Il y a des gars comme ça qui ne savent pas s'arrêter de produire des choses. C'est bien le cas de Reuno. Alors que LOFOFORA est sur les routes afin de défendre la version augmentée de « Vanités » et qu'on a pu voir son chanteur, entre autres, s'amuser sur le net dans BANJO METAL NATION pendant le confinement, Reuno est de retour avec MUDWEISER. Il aura tout de même fallu quatre années avant que MUDWEISER ne revienne sur le devant de la scène. Mais comme ses deux dernières années ont été particulières pour tout le monde, on suit le rythme. Le quatuor de Montpellier est donc de retour avec son nouvel album, « The Call ».

MUDWEISER est dans la tradition des groupes crasseux de rock stoner. Il fallait donc une production à la hauteur afin de rendre ce son si particulier, naturel et costaud à la fois. La résultat est là et si vous n'entendez pas la basse, allez donc prendre rendez-vous chez votre opticien, il paraît qu'il s'occupe aussi de vos oreilles maintenant. En tout cas le résultat est bien là, gras et distordu à souhait, tout comme on aime. Il faut dire que le producteur Cyrille GACHET a un certain savoir faire avec quelques noms sur son CV tels que MONARCH ou VERDUN.

MUDWEISER nous propose 8 titres pour une durée totale de 35 minutes. C'est un peu concis mais on compense par une bonne intensité. On est sur style relativement lourd vous l'aurez compris et vous ne serez pas surpris d'avoir un résultat plutôt compact qui ne vous lâche pas. Reuno a beau amener pas mal de mélodie par son chant, l'ensemble n'en demeure pas moins intense. Si avec ça vous n'avez pas compris que cet album est fait pour vous muscler les cervicales, c'est que vous n'avez pas compris les bases du stoner. Mais bon, vous pourrez vous rattraper dès les premiers riffs de « Invitation ». Le son gras allié à cette bonne énergie rock n' roll pose les bases de la formule. On précise aussi que les textes sont en anglais. C'est intéressant de mon point de vue car je trouve que Reuno est l'un des rares à chanter en français sans que cela sonne « franchouillard ». Du coup, l'entendre chanter dans la langue des WINSDOR semble tout à fait naturel. Cela va aussi avec le style bien que je me dise que cela aurait pu être en français ici que cela ne m'aurait pas déranger. Tout est une question de rythmique et de choix des mots et comme il maîtrise ces aspects là, ça aurait pu fonctionner. Mais restons en à ce qui est et laissons de côté ce qui aurait pu être pour nous concentrer sur ces excellents titres. On passe évidemment par « High Again » qui nous renvoie aux racines du metal avec des inspirations très BLACK SABBATH. Et oui, on ne peut pas parler de ce style sans évoquer un moment ou à un autre BLACK SABBATH. Ça fait 56 ans que ce groupe a débuté mais son influence est toujours là. Quelle que soit la génération, cette façon de poser ses riffs est toujours aussi présente et continue de faire tache d'huile. Bien sûr, il y a d'autres influences sur cet album mais je trouve que celle-ci est toujours aussi pertinente. On compte aussi sur « Blasted Forever » qui se fait plus rapide, un poil plus punk mais surtout très efficace. Et lorsqu'il s'agit de se poser, on compte sur « Sister Mary ». Ne mélanger pas « se poser » avec « MUDWEISER a écrit une ballade ». Non, c'est juste un morceau plus lent sur lequel la mélodie prend un peu plus d'ampleur avec un petit côté crooner dans la chant. De la même trempe on a aussi « Daughters » avant de remonter le tempo avec « Reckless Dream » et de sympathiser à nouveau avec le côté plus punk du groupe. On revient aux racines du stoner avec « The Hunt » avant de conclure en beauté avec « Sad Man ».

MUDWEISER nous balance un album bien trempé duquel se dégage une très bonne unité. Certes, on est toujours tenté de parler de Reuno pour sa stature au sein de la scène rock/metal française mais c'est bien d'un groupe dont il s'agit. Le quatuor fonctionne à l'unisson sur ce disque et ce qu'il a à nous proposer est d'une grande qualité avec une belle expérience à son actif qui se ressent indiscutablement sur ce nouvel opus. Et tôt ou tard, il faudra bien vous le procurer.