Il y a des groupes que l'on apprécie de retrouver et qui vous procure même une certaine excitation lorsque l'on a enfin l'occasion d'écouter et de chroniquer leur nouvel effort. Pour moi, c'est le cas avec ce nouvel album des norvégiens de ENSLAVED. Il s'en est passé des choses dans ce groupe depuis 1991, passant du black metal, du viking metal et maintenant à une forme de progressive black metal. Le groupe est aujourd'hui de retour avec un nouvel album à la pochette sublime, « Heimdal ».

Lorsqu'un groupe tel que celui-ci passe par un studio, c'est pour rendre le meilleur de lui même. Cela se retranscrit à tous les niveaux et bien évidemment au niveau de la production. Terminée depuis longtemps les sonorités underground. ENSLAVED a ses habitudes et son travail en studio, en termes de production est tout simplement impeccable, une nouvelle fois.

Dans la version commune de l'album, ENSLAVED nous propose une série de 7 titres tous aussi imposants les uns que les autres. Le groupe développe son univers musical sur la durée mais vous l'aurez compris en lisant la mention « Progressive Black Metal » qui caractérise désormais le groupe. On rentre dans ce voyage musical avec « Behind The Mirror ». Après son introduction, ENSLAVED se lance dans un morceau épique. On mélange une nouvelle fois chants clairs et chants black. Le combo utilise cette formule depuis des années et cela fonctionne toujours aussi bien. D'ailleurs, il faut vraiment tendre l'oreille pour trouver une réelle différence entre le chant de Hakon Vinje et de celui de son prédécesseur, Herbrand Larsen. La succession s'est passée sans heurts et c'est une belle réussite à niveau là. Niveau compositions, le groupe continue sa percée. Celui qui prendrait la caravane en route et qui n'aurait pas écouté le groupe depuis longtemps pourrait être surpris par un morceau tel que « Congelia ». Si le black metal est encore présent, le travail des rythmique est lui plutôt singulier. ENSALVED repousse ses limites et celle du style dans son entier. « Forest Dweller » apporte son lot de passages aérés qui côtoient des parties nettement plus énervées et des synthés marqués par les 70's. ENSLAVED réussit des mélanges osés qui ne manquent pas d'intérêt. Là encore on repousse les limites sans dénaturer son style. Il s'agit bien d'une prouesse et le témoignage d'un génie créatif. On n'en attendait pas moins d'un groupe qui pour son seizième album continue d’innover. On passe aussi par l'excellent « Kingdom » et ses riffs entêtants et son énergie communicative. Ce titre plus court que les autres n'en demeure pas moins novateur et explore encore de nouveaux sentiers. On compte aussi le singulier « The Eternal Sea » qui vous transportera sans conteste à travers une structure toute en progression. On retrouve « Cravans To The Outyer Worlds » que l'on avait déjà pu découvrir sur l'EP du même nom avant de conclure avec l'imposant « Heimdal ». Tout au long de cet album les musiciens n'ont eu de cesse de repousser leurs limites créatives. On atteint un point d'orgue avec ce morceau de clôture. ENSLAVED n'hésite pas à aller au plus minimaliste pour revenir à des riffs ou black metal et rock se mélangent sans complexe. Une très bonne manière de conclure cette excellente série.

Les norvégiens ont une nouvelle fois prouvé qu'il n'y avait pas de limites dans la créativité. ENSLAVED a toujours été un peu à part et a navigué en suivant sa propre voix. Plus de 30 ans après sa formation, le groupe nous prouve qu'il a toujours de nouvelles choses à apporter à sa musique et que rien ne l'empêchera d'être lui même. Il le fait avec brio sans tomber dans l'expérimentation hasardeuse. Un excellent album pour attaquer ce début d'année.