CHRONIQUES ALBUMS

Il y a des histoires, comme celle du groupe ALEISTER, qui méritent d'être racontées. Celle-ci commence en 1988, lorsque le groupe se forme et enregistre sa première démo, « Tape: Annihilation », puis une seconde en 1989, « Schizophrenia ». Il est alors repéré par le label JUNGLE HOP et se voit offrir une place de choix sur la compilation « Total Virulence », regroupant les pointures de la scène metal française de l'époque. Laurent laisse alors sa place de bassiste à Didier et le groupe se met à tourner aux côtés de LOUDBLAST, MASSACRA et MERCYLESS. En 1992, ALEISTER signe avec le label allemand KRYPTA RECORDS et enregistre à Hambourg son premier album, « Tribal Tech », aux sonorités techno thrash. Philippe DUVAL, alors guitariste, quitte le combo qui poursuit sous la forme d'un trio. On les retrouve cette fois en concert aux côtés de TREPONEM PAL, PRO PAIN, PARADISE LOST et MERAUDER. En 1995, retour en studio afin d'enregistrer un nouveau titre, « Bastard ». Cette même année, le groupe est invité à se produire aux Eurockéennes de Belfort et devient alors le premier groupe de thrash metal à s'y produire. Lors de la glorieuse année 1996 pour la plupart des groupes de thrash, ALEISTER retourne en studio afin de travailler sur son deuxième album. Malheureusement, celui-ci ne verra jamais le jour et le groupe se sépare en 1997.

En 2018, Sam GUILLERAND et Jérémie GRIMA font paraître l'ouvrage « Enjoy The Violence » ou l'histoire orale des origines de la scène Thrash/Death en France. Ils y rendent hommage à ALEISTER. Touché par cette attention, le groupe organise un vernissage afin de remercier les auteurs. Le groupe joue alors quelques titres de son ancien répertoire. On imagine alors le plaisir qu'ont dû prendre les musiciens, puisqu'ils décident de reformer leur groupe 25 années plus tard. Le groupe retourne alors en studio en 2019 afin d'enregistrer enfin un deuxième album, « No Way Out », 7 titres tournés évidemment vers le Thrash Old School ». Un quatrième membre rejoint la formation en 2021, Valentin à la guitare.

ALEISTER sort aujourd'hui son troisième album, « Nightmare », chez M1O Music qu'il a rejoint en 2019.

Rien que pour cette histoire, il faut jeter une oreille sur cet album, mais pas seulement. En effet, ALEISTER nous revient d'ores et déjà avec une production à toute épreuve. On retrouve l'esprit des années 80/90 avec une réactualisation qui fait du bien aux oreilles. On est à cheval entre l'esprit underground de l'époque et la puissance que les productions actuelles permettent. Le résultat est convaincant, et il n'en fallait pas moins pour ce nouvel opus.

Niveau compositions, le groupe s'inscrit dans la tradition de ce qui se faisait de mieux. Les plus nostalgiques vont se régaler. Les meilleurs ingrédients sont réunis : la puissance des riffs, la rapidité et l'énergie incomparable de ce style. ALEISTER invente la machine à voyager dans le temps et on se laisse très vite prendre par ces morceaux réglés pour vos cervicales. Que l'on soit fan de SLAYER ou de SEPULTURA, on retrouve cette énergie qui a habité leurs morceaux. Cela ne donne certes pas de grande nouveauté, mais cela nous remet dans cet état d'esprit particulier. À l'heure où beaucoup de groupes ont évolué, il est bon de retrouver des morceaux comme « Prepare Your Soul For War », « The Game », « Don't Let Me Down » ou encore « The Reason For My Anger ».

Si le combo a su s'imposer à l'époque, on leur souhaite de retrouver le même chemin qui les a menés à traverser deux décennies. Il y a certes beaucoup à refaire, mais la base est là, et la base, c'est de la bonne musique bien faite. Cet album résulte d'un travail bien mené.