CHRONIQUES ALBUMS

Crée en juillet 2020 par Ariowiest, WUEDI est un one man band de pagan folk metal qui s’inspire directement de la culture germanique et plus particulièrement de celle issue de l’héritage des Allamans. AInsi, Ariowiest a patiemment construit son projet solo au travers de textes écrits et chantés en langue Allémanique. Après deux ans de travail acharné, l’homme a sorti fin mars 2022 son premier EP, intitulé Àlamànn qui se veut comme un vibrant hommage aux coutumes locales germaniques et à la musique folk traditionnelle alsacienne. Un projet audacieux s’il en est…

Mais comme le dit l’adage, l’enfer est pavé de bonnes intentions. Ainsi, si Àlamànn est pétri de bonnes intentions et fourmille de bonnes idées, notamment dans les ambiances et le côté viscéral de la musique composée et mise en avant par Ariowiest, force est de constater que l’ensemble est assez bancal. En effet, il est difficile de véritablement s’y retrouver dans cet EP malgré plusieurs écoutes attentives tant le musicien part dans tous les sens en proposant des morceaux de folk traditionnels (« Ariovist 58 v. Chr. », « Donarsül »), du black metal (« Rauhnächte ») et même des titres instrumentaux joués avec un seul accordéon (« Waldeck »). Bref, il y a à boire et à manger… mais trop !

Bien sûr, WUEDI propose pas mal de choses intéressantes dans un son univers très (trop ?) ouvert comme les nombreux passages acoustique, l’utilisation de l’accordéon ou le chant clair qui apporte un côté mystique à l’EP, mais l’ensemble manque parfois de fil directeur et certains titres tournent un peu en rond à l’instar de « Dr Grimlingweg » ou d’« Ariovist 58 v. Chr. » au travers desquels les suites d’accords un peu simplistes et les mélodies trop répétitives n’apportent pas un supplément d’âme salvateur. Malgré des compositions plutôt bien construites et une réelle volonté de bien faire, la sauce a du mal à prendre.

Qui plus est la production très crue et mal fagotée ne permet pas de rendre hommage au travail de composition d’Ariowiest dans la mesure où les instruments ne sont pas bien équilibrés et prennent parfois le pas les uns sur les autres (l’arrivée de l’accordéon sur « Rauhnächte » ou les claviers sur « S Rhiigold...(Üssem Lied vo da Nibelungen) » transforment les morceaux en bouillie sonore…). On ne peut pas blâmer l’artiste car tout a été réalisé en autoproduction et il n’est pas toujours facile d’avoir du recul sur son propre travail quand on a la tête dans le guidon, mais il faut bien avouer que la production et le mixage ne permet pas de sauver le reste.

En définitive, même si ce premier EP de WUEDI est trop foutraque pour véritablement attirer l’attention de l’auditeur, on sent qu’Ariowiest a mis du cœur à l’ouvrage pour réaliser ce disque. Espérons que le one man band canalise un peu plus sa créativité musicale et propose un fil directeur cohérent pour sa prochaine offrande. Le projet est intéressant, il serait dommage de ne pas le concrétiser pour de bon !