Tout droit venu de Clermont-Ferrand, c’est avec une fougue exubérante, dans le meilleur sens du terme, que Ravage (prononcé en français) débarque avec son tout premier album : l’explosif « Uncanny Valley » ! Embrassant et combinant dans une synthèse méticuleusement conçue le hard rock des Guns n’Roses et le heavy d’Iron Maiden, leurs deux influences principales, Ravage réalise avec ce premier effort une entrée remarquable sur la scène rock française.

Le disque s’ouvre sur « Ground Zero », une introduction lente et chargée d’intensité, qui plonge sans détour l’auditeur dans le chaos et la détresse du « point zéro » (l’épicentre d’un cataclysme) et introduit l’univers dystopique de l’album, façonné par les inspirations littéraires et philosophiques du groupe : « Uncanny Valley », en français la théorie de la « Vallée de l’étrange » ; ou encore le roman de science-fiction « Ravage » de l’écrivain René Barjavel. Le calme dans la tourmente, qui permet à la tornade « Hurry » de saisir l’auditeur dès que se mettent à résonner les premiers riffs de guitare ! Un morceau rapide et électrisant avec une vibe rock n’roll qui sent bon les 80’s ! Le ton est donné alors que les arpèges de la douce introduction de « The Crown » calment un peu le jeu… avant de repartir de plus belle ! La chanson, malgré ses plus de neuf minutes dont près de la moitié d’un pont instrumental qui donne libre cours aux guitares pour s’exprimer, et elles le font bien, ne souffre aucunement de sa longueur et le groupe parvient à maintenir le rythme sans faiblir en gérant habilement les diverses variations de tempo. On ressent dans ce titre le mélange d’influences de Ravage, qui combine un hard rock survolté avec un heavy typiquement « Maidennesque ».

La structure de l’album est bien pensée et aide à tenir l’auditeur accroché malgré une majorité de morceaux plutôt longs, à l’instar du single « Iron Dance » (la toute première composition du groupe !) et ses plus de huit minutes. Un titre de heavy metal pur et dur là encore très inspiré de Maiden, dont le côté sombre et épique, ainsi que le thème, ne sont pas sans évoquer l’album « A Matter of Life and Death » de la Vierge de fer. La chanson est par ailleurs un hommage « à la mémoire de ceux qui sont tombés lors des deux Guerres Mondiales », comme indiqué par le groupe. « Uncanny Valley », au milieu de l’ardeur qui le caractérise, nous offre également un moment de douceur avec la poignante ballade « Man of Steel », avant-dernier titre du disque, avant de conclure avec la galopante « Fighting Spirit » ; un régal !

Avec près d’une heure de musique répartie en neuf titres, « Uncanny Valley » est une très belle démonstration. L’album, enregistré et mixé au studio « Bravau Records », est d’une qualité remarquable pour un premier disque, autoproduit de surcroît, et a de quoi séduire sans difficulté aussi bien les aficionados de rock énervé que les adeptes de longues chevauchées instrumentales façon Maiden. Avec cette première offrande, Ravage frappe un grand coup et s’annonce d’ores et déjà comme un groupe qu’il conviendra de suivre avec attention !