l'air aux morceaux et SIRENIA manie très bien les changements, passant même à certains moment au black metal avec une certaine dextérité. On ralentit quelque peu le tempo avec « Desire » et ses quelques paroles en français. On note d'ailleurs un certain attrait pour les choses dites romantiques. C'est peut-être notre langue qui leur a inspiré ces paroles. L'anglais est plus adapté, semblerait il, aux parties metal à proprement parlé. On poursuit avec « Asphyxia » qui se fait un peu plus expérimental dans la mesure où la fluidité est cassée par quelques parties plus saccadées sans perdre toutefois l'esprit du groupe ou du metal symphonique. Les ambiances sont travaillées d'une autre manière, un peu plus épurées. « Queens Of Lies » se fait quant à lui clairement une bonne illustration de ce qu'est le metal symphonique à proprement parlé. On pourrait parler d'une alliance entre le metal extrême et la symphonie représentée par le chant de Emmanuelle ZOLDAN. Ce titre est une très belle illustration de ce principe. Autres titres en français, « Nos Heures Sombres » un peu plus orienté vers les aspects pop du style. On garde une énergie similaire avec « The Voyage » et « Aerodyne » avant un retour en force avec « The Twilight Hour ». On conclue enfin avec « Glowing Embers ». Une très belle façon de boucler la boucle avec une bonne dose de metal épique à souhait.

SIRENIA fait un retour sur album avec un certain talent. La puissance est là et elle est due à un travail poussé, surtout au niveau des orchestrations. Un album à écouter dans le détail donc.