Il aura fallu attendre 10 ans pour que le quatuor parisien sorte son premier album. ANNA SAGE n'en est pas pour autant à son coup d'essai. En effet, le combo nous avait proposé en 2014 un premier EP, « The Fourth Wall » et en 2018 un second « Downward Motion ». C'est sous la houlette de Francis CASTE (BUKOWSKI, KICKBACK, HANGMAN'S CHAIR...) que ce nouvel opus a été enregistré et disponible chez KLONOSPHERE.

Comme toujours avec Francis CASTE la production est impeccable et répond aux attentes du style. C'est de gros son dont on parle et pour le hardcore chaotique de ANNA SAGE on peut parler d'une production totalement appropriée. Les sons clairs comme les sons saturés se mélangent et se succèdent avec aisance. On a pour résultat un album impeccable d'un grand professionnalisme.

Il ne fallait pas moins d'une production impeccable pour cet album. En effet le style de ANNA SAGE se situe quelque part entre la hardcore, le postcore et le hardcore chaotique. On pense à des références telles que CONVERGE ou THE DILLINGER ESCAPE PLAN. « The Holy Mice » vous met d'ailleurs d'entrée de jeu dans le bain. Après une rapide introduction sonore, les riffs se déchaînent. On (re)découvre un Pierre SMITH à la batterie des plus inspirés. Les patterns sont complexes mais forcément en lien avec des riffs eux aussi inspirés, rapides et pas des plus évidents. L'ensemble fonctionne comme une bonne déferlante. L'enchaînement se fait très vite avec des morceaux tels que « Sinner Ablaze » et « The Deadly Mess Of A Dying Dead ». ANNA SAGE ne lâche absolument rien et il faut attendre « Loveless » pour commencer à trouver un peu d'air et des tempi un peu moins soutenus. On reconnaît tout de même une façon de composer et d'arranger d'une très grande qualité chez ce groupe qui n'a décidément pas la tête à faire des compromis, même sur des morceaux un peu poil moins énervés comme « V ». Le chaos est toujours présents même sur un tempo ralenti. On appuie sur l'accélérateur avec des titres tels que « Hostile Cage » et « Lost In A Frame » mais encore « Double Bind ». « Walls Of Hate » vient une nouvelle fois calmer le jeu mais relève plus du chant d'une lente agonie que de la ballades des années 80 avant une petite bouffée d'air avec « Silence ». La conclusion se fait avec « ...The Serpents » dans un rythme soutenu mais pas aussi rapide que celui de la majorité des titres de ce disque, du moins sur un partie du titre. Il faut dire que les contrastes proposés dans ce morceau sont franchement bien sentis.

ANNA SAGE nous livre un album prenant et pour le moins dynamique. Le groupe maîtrise son propos en organisant comme rarement un chaos musical avec une très grande finesse.