Vingtième album ! Peu de groupes de heavy, speed et thrash metal ayant débuté au début des années 80 peuvent se vanter d'avoir perduré tout au long de ces décennies jusqu'à aujourd'hui. Il en reste quelques-uns, des survivants, des courageux, des talentueux, des musiciens passionnés qui avancent envers et contre tout, essuyant diverses critiques ou adoubements sans limites. Les plus connus sont bien sûr Metallica, Anthrax, Slayer, Iron Maiden, Accept, Testament, Judas Priest, Megadeth, Helloween...

Overkill est de ceux-ci, injustement moins connus et un peu restés dans l'ombre de leurs compères, car ils sont musicalement aussi intéressants que la plupart des résistants de l'époque. Le groupe est toujours dirigé de main de maître par les deux membres originels, Carlos DD Verni à la basse et le chanteur Bobby "Blitz" Ellsworth, dont l'organe vocal n'est pas sans rappeler l'âge d'or de l'ancien frontman d'Accept, Udo Dirkschneider.

Je me rappelle avoir usé les sillons des quatre premiers albums du groupe lorsque j'étais jeune ado, "Feel the Fire", "Taking Over", "Under the Influence" et "The Years of Decay", superbes de nouveauté et munis d'une production d'une qualité rare pour l'époque. Puis, je me suis dirigé vers le metal progressif, symphonique et j'ai totalement abandonné le thrash et le speed, n'y trouvant finalement plus mon compte.

Aujourd'hui, je redécouvre ce groupe qui m'a tant ému, et force est de constater qu'ils restent fidèles à leur style d'origine, même si leur musique est ornée de nombreux détails modernes et évolutifs. Bobby a toujours la même hargne vocale à plus de soixante ans, éraillée et aiguë à souhait, et tout en conservant la patte old school de leurs débuts, les musiciens ont su évoluer dans les rythmiques, les riffs, les refrains, les harmonies et les compositions, qui sont somme toute assez fédératrices, ce qui n'était pas spécialement le cas en 1985-1986.

"Scorched" est donc un très bon album de thrash constitué de dix titres en béton armé, comme on n'en fait plus beaucoup, et c'est peut-être pour cela qu'ils restent dans la course. Sans renier leurs origines, ils continuent à avancer fièrement dans le monde du metal, parmi toutes ses fioritures et ses styles divers. Ce vingtième album aurait pu sonner le glas pour les Américains, mais au contraire, il leur promet encore de belles années devant eux ! Sorti en même temps que le dernier album de Metallica, "72 Seasons", ce disque n'a pas à rougir devant celui de la bande à Hetfield. L'intérêt et l'attrait sont aussi vifs pour l'un comme pour l'autre.