Un groupe a du mal à garder une formation stable pendant 30 ans. C'est peut-être le cas chez RAMMSTEIN, mais ils semblent être presque les seuls à maintenir leur effectif sur une période aussi longue. Chez IMMORTAL, les choses ont été un peu différentes depuis 2015. Abbath n'est plus dans le groupe depuis cette année-là et il n'y a pas d'anciens batteurs et bassistes. On ne s'attendait pas nécessairement au départ de Horgh de son poste de batteur en 2022, mais cela s'est finalement produit. Il ne reste plus que Demonaz, qui est revenu à son poste de guitariste/chanteur en 2015, qu'il avait laissé à Abbath depuis 1997. Demonaz était toujours présent en tant que parolier, mais il était moins présent sur le devant de la scène, malgré la sortie d'un album solo en 2011, intitulé « March Of The Norse ». Son retour en tant que leader d'IMMORTAL s'est fait avec fracas en 2015, avec un album remarquable en 2018, « Northern Chaos Gods ». Aujourd'hui, IMMORTAL sort son dixième album studio, « War Against All », un album qui devrait une nouvelle fois marquer les esprits.

Pour ce nouvel album, Demonaz est retourné au Conclave & Earshot Studio à Bergen. La formule avait plutôt bien fonctionné sur le précédent opus, et lorsqu'on se sent à l'aise, autant remettre le couvert avec des personnes qualifiées. IMMORTAL conserve ses sonorités particulières. Même si Peter TAGTGREN n'est plus aux commandes de la production, on retrouve cet esprit à la fois puissant et froid qui a fait la renommée du groupe.

« War Against All » ouvre cet album sur un tempo rapide. On retrouve l'esprit typique du groupe. Ice Dale (ENSLAVED/AUDREY HORNE) et Kevin KVALE (GAAHIS WYRD) apportent leur soutien à la basse et à la batterie. Le résultat de cette introduction est un morceau rapide et brutal qui confirme une fois de plus le statut du groupe en tant que pionnier de son genre. On n'oublie pas, bien sûr, les mélodies caractéristiques de Demonaz, qui donnent une identité tout à fait reconnaissable à leur musique. « Thunder Of Darkness » lui succède dans un esprit similaire. C'est à nouveau un morceau rapide qui vous attend, mais cette fois-ci avec une pause à la manière d'IMMORTAL, comme on les aime. Depuis l'album « At the Heart Of Winter » en 1999, Abbath et Demonaz ont su incorporer des éléments plus heavy, qui ont apporté une nouvelle dimension au groupe et une véritable puissance. Demonaz continue de développer ces aspects-là, et je suppose que sans ces éléments, le groupe aurait une identité bien différente. D'ailleurs, « Wargod » en est une belle preuve. On retrouve l'esprit de « Tyrants », issu de « Sons Of Northern Darkness ». IMMORTAL sait s'imposer et le fait très bien avec des morceaux rapides, mais encore mieux avec ces morceaux plus lents. En voici un nouvel exemple réussi. « No Sun » lui succède en offrant un contraste en utilisant ses facettes lourdes et rapides. On compte également sur l'excellent « Return To Cold » pour faire bouger nos cervicales avant de passer à l'instrumental « Nordlandhir ». Il me semble qu'il s'agit d'une première pour le groupe. Demonaz nous livre une composition haute en couleur et particulièrement bien arrangée. Les aspects les plus épiques du groupe y sont développés avec méthode et talent. Pour un morceau de plus de 7 minutes, il ne fallait pas se rater, mais croyez-moi, vous ne verrez pas le temps passer. On poursuit avec un morceau plus classique, « Immortal », avant de clôturer cet album avec une nouvelle pièce remarquable, « Blashyrkh My Throne », dans la pure tradition des grands morceaux du groupe.

Ce nouvel album d'IMMORTAL n'est pas vraiment une grande surprise. Peut-être même que certains seront déçus de ne pas y trouver de grandes innovations. Je pense au contraire que ce groupe a su conserver son identité malgré les années et les obstacles sur sa route. Je trouve juste un peu dommage que nous ne les voyions plus sur scène. Ces titres méritent largement leur place en concert. IMMORTAL est une pierre angulaire de l'histoire du metal, et cet album le prouve une nouvelle fois.