CHRONIQUES ALBUMS

Ouh que j’ai eu peur !!! Je le dis sans honte, j’ai tremblé en entendant les premières notes et les premiers cris de « Dans la gueule », j’ai failli tout arrêter et décliner la chronique. Je me suis senti agressé comme à chaque fois que je subis du rap à la radio ou ailleurs. Mais j’ai surmonté mon énervement et espéré que la suite fût meilleure, grand bien m’a pris !
 
Mélange malin de styles, Karvane fait dans l’hybride entre nu-metal, alternatif, rap et électro. Le trio haut-savoyard nous sert ce deuxième album sans fioriture « dans notre gueule » justement mais la qualité des compos et l’interprétation aux petits oignons ont effacé tous mes préjugés initiaux. Alors je me suis laissé aller et j’ai été pris au départ par le texte d’ « Ecchymose », excellent en tout point, et musicalement habillé entre ballade nu-metal et atmosphère aérienne.
 
Au fur et à mesure, le mix entre vocal rap et chant saturé ou hurlé de Diego me gêne de moins en moins et colle finalement bien aux morceaux, comme « Git gut scrub » où les textes sont intelligents, la basse et la batterie groovent de ouf en osmose et la guitare simpliste et saturée de Cristobal (responsable également de la basse) orne le tout de la meilleure des façons. Pas d’attitude provocatrice ni malsaine, parfois l’ajout de samples de cuivres ou de synthé moog apporte une vraie légèreté à des propos plutôt bruts mais bien pensés et déclamés. J’adore le jeu du batteur Didier, les loops et la production générale sont d’enfer pour un groupe de ce style, qu’on aurait pensé plus crade, plus « garage ».
 
Avec « No man’s land » et ses textes plein d’images accompagnés de cette basse groovy à souhait, ça me rappelle les tous premiers moments des Suicidal Tendencies en moins « foufou », de par l’alternance de ce chant lancinant et slammé. On a parfois une impression robotique comme dans « Shrapnel », d’où une petite influence Mass Hysteria bienvenue, l’on ne peut s’empêcher de taper du pied et bouger nos cervicales.
 
Je me suis surpris à kiffer cet album, à part le choc du premier morceau, j’ai vraiment adoré ce mélange des genres bourré de feeling et de créativité, tout en restant assez épuré. Il y a quelques années, j’aurais fui sans me retourner, comme quoi on évolue à tout âge ! A voir absolument en live, ça doit masser derrière la nuque cette affaire !