CHRONIQUES ALBUMS

AMALEKIM est une formation italo-polonaise comptant dans ses rangs Azghâl, bassiste qui s'est occupé du mix et mastering de ce dernier opus, Ktulak à la batterie, Atanor à la guitare, ainsi que le benjamin de la bande, Mróz, venant compléter le lineup d’une deuxième six-cordes et de ses propres cordes vocales. Aussi jeunes puissent-elles crier, le jeune homme pousse déjà le growl pour AMALEKIM depuis l’âge de 15 ans environ. Sa voix ultra saturée est démonstrative, projetant une onde accablante sur toutes les strates sonores qui viendront se superposer à ce timbre.

La production plus amateuriste de « HVHI » m’avait malgré tout interpellé en 2021. Le second album en date était quant à lui plus mélodique et aux accents très prononcés vers ce que peuvent produire les Américains de Uada, par exemple.
Troisième album et second pour l’écurie d’Avant-Garde Music, AMALEKIM nous revient donc avec « Shir Hashirim » ou le Cantique des cantiques, œuvre poétique issue de la Bible racontant des récits d’esthètes et ciblés sur l’amour physique des deux sexes. Chaque titre prend la forme d’un « chant » hébraïque, chaque verset de l’œuvre nous plonge ainsi dans l’histoire de la civilisation du Proche-Orient.
Dans le judaïsme, Amalek a une connotation sinistre. C'est l'ennemi archétypique d'Israël. L'exterminer est un devoir, et pourtant, il resurgit à chaque génération. S'il désigne à l'origine une peuplade spécifique, il prend au fil des siècles une signification plus symbolique, l’incarnation du mal absolu sur terre. Amalek reste vivant de nos jours, bien que sous une forme différente. Ce n'est plus une nation étrangère, puisqu’il semble être aujourd'hui un ennemi interne. L'Amalek intérieur est le cynisme impie.

Le style d’AMALEKIM parlera aux amateurs de Gaerea ou Behemoth pour les tonalités et les thèmes évoqués, mais saura tout aussi bien se retrancher dans une sonorité évolutive au fil de ses sorties, qui se différencient sensiblement dans le temps. Tel un bon vin, AMALEKIM s’affine et se pare d’une robe sombre et épaisse. Les arrangements sont envoyés avec précision et l’ordre instrumental se renforce par rapport aux œuvres précédentes.
Le Chant II, donnant son titre à l’album, nous propulse dans une spirale aux mouvements verticaux, agitant le leitmotiv du tremolo picking, exécution limpide et criante de vérité.
Des chants religieux pourront introduire certains titres, soulignant cet aspect pieux, au détriment d’une violence noire, seconde, mais tout autant véritable. À vrai dire, chaque introduction est soignée, ce qui aide amplement à entrer dans l’œuvre, chant après chant.
L’apothéose avec le huitième chant plonge dans une ambiance similaire à « In the Mouth of Madness » de The Great Old Ones. Une influence tout à fait pertinente lorsqu’on écoute les tonalités de guitares requises pour « Shir Hashirim ».

Le groupe ayant déjà ouvert pour Zeal And Ardor ou encore Hulder foule les planches sans cesse ces derniers temps, en quête de festivals aux affiches underground très accrocheuses.
« Shir Hashirim » paraît le 2 mai 2025 et s’ajoute à la liste des sorties les plus notables de chez Avant-Garde (Nortt, Scalpr, …).





Lineup :
Mróz : voix, guitare
Azghâl : basse, vocaux
Ktulak : batterie
Atanor : guitare, vocaux


Tracklist :
1. Chant I : Ra'al Zorem
2. Canto II : Shir Hashirim
3. Chant III : Mesharet HaShilton
4. Canto IV : Sodot HaYekum
5. Canto V : Tanur Nitzchi
6. Canto VI : Tisha Daltot
7. Canto VII : HaKa'as HaNachash
8. Chanson VIII : Mishteh Malkhuti